Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
AccueilNicolas TelliezMaîtrise du risque incendie et centrales hydroélectriques : les bonnes pratiques

Maîtrise du risque incendie et centrales hydroélectriques : les bonnes pratiques

Nicolas Telliez, consultant en prévention des risques au département Audit & Conseil du CNPP, nous propose un Avis d'expert sur la vulnérabilité à l'incendie des centrales de production d'énergie hydroélectrique.

Publié le 09/09/2010
Malgré la présence massive d'eau, les centrales de production d'énergie hydroélectrique sont vulnérables à l'incendie et aux risques d'interruption d'activité qu'il est susceptible d'entraîner : arrêt partiel ou total de la production d'électricité, fonctionnement en mode dégradé de l'ouvrage.

De l'eau, mais un risque incendie bien réel

La réalisation d'une analyse de risque incendie permet d'identifier les scénarios catastrophes. Les paramètres d'évaluation (reposant sur les critères de cotation de la probabilité d'apparition d'un incendie et sur la gravité potentielle des conséquences) sont adaptés à la typologie des aménagements hydrauliques.
Quelles que soient leurs technologies (centrales basse chute, moyenne chute, haute chute ou stations de transfert d'énergie par pompage - step), les centrales hydrauliques présentent en général des installations techniques de taille importante mises en oeuvre dans de grands volumes. À titre d'exemple, une turbine à « arbre vertical » type Kaplan fait plus d'une dizaine de mètres de hauteur.

Ainsi, les principales problématiques « incendie » rencontrées dans ce type d'ouvrages sont classiques :
- compartimentage : à l'exception de quelques locaux techniques spécifiques, type locaux électriques, les centrales présentent peu de compartimentage.
- désenfumage : étant donné le volume et la hauteur des locaux, il est techniquement très difficile de mettre en place une installation de désenfumage performante dans ce type d'ouvrage.
- intervention incendie : les aménagements présentent de nombreux niveaux et des cheminements compliqués pour accéder à certaines parties de la structure (ex : fosse des groupes de production).
- évacuation : les aménagements présentent différents niveaux dont beaucoup se situent en dessous du niveau d'évacuation vers l'extérieur et engendrent, de ce fait, des itinéraires d'évacuation complexes.
- installations techniques spécifiques : bien que le potentiel calorifique dans ce type de centrale soit généralement faible, certains équipements présentent un risque incendie important au vu des volumes de produits combustibles mis en oeuvre : présence d'huile au niveau des transformateurs de puissance et des équipements de régulation hydraulique des groupes de production (lubrification des paliers, régulation vannage et pales des turbines).

Évaluation des points sensibles de l'installation

La méthode d'analyse du risque incendie est inspirée de la méthodologie d'audit de vulnérabilité décrite dans la règle APSAD R11. Les critères de cotation concernant la gravité du risque ont été adaptés aux caractéristiques spécifiques des centrales hydrauliques.
Cinq paramètres sont pris en considération pour évaluer le caractère névralgique ou non du local ou de l'équipement vis-à-vis du risque incendie.

- Paramètre n° 1. Local contenant du « Matériel important pour la sûreté hydraulique (MISH) ». Identifiés par l'exploitant, ces équipements sont gérés sur le même principe que les EIPS (Équipements importants pour la sécurité) issus de la directive Seveso et pour lesquels il est demandé d'assurer l'efficacité et la disponibilité de ces équipements ou matériels par un suivi et une maintenance rigoureuse.

- Paramètre n° 2. Coût économique lié à la perte du local ou de l'équipement. Défini avec l'exploitant, c'est celui au-delà duquel la remise en état de l'équipement devient problématique.

- Paramètre n° 3. Délai de remplacement (location, achat neuf) compatible ou non avec l'exploitation de l'aménagement. L'objectif est ici d'évaluer les possibilités de remplacer le local ou l'équipement perdu dans un délai compatible avec l'activité d'exploitation.

- Paramètre n° 4. Possibilité de travailler en mode dégradé en cas de perte du local ou de l'équipement. Il s'agit d'évaluer la possibilité de continuer l'activité en mode dégradé de manière supportable en cas de perte du local ou de l'équipement.

- Paramètre n° 5. Localisation du local, de l'équipement pouvant engendrer une évacuation difficile pour le personnel ou une intervention difficile pour les secours extérieurs (ce n'est pas le délai d'intervention des secours extérieurs qui a été pris en considération mais la complexité du cheminement pour arriver sur le local ou l'équipement considéré).

Détermination des points névralgiques

Le caractère névralgique de certains équipements est défini (voir tableau 1). Les sources d'allumage potentiellement présentes ainsi que l'existence ou non de matières combustibles sont déterminées pour l'ensemble des locaux et des équipements.
Pour finir, les moyens de maîtrise mis en oeuvre par l'exploitant en termes de prévention (notamment la maintenance des équipements) et de protection (installations sprinkleurs par exemple) ont été pris en considération.

Coter les risques et établir un plan d'action

La caractérisation des différents paramètres appliquée à chaque local, à chaque équipement de la centrale, a permis de discriminer les scénarios de risque incendie les uns par rapport aux autres (voir tableau 2).
À partir de la hiérarchisation des différents scénarios de risque, on définit un schéma directeur d'amélioration de la maîtrise du risque incendie adapté à l'aménagement hydraulique étudié. Ce plan d'actions définit des mesures de prévention et des moyens de protection sur les composantes organisationnelles et techniques (voir tableau 3).

Par ailleurs, la détermination d'un niveau de risque incendie (note allant de 0 à 4) pour chaque local et chaque équipement permet de hiérarchiser les recommandations émises suivant trois niveaux de priorité pour faciliter la mise en oeuvre de ce plan d'actions par l'exploitant.
Chaque local, chaque équipement se voit appliquer la méthode d'analyse de risque incendie dont les critères de cotation ont été adaptés à la typologie particulière des centrales hydrauliques. Ainsi on peut réaliser une cartographie du risque incendie pertinente, exhaustive et définir un plan d'actions spécifique.

Maîtriser le risque à partir des connaissances terrain de l'exploitant

Cette approche permet à l'exploitant d'avoir une vision globale du risque incendie au sein de son aménagement et de disposer de recommandations ciblées et hiérarchisées afin d'améliorer la maîtrise du risque incendie. Il est entendu que la démarche peut être déclinée sur d'autres types d'établissements présentant d'autres problématiques vis-à-vis de l'incendie. Le point sur lequel il faut être vigilant est de s'assurer de l'implication forte de l'exploitant lors de la phase d'adaptation de la méthode d'analyse de risque incendie. Sa connaissance technique des installations est indispensable pour garantir la pertinence des modifications apportées aux critères de cotation du risque incendie.

Avis d'expert proposé par Nicolas Telliez, Consultant en prévention des risques au département Audit & Conseil du CNPP et contributeur référent sur www.faceaurisque.com.

Les Blogs sont un espace de libre expression des abonnés d'Actu-Environnement.

Leurs contenus n'engagent pas la rédaction d'Actu-Environnement.

Commentez ou posez une question à Nicolas Telliez

Les commentaires aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Mot de passe oublié