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Nucléaire : inquiétude autour de la centrale de Zaporijjia après une perte d'alimentation électrique

Les belligérants jouent avec le feu en intensifiant le conflit autour de la centrale nucléaire ukrainienne. Cette dernière a perdu son alimentation électrique par deux fois, faisant peser une menace sur ses capacités de refroidissement.

Risques  |    |  L. Radisson
Nucléaire : inquiétude autour de la centrale de Zaporijjia après une perte d'alimentation électrique

La situation autour de la centrale de Zaporijjia, plongée au cœur de la guerre d'agression russe, est préoccupante. « Presque chaque jour, un nouvel incident se produit à la centrale », a déclaré Rafael Mariano Grossi, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Jeudi 25 août, cette dernière a informé que la plus grande centrale nucléaire d'Europe avait perdu, au moins deux fois dans la journée, la connexion à sa dernière ligne électrique externe à haute tension. Les trois autres lignes externes avaient été endommagées antérieurement lors du conflit. La centrale, qui est équipée de générateurs diesel de secours, est toutefois restée connectée à une ligne à haute tension provenant de la centrale thermique voisine pendant la coupure.

À la suite de celle-ci, les deux réacteurs encore en fonctionnement de la centrale ont été déconnectés du réseau et leur système de protection d'urgence a été déclenché, les systèmes de sécurité étant restés opérationnels, a précisé M. Rossi. Les six réacteurs que compte la centrale sont restés déconnectés du réseau après le rétablissement de la ligne électrique, ont informé les autorités ukrainiennes. L'exploitant de la centrale, EnergoAtom, a toutefois indiqué ce vendredi 26 août en début d'après-midi que deux réacteurs avaient été reconnectés au réseau ukrainien, et ce, alors que la Russie chercherait à connecter la centrale à son propre réseau.

Situation potentiellement grave

“ En cas de perte totale de l'alimentation externe, les marges de sécurité pour garantir le refroidissement de la centrale s'amenuisent grandement. ” Rafael Mariano Grossi, AIEA
« Bien que l'alimentation externe de la centrale ne soit pas pour l'heure interrompue, cette situation est potentiellement grave et il convient de suivre avec attention l'évolution de la situation, a réagi la Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité (Criirad) dans un communiqué. En effet, en cas de perte totale de l'alimentation externe, les marges de sécurité pour garantir le refroidissement de la centrale s'amenuisent grandement. Rappelons que la catastrophe de Fukushima, en 2011, a été induite par une perte des capacités de refroidissement. » L'AIEA rappelle également cette exigence d'une « alimentation hors site sécurisée à partir du réseau », l'un des sept piliers indispensables à la sûreté et à la sécurité des centrales nucléaires qu'elle a définis au début du conflit, démarré le 24 février dernier.

Après l'attaque de la centrale par les troupes russes, le 4 mars, ces dernières la contrôlent, mais elle reste exploitée par du personnel ukrainien. Depuis le 5 août, les troupes ennemies se battent de nouveau autour de l'installation, qui est la cible de bombardements. « Selon l'exploitant, cette centrale, en zone occupée, serait minée et servirait d'entreposage d'armements afin de les protéger de bombardements ukrainiens », rapporte l'Association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest (Acro).

Un accident pas exclu

Le 12 août dernier, l'Institut de recherche et de sûreté nucléaire (IRSN) faisait un point, après trois bombardements survenus la veille. « Les zones sensibles au regard des risques radiologiques, en cas de bombardement notamment, sont en premier lieu les réacteurs nucléaires et leur piscine d'entreposage du combustible associé, les systèmes de refroidissement utilisés lors du fonctionnement normal ou en situations accidentelles et, plus globalement, les zones renfermant des matières radioactives, comme les containers d'entreposage à sec de combustible usé et les capacités de stockage d'effluents radioactifs », expliquait l'institut de recherche et d'expertise sur les risques radioactifs. Ce dernier insistait sur l'importance du réseau électrique externe, de l'alimentation de la centrale en eau et des équipements de lutte contre l'incendie.

« On ne doit pas être alarmiste, et en même temps, il faut éviter de rendre banale une situation qui ne l'est pas. L'installation fonctionne, mais avec des difficultés, de sorte que dans les circonstances actuelles, le scénario d'un accident ne peut être exclu », avertit Rafael Mariano Rossi, ce vendredi 26 août, dans un entretien au Monde (1) . Ce dernier reconnaît ne pas avoir envisagé qu'une centrale nucléaire se retrouve un jour au milieu d'une grande confrontation de type conventionnel.

« Les infrastructures des centrales nucléaires ne sont pas conçues pour résister à des fortes explosions lors d'un conflit armé, avertit le réseau Sortir du nucléaire. Nous nous inquiétons à nouveau très sérieusement du risque d'emballement de la situation, un risque que nous avons déjà connu à de nombreuses reprises, cette année, vis-à-vis du nucléaire en Ukraine. »

Rafael Mariano Rossi insiste sur l'urgente nécessité qu'une mission d'experts de l'AIEA se rende sur place. Le directeur de l'agence a indiqué, le 25 août, avoir reçu un accord de principe des belligérants pour une telle visite. Il s'était entretenu, le même jour, avec Emmanuel Macron, qui a réitéré l'appui de la France à cette visite. Le président français avait recueilli, le 19 août, lors d'un entretien téléphonique, l'accord de Vladimir Poutine sur le déploiement de cette mission. Reste à mettre en place la logistique d'une telle visite avant qu'il ne soit trop tard.

1. Accéder à l'interview
https://www.lemonde.fr/international/article/2022/08/26/rafael-mariano-grossi-on-ne-peut-pas-ajouter-au-drame-de-cette-guerre-un-accident-nucleaire_6139087_3210.html?random=1316871228

Réactions1 réaction à cet article

La preuve par neuf que les centrales nucléaires civiles constituent des cibles militaires prioritaires en cas de conflit armé.
Et la France, qui compte d'ores et déjà le parc électronucléaire existant le plus développé en Europe, choisit précisément ces temps incertains, troublés et particulièrement inflammables pour faire le choix de lancer un nouveau programme d'équipement, multipliant ainsi à l'envie les risques et s'exposant à outrance (car le message de la Russie vis-à-vis des Occidentaux est clair : nous ne reculerons devant aucune option pour vous terroriser et vous faire plier !) ! L'obsession et l'emprise de nos nucléocrates sur les décideurs, tout aveuglés par le mirage de "la technologie lourde nous sauvera", nous placent à l'évidence dans une situation d'extrême fragilité, si ce n'est d'infériorité.
Alors qu'en mettant la priorité absolue et immédiate sur la sobriété énergétique, les économies d'énergie et les énergies renouvelables (pilonner un parc éolien ou photovoltaïque ne présenterait pas une option stratégique majeure, me semble-t-il), le chantage a bien moins de prise et la capacité du pays a résister est nettement accrue, ce qui peut s'avérer vital.
Sans parler ici d'autres menaces, telles les malfaçons dans les constructions des centrales et les sécheresses et canicules qui mettent en péril leur bon refroidissement...

Pégase | 29 août 2022 à 10h22 Signaler un contenu inapproprié

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