Réunis du 6 au 17 juin 2011 à Bonn (Allemagne), les délégués des Etats membres de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) ont tenté de s'accorder sur les principaux sujets qui seront tranchés par les décideurs politiques lors de la 17ième Conférence des Parties (COP 17) qui se tiendra à Durban (Afrique du Sud) du 28 novembre au 9 décembre.
"Négociations climat de Bonn : de l'optimisme sinon rien… d'ici Durban", commente le Réseau action climat (RAC) à l'issue des douze jours de négociations. Or selon le RAC, "les négociations semblent très loin de [la] réalité [des derniers chiffres publiés par l'Agence internationale de l'énergie (AIE)]."
Fin mai, l'AIE estimait que
Optimisme de rigueur
Résolument optimiste, Christiana Figueres, la secrétaire exécutive de la Convention-cadre "s'est félicitée des progrès accomplis" évoquant des avancées "dans l'élaboration d'un Fonds d'adaptation, d'un Fonds vert et d'un mécanisme technologique visant à renforcer la coopération mondiale sur les technologies propres à travers, entre autres, la création d'un Centre de technologie du climat et de réseau pour la coopération technique."
Reste que pour le RAC, il s'agit là de "maigres avancées techniques" et les négociations de Bonn ont été marquées par des "blocages de procédures."
Autre source de satisfaction pour le secrétariat de la CCNUCC, "la confiance dans le processus onusien des négociations climatiques se reconstruit mais elle est fragile." Le retour de la confiance entre les négociateurs constitue de fait un élément clé depuis l'échec de la conférence de Copenhague (Danemark) en 2009.
Enfin, Christiana Figueres explique que "les domaines nécessitant que des décisions politiques soient prises avant la conférence annuelle de l'ONU sur le climat ont été identifiés." En l'occurrence les sujets politiques concernent les trois grands axes de négociations : le financement destiné à soutenir les efforts des pays du Sud en matière d'atténuation des émissions de gaz à effet de serre (GES) et d'adaptation aux effets du dérèglement climatique, la rédaction d'un traité international contraignant intégrant l'ensemble des parties à la Convention et le prolongement du protocole de Kyoto dont la première période d'engagement expire le 31 décembre 2012. Des sujets qui constituent le cœur du Plan d'action de Bali, adopté en Indonésie lors de la COP 13 en 2007, et qui aurait dû aboutir à un accord en décembre 2009.
Ces techniques, regroupées sous le nom de géo-ingénierie, visent à capter le CO2 atmosphérique (fertilisation de l'océan pour favoriser la croissance du plancton ; création de machines capables d'absorber et de liquéfier le CO2), voire à réguler l'intensité du rayonnement solaire reçu par la Terre en diffusant des particules réfléchissantes dans l'atmosphère ou en déployant des ombrelles spatiales.
Elles sont aujourd'hui très critiquées notamment du fait de possibles effets secondaires imprévus. Par ailleurs elles soulèvent des questions éthiques relatives à la manipulation du climat et au pouvoir accordé aux Etats qui "contrôleraient le thermostat."
Finalement, comme depuis cinq ans, la question des engagements que pourraient prendre les pays développés concernés par le protocole et les pays émergents, dont les émissions de GES ne cessent de croître, reste le principal sujet de discorde. "Le lien nécessaire à établir entre les négociations sur l'atténuation des émissions de GES telles que prévues par la CCNUCC et l'atténuation en vertu du Protocole de Kyoto [est] l'un des problèmes qui [doit] faire l'objet d'une attention particulière de la part des responsables politiques mondiaux avant la conférence de […] Durban", résume Christiana Figueres prévenant que "cela exigera un leadership de haut niveau au cours de l'année."
En l'occurrence, les positions restent figées. Les pays en développement exigent une deuxième période d'engagement sous le protocole sur la base de la responsabilité historique des pays riches dans le réchauffement climatique.
Le Canada, le Japon et la Russie, qui ont ratifié le protocole, n'entendent pas pour leur part s'engager pour une deuxième période lors de la conférence de Durban si les pays émergents n'ont pas d'engagement contraignant. Quant aux Etats-Unis, qui ont signé le protocole sans le ratifier, la position est identique.
Reste, l'Union européenne qui ne s'oppose pas à un nouvel engagement mais qui aimerait en contrepartie que soit négocié en parallèle un système englobant les grandes économies.
Vers un prolongement a minima ?
Le prolongement du protocole de Kyoto, qui avait été laissé de côté lors de la conférence de Cancun (Mexique) fin 2010, sera donc le principal enjeu de Durban. Le succès ou l'échec de la conférence sera sans aucun doute jugé à l'aune de la tournure que prendront les négociations relatives au protocole.
"L'une des options possibles à Durban serait une prolongation de Kyoto d'un, deux ou trois ans afin de laisser le temps de finaliser une solution plus globale", a indiqué à l'AFP José Romero, le représentant de la Suisse. Cependant, cette solution pourrait être difficile à mettre en œuvre, le Japon s'opposant à un prolongement de la première période d'engagement.
Les membres de l'Alliance des petits Etats insulaires (Aosis) qui figurent parmi les principales victimes des changements climatiques, ne semblent pas opposés à la signature d'un Kyoto allégé. Un tel accord engagerait moins de pays, mais il aurait l'avantage de maintenir en vie les négociations onusiennes. "Si on abandonne Kyoto, il sera difficile de remettre sur la table un système similaire plus tard", expliquait à l'AFP un négociateur européen.
Afin de progresser vers un compromis, l'Afrique du Sud qui présidera la COP 17 a annoncé qu'une réunion ministérielle se tiendra à Berlin en juillet et que les ministres se réuniraient de nouveau environ un mois avant la conférence de Durban.