
Député de l'Isère - Responsable de la thématique Transition écologique à la République en marche
Actu-Environnement : Bien qu'appartenant à la majorité présidentielle, vous vous apprêtez à voter contre le texte. Pour quelles raisons ?
Jean-Charles Colas-Roy : Il nous faut soutenir la filière betterave-sucre et les agriculteurs mais sans pour autant ré-autoriser les néonicotinoïdes, ces pesticides très puissants qui s'attaquent en particulier aux abeilles. La semaine prochaine, je voterai donc contre le projet de loi « néonicotinoïdes » proposé par le Gouvernement.
AE : Les risques pour l'environnement et la santé sont-ils déterminants dans votre décision ?
JCCR : Les néonicotinoïdes sont des pesticides extrêmement nocifs qui impactent durablement les écosystèmes. Des études françaises et internationales montrent leur dangerosité et leur persistance dans les sols ou dans les eaux.
La préservation de l'environnement et la santé environnementale sont deux thématiques de plus en plus importantes pour nos concitoyens.
Je suis moi aussi très préoccupé de voir nos sols et nos cours d'eau soumis aux pollutions de toutes sortes avec des produits chimiques qui s'additionnent et qui, par effet cocktail, peuvent représenter une menace pour l'ensemble de la biodiversité et pour la santé humaine.
AE : Pourquoi les garanties apportées par le Gouvernement (dérogation limitée dans le temps et aux seules betteraves, soutien à la recherche d'alternatives…) ne vous paraissent-elles pas satisfaisantes ?
JCCR : Je salue la volonté de dialogue du ministre de l'Agriculture et le travail réalisé par mes collègues de la majorité pour améliorer le texte mais, à mes yeux, les avancées obtenues sont trop minces par rapport à la possible ré-autorisation des néonicotinoïdes et au détricotage de la loi biodiversité de 2016 qui constituait une avancée majeure en termes de protection de la biodiversité.
AE : L'interdiction, a-t-elle un sens si les autres pays producteurs de betteraves n'en font pas de même ?
JCCR : Oui, car maintenir l'interdiction des néonicotinoïdes va de pair avec un soutien accru à nos agriculteurs. La France doit accompagner les filières, indemniser les agriculteurs quand il le faut et surtout investir massivement pour trouver rapidement des alternatives.
Parce que d'autres pays auraient des pratiques moins vertueuses alors il faudrait que la France s'aligne par le bas ? Ce n'est pas ma conception de l'écologie. Battons-nous plutôt pour que la France montre l'exemple et entraîne les autres pays européens derrière elle.
AE : Quel type de soutien envisagez-vous pour la filière betteravière ?
JCCR : Nous sommes tous d'accord sur le nécessaire soutien qu'il faut apporter à nos agriculteurs et à la filière de la betterave-sucre. Il n'y a pas de débat là-dessus.
Des indemnisations ciblées ou la mise en place d'un système assurantiel spécifique doivent être envisagées. Les pouvoirs publics et les acteurs de la filière pourraient mettre des fonds en réserve, les années de bonne récolte, pour assurer des indemnisations en cas d'aléas climatiques ou d'attaques de ravageurs, et pour investir massivement dans la recherche d'alternatives aux pesticides les plus nocifs.