La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) a assigné en justice, ce vendredi 21 mai, les principaux producteurs et importateurs d'imidaclopride, la substance néonicotinoïde la plus commercialisée en France, annonce l'association dans un communiqué.
Soutenue par le collectif Intérêt à agir, elle demande au tribunal judiciaire de Lyon la réparation du préjudice écologique causé par cette substance persistante, systémique et neurotoxique, ainsi qu'une expertise en vue de déterminer l'étendue des dommages et les mesures de réparation à mettre à la charge de ses producteurs (Bayer et Nufarm) et importateurs (Fertichem, Gritche, Agri Canigou, Saga). L'association demande également l'arrêt immédiat de la commercialisation des produits contenant cette substance. Cette demande fait suite à l'adoption de la loi du 14 décembre 2020 qui a réautorisé ces produits de manière dérogatoire dans les cultures de betteraves.
« Les néonicotinoïdes symbolisent un modèle agricole productiviste qui a conduit nos paysans dans une impasse économique et fait disparaître les oiseaux de nos campagnes. La dernière victime en date est la Pie-grièche à poitrine rose, qui ne s'est plus reproduite en France cette année. Les responsables de ce désastre doivent rendre des comptes », tonne Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO.
L'association s'appuie sur plusieurs études scientifiques qui montrent un effondrement des populations d'insectes à partir des années 1990 concomitant avec celui de différentes espèces d'oiseaux insectivores fréquentant les milieux agricoles comme le Bruant jaune, le Pipit farlouse ou le Tarier des prés. « Aujourd'hui, c'est au minimum 25 % de ces populations qui ont disparu », estime la LPO. Pour l'association, ces études établissent le lien de causalité entre ces dommages environnementaux et les néonicotinoïdes dans la mesure où ces produits ont été introduits à la même époque et qu'une corrélation spatiale peut également être établie entre leur commercialisation massive et le déclin des oiseaux en zones rurales. Reste maintenant à voir si le tribunal de Lyon reconnaît ce lien de causalité.