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Arnaud Montebourg veut constituer une "équipe de France" de l'hydrogène

Le ministre du Redressement productif veut structurer la filière française de l'hydrogène et des piles à combustible. Cette annonce fait suite à un rapport de l'Opecst proposant des solutions pour développer ce vecteur d'énergie.

Energie  |    |  R. Boughriet
Environnement & Technique N°334
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°334
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Lors d'un déplacement lundi 20 janvier dans le Tarn, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a promis une "feuille de route" pour structurer la filière française de l'hydrogène et des piles à combustible.

Le ministre était en visite au syndicat mixte départemental de valorisation des déchets Trifyl, basé à Labessière-Candeil dans le Tarn. Trifyl est présidé par Jean-Marc Pastor, sénateur du Tarn et coauteur, avec le député de Moselle Laurent Kalinowski, d'un rapport parlementaire (1) sur le potentiel des technologies à hydrogène comme "vecteur énergétique".

Ce rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) a été remis officiellement lundi au ministre. Il formule des recommandations pour soutenir une filière industrielle nationale et permettre à la France de rattraper son retard sur les leaders allemand et japonais.  Quels sont les enjeux ? Dans un contexte de transition énergétique du pays, l'hydrogène constitue un moyen de répondre à la problématique de stockage des énergies renouvelables intermittentes (éolien, solaire…), soulignent les parlementaires. Avec la maturation des technologies des piles à combustible miniaturisées, l'hydrogène peut être aussi utilisé comme prolongateur d'autonomie des batteries pour les véhicules électriques, pour alimenter les chariots élévateurs et téléphones portables ou doper le rendement des unités de cogénération. Son pouvoir calorifique lui permet également d'être utilisé directement comme combustible (véhicules, cogénération, injection dans le réseau gazier).

La France ne manque pas d'atouts dans ce domaine notamment au travers de nombreux brevets déposés sur des technologies telles que l'électrolyse ou la pile à combustible, rappelle l'Opecst. De grands acteurs industriels tels que Air Liquide et Total, les leaders mondiaux de l'hydrogène industriel, mais aussi GDF Suez, Helion (filiale d'Areva) ou encore Michelin se sont positionnés sur ce marché. La start-up McPhy Energy a également mis au point une solution de stockage d'hydrogène sous forme solide.

Des mesures pour développer l'hydrogène-énergie

Ce vecteur énergétique suscite l'intérêt croissant d'industriels pour sa capacité à transporter et stocker l'énergie à haute pression (350 ou 700 bars). Pourtant, les deux constructeurs automobiles nationaux (PSA et Renault) ne misent pas sur le marché du véhicule à pile à combustible contrairement aux constructeurs japonais Honda ou Toyota. "Tant que nous aurons une législation qui interdira d'avoir un réseau de bornes d'hydrogène, pourquoi voulez-vous que les constructeurs de voitures se lancent dans cette technologie ?", avait souligné en juin dernier M. Pastor, en présentant le rapport d'étape.

Pour booster la filière française, les parlementaires préconisent donc de modifier les règles qui encadrent les seuils de stockage de l'hydrogène. Ils appellent l'Etat à adapter la réglementation à celle liée à la gestion du gaz naturel comme en Allemagne et au Japon.

Autre préconisation : l'implication "très claire" de l'Etat. "Il faut une position politique du gouvernement, comme pour le nucléaire à l'époque, pour entraîner le déclic. Comme l'ont fait le Japon, la Corée et l'Allemagne en 2004. Nous avons les savoir-faire, il faut mettre en place un dispositif de coordination pour assurer le suivi, comme un comité national", a indiqué M. Pastor.

Pour développer de nouveaux marchés de l'hydrogène-énergie,les parlementaires recommandent également d'exonérer, durant une période transitoire, l'hydrogène de toute taxation, "à l'exception de celui produit à partir d'hydrocarbures".

Les rapporteurs proposent aussi d'élargir le système du "bonus écologique" aux véhicules utilitaires à pile à combustible consommant de l'hydrogène, dont "le seuil d'émission de CO2 est inférieur à 20 g/km, afin de ne pas alourdir la fiscalité des entreprises, ce bonus serait uniquement gagé par un aménagement du malus écologique sur les véhicules de tourisme".

Une nouvelle gouvernance décentralisée de l'énergie "est l'un des volets indispensables au développement de la filière locale", estiment-ils.

Vers la structuration d'une filière nationale

"La réglementation n'est pas la bonne, et nous devons vérifier le système des prix", a déclaré Arnaud Montebourg, en marge de sa visite dans le Tarn, selon Reuters. Le ministre a promis la création d'une société qui rassemblera les acteurs du secteur "pour qu'ils investissent ensemble".

Dans un communiqué publié mardi 21 janvier, M. Montebourg estime "que les marchés de l'hydrogène devraient générer en France un chiffre d'affaires de plusieurs milliards d'euros par an d'ici 10 à 15 ans, permettant la création de plus de 10.000 emplois".

Pour positionner la France "parmi les champions européens de l'hydrogène, il convient dès maintenant d'intégrer et de structurer complètement cette filière déjà forte de nombreux acteurs industriels d'envergure internationale", a affirmé le ministre.

M. Montebourg a rappelé que l'hydrogène figurait parmi les 34 plans industriels français présentés en septembre dernier. "Le travail mené par l'équipe projet du plan « autonomie et puissance des batteries », sous le pilotage de Florence Lambert du CEA (2) , a d'ores et déjà permis de poser les premiers jalons d'une réelle « Equipe de France » de l'hydrogène", a souligné le ministre.

Cette "union" des acteurs de la filière "permettra d'offrir une solution complète et différentiante sur le marché international, adaptée aux usages de marché complexes (aéronautique, maritime, logistique…)". Le développement de la filière hydrogène devra également s'appuyer sur la création d'infrastructures de soutien (stations de fourniture d'hydrogène), que le Programme Investissements d'Avenir "pourra soutenir", a ajouté M. Montebourg. La Lorraine a notamment lancé un vaste projet de « route de l'hydrogène » reliant la France à l'Allemagne et au Luxembourg.

1. Télécharger le rapport de l'Opecst
http://www.assemblee-nationale.fr/14/cr-oecst/rapport-hydrogene.pdf
2. Commissariat à l'énergie atomique

Réactions4 réactions à cet article

Pour développer de nouveaux marchés de l'hydrogène-énergie,les parlementaires recommandent également d'exonérer, durant une période transitoire, l'hydrogène de toute taxation, "à l'exception de celui produit à partir d'hydrocarbures".
Savez -vous comment est produit l'hydrogène à 99% (je ne sais pas exactement le ratio mais je suis sûr qu'on est beaucoup plus près du 10% que du 50%) dans le monde? A partir du gaz naturel (CH4) et pour cela on produit du CO2 (j'ai travaillé dessus). Pour aussi avoir participé à la recherche d'autres solutions, je sais aussi que toute autre solution consomme plus d'énergie que n'en produira l'hydrogène produite. D'un point de vue environnemental, on n'utilise l'hydrogène que lorsqu'on ne peut pas faire autrement (fusées, chimie,...).

Je sais aussi que cet aspect est méconnu, mais qu'on m'explique le gain environnemental.

zaravis | 23 janvier 2014 à 10h27 Signaler un contenu inapproprié

Voilà une excellente nouvelle.
Il ne reste plus qu'à développer des stations de production d'hydrogène par électrolyse de l'eau de mer (car la production par craquage d'hydrocarbures épuise aussi les ressources), avec des solutions de production d'électricité déjà bien avancées et qui ne demandent que des aides des pouvoirs publics pour être vivantes malgré les blocages systématiques des lobbies nucléaires et pétroliers.

Jean-Claude HERRENSCHMIDT | 23 janvier 2014 à 10h30 Signaler un contenu inapproprié

Oui, la production d'hydrogène se fait principalement par craquage de CH4.
Mais nous savons en faire autrement. Cela consomme bcp d'énergie mais cela peut être une solution très adéquate pour l'éolien en mer. Les pic de production servant à alimenter des usines d'électrolyses, stockant l'hydrogène pour les périodes creuses.

Mais surtout, l'hydrogène est particulièrement prometteur du fait de ses réserves naturelles insoupçonnées. Partout dans le monde il existe des sources naturelles et continu d'hydrogène.
La principale problématique est de trouver comment les exploiter (actuellement l'hydrogène file dans l'atmosphère).
En Russie les émanations d'hydrogène sont visibles par satellites... sur de grandes surfaces d'où un problème d'exploitation (nécessité d'une certaine concentration de l'H2)

Si l'exploitation est possible (ce qui est plus que probable) alors l'hydrogène sera l'énergie du siècle voir plus.
Car l'hydrogène est très bien répartie sur la planète, sa production naturel serait continue et son exploitation ne nécessiterait pas de forages profonds.
Sans compter l'absence de CO2 pour sa combustion.

Bref, c'est très prometteur, espérons que les industriels lui réserveront enfin un peu d’intérêt...

Terra | 23 janvier 2014 à 12h33 Signaler un contenu inapproprié

Comme le souligne Terra, l'usage de l'hydrogène comme carburant fait qu'il se combine avec l'oxygène pour donner de l'eau. Donc pas de CO2.
Idéal en principe dans toutes les situations, urbaines en particulier, où la pollution est un problème crucial.
Mais il est également vrai que pour récupérer de l'hydrogène, il faut beaucoup d'énergie. Ainsi, dépenser 1 Kwh d'énergie fossile pour en récupérer autant ou moins est stupide, car les énergies fossiles ne sont pas renouvelables. Par contre, si l'on utilise l'énergie solaire, abondante (pour longtemps - 3 milliards d'années ?) et gratuite, le jeu en vaut la chandelle à condition que les investissements de récupération, valorisés en unités d'énergie, ne soient pas d'un coût démesuré.
L'électrolyse est un moyen.
On peut aussi liquéfier de l'air qui contient de l'hydrogène (comme le dit zaravis) jusqu'à une température assez basse pour que l'hydrogène lui-même passe en phase liquide. Il ne reste plus qu'à distiller cette "soupe" pour séparer les différents composants dont l'hydrogène. Pour faire tout cela, là aussi, on a besoin de grosses quantités d'énergie gratuite et on retombe sur la source solaire.

Jean-Claude HERRENSCHMIDT | 23 janvier 2014 à 15h18 Signaler un contenu inapproprié

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