Le réseau Natura 2000, qui compte 27 522 sites en Europe, vise des espèces et des habitats identifiés sur le fondement des directives oiseaux et habitats. Mais il permet aussi de protéger des espèces non ciblées par ces textes. C'est ce que vient de démontrer une équipe internationale de chercheurs coordonnée par le European Topic Center on Biological Diversity, qui publie une étude dans la revue Conservation Biology.
Cette étude montre que la moitié des 155 espèces d'oiseaux suivis dans le cadre d'enquêtes de sciences participatives bénéficie de la protection des sites Natura 2000. Les sites forestiers ressortent comme les plus protecteurs. En revanche, les papillons, qui ont fait aussi l'objet de programmes de suivi, ne bénéficient pas autant de cette protection.
L'agriculture intensive, avec la simplification des milieux et l'utilisation massive de pesticides, est montrée du doigt. « Trente-huit pour cent des aires protégées sont des zones agricoles et des prairies fréquentées par les papillons. Or, ceux-ci n'y bénéficient pas d'une bonne protection. La politique agricole commune (PAC) n'a mis en place ni moyens ni plans de gestion pour soutenir les zones agricoles abritant pourtant une grande biodiversité », souligne Guy Pe'er, porteur du projet Lola BMS sur les papillons au sein du Centre de synthèse et d'analyse sur la biodiversité (Cesab). Un nouvel avertissement au moment où sont discutés la réforme de la PAC et les objectifs post-2020 en matière de biodiversité dans le cadre de la convention sur la diversité biologique.
Les menaces pesant sur les insectes ont été mises en évidence par plusieurs autres études. En octobre 2017, l'une d'elles, publiée par la revue Plos One, montrait que plus de 75 % de la biomasse des insectes volants avait disparu en 27 ans dans les zones protégées allemandes. En mars dernier, le Commissariat général au développement durable constatait que seulement 35 % des évaluations effectuées sur 44 espèces d'insectes d'intérêt communautaire étaient favorables.