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Nucléaire : l'ASN appelle à reconsidérer la décision de fermeture de douze réacteurs d'ici à 2035

L'Autorité de sûreté nucléaire estime que les pouvoirs publics devraient réévaluer la décision de fermer douze réacteurs en 2035. La fragilité actuelle du système électrique français montre l'importance de disposer de marges de sécurité.

Energie  |    |  P. Collet
Nucléaire : l'ASN appelle à reconsidérer la décision de fermeture de douze réacteurs d'ici à 2035
Actu-Environnement le Mensuel N°421
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°421
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Ce mercredi 19 janvier, Bernard Doroszczuk a estimé qu'il faut « se réinterroger sur la décision de mise à l'arrêt de douze réacteurs nucléaires d'ici à 2035 ». Le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) juge impératif le maintien de marges de manœuvre si la France veut conserver une production nucléaire à long terme. Les difficultés rencontrées actuellement par EDF illustrent le risque associé à un parc nucléaire vieillissant confronté à des imprévus. La question de la fermeture ou du maintien des capacités actuelles est aussi liée à la décision à prendre concernant la part du nucléaire dans le mix électrique à l'horizon 2050. Un autre sujet que l'ASN aimerait voir tranché au cours du prochain quinquennat.

Cinq ans pour prendre trois décisions

Alors que les questions énergétiques sont plus que jamais sur le devant de la scène, « l'ASN demande que les préoccupations de sûreté nucléaire (…) soient, dès à présent, intégrées dans les choix de politique énergétique ». Le président de l'ASN attend du prochain exécutif qu'il prenne position sur trois dossiers. Objectif : assurer des marges de manœuvre suffisantes pour que le système électrique puisse faire face aux imprévus.

“ L'ASN demande que les préoccupations de sûreté nucléaire (…) soient, dès à présent, intégrées dans les choix de politique énergétique ” Bernard Doroszczuk, président de l'ASN
Le premier concerne la fermeture de douze réacteurs nucléaires à l'horizon 2035. La décision, validée en janvier 2020 avec l'adoption de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), doit être « remise sur la table » durant le prochain quinquennat. Cette décision doit être « dûment pesée », juge l'ASN, appelant à l'évaluer « au regard de prévisions réalistes de mise en service de nouveaux moyens de production d'ici à 2035 ». Parallèlement, l'Autorité attend d'EDF qu'elle justifie, réacteur par réacteur, la possibilité de prolonger leur fonctionnement au-delà de cinquante ans. Cette prolongation « n'est pas acquise pour l'instant », prévient Bernard Doroszczuk, qui demande à l'électricien de s'atteler à la tâche « sans tarder ».

La deuxième décision à prendre d'ici cinq ans concerne la place du nucléaire en 2050. L'ASN pointe, en particulier, deux enjeux associés au scénario de RTE de maintien à 50 % de la part du nucléaire dans le mix électrique. La France doit d'abord avoir la capacité de mener à bien « un programme ambitieux de construction de nouveaux réacteurs ». La filière nucléaire doit donc mettre en œuvre « un véritable plan Marshall pour rendre industriellement soutenable [le maintien d'une production nucléaire robuste] ». Un plan assorti de l'embauche de quelque 4 000 ingénieurs par an. Le second sujet à anticiper est la prolongation de certains réacteurs au-delà de soixante ans. Cette « hypothèse structurante [n'est pas] justifiée à ce stade ». L'ASN craint, qu'in fine, cet allongement ne découle d'une « décision subie » et soit « hasardeuse en matière de sûreté ». Si ces deux sujets ne sont pas abordés dès maintenant, l'exécutif pourrait engager la France dans une « impasse », alerte Bernard Doroszczuk, appelant les pouvoirs publics à fonder leurs décisions sur « des hypothèses robustes ».

Enfin, la France doit décider de poursuivre, ou non, le retraitement du combustible usé au-delà de 2040. En fonction de la réponse, il faudra anticiper la rénovation des installations de La Hague (Manche) ou prévoir une solution de gestion à long terme des combustibles usés. La décision doit être prise au plus tard en 2030, prévient l'Autorité. De manière plus générale, une politique comportant une part de nucléaire à long terme « doit être impérativement accompagnée d'une politique exemplaire en matière de gestion des déchets », rappelle l'Autorité.

L'absence de marges menace la production nucléaire

La situation actuelle montre déjà à quel point l'absence de marges suffisantes fait peser un risque sur l'approvisionnement électrique. Le système fait face à « une double fragilité inédite », explique le président de l'ASN.

La première vulnérabilité concerne la disponibilité des réacteurs d'EDF, qui est inférieure au niveau escompté. La mise à l'arrêt des deux réacteurs de Fessenheim (Haut-Rhin), le report de la mise en service de l'EPR de Flamanville (Manche) et le décalage du calendrier du grand carénage étaient connus. En revanche, s'y ajoutent deux imprévus : la crise sanitaire a retardé les opérations de maintenance et EDF a dû mettre à l'arrêt ses quatre réacteurs de 1 450 mégawatts (MW) pour s'assurer que leur sûreté n'est pas compromise par la corrosion et les fissures affectant le système d'injection de sécurité (RIS) au circuit primaire principal.

La seconde faiblesse concerne le cycle du combustible. Avec, d'une part, le retard pris dans la construction de la piscine d'entreposage centralisé des combustibles usés. La saturation de celles de La Hague à l'horizon 2030 avait pourtant été identifiée dès 2010. Et, d'autre part, les difficultés auxquelles fait face l'usine Melox, spécialisée à la fabrication du Mox, qui perturbent la gestion du plutonium. En l'occurrence, Orano emploie un nouveau procédé qu'il ne maîtrise pas, ce qui génère d'importants rebus de plutonium. La saturation des capacités d'entreposage des matières plutonifères pose des problèmes d'appro-visionnement, qui imposent à EDF de « démoxer » des réacteurs qui utilisaient jusqu'à présent ce combustible. Enfin, troisième sujet : la corrosion des évaporateurs de l'usine de La Hague est plus rapide que prévue, questionnant sur la capacité de traitement de l'installation.

Chacun de ces problèmes pourrait accélérer la saturation des piscines de La Hague contenant le combustible en attente de traitement. Par ricochets, le fonctionnement des réacteurs pourrait être perturbé s'il devenait plus difficile d'évacuer le combustible usé vers l'usine normande.

Réactions3 réactions à cet article

La procrastination de nos dirigeants sur les sujets énergétiques, largement entretenue depuis des années par EDF et Areva pour freiner le développement des énergies renouvelables, montre ses effets. C'est ce même phénomène qui explique en grande partie les coûts liés à la transition énergétique dans notre pays, en particulier en termes d'adaptation du réseau. Rien n'a été fait pendant des années et maintenant, nous sommes au pied du mur, "condamnés à réussir" une nouvelle vague d'EPR qui doivent être construits dans l'urgence. Jusqu'à la sémantique qu'il faut tordre pour les financer. C'est un cas d'école de ce qu'Alain Peyrefitte appelait "le mal français".

JMLESU | 20 janvier 2022 à 10h52 Signaler un contenu inapproprié

E.D.F. n'est pas capable de donner le coût du démantèlement des centrales actuellement fermées et bien sur pour les suivantes .De plus pour la sécurité avons nous la certitude que nos centrales ne sont pas exposées à une intervention extérieure par drone ou autres moyens .

modus | 20 janvier 2022 à 18h43 Signaler un contenu inapproprié

Merci, très bon article. Procrastination fatale des dirigeants politiques, incompétents notoires et revendiqués dans toutes les matières techniques et notamment en ce qui concerne l'énergie et la filière nucléaire. Cependant ils persistent à vouloir rester au commandes d'un navire auquel ils ne comprennent rien, en bon apprenti sorcier. Évidemment, ils ont décidé de ne pas démarrer le site d'enfouissement de Bure (Cigéo) pour mettre la pression sur la filière nucléaire, à l'image du mauvais maître qui souhaite accuser son chien de la rage, mais en douceur car il ne faudrait pas que ce soit trop voyant. C'est pathétique !
Pourtant EDF n'a de cesse de vouloir relancer la filière nucléaire qui assied notre indépendance énergétique (partielle) et le faible coût de l'énergie PUBLIQUE sur laquelle s'appuie le peu de productivité qui nous reste.
Le problème de l'énergie nucléaire c'est qu'elle est allergique à la corruption (cf. Fukushima), c'est la raison pour laquelle les dirigeants politiques que nous subissons depuis 2007 n'en veulent pas. A l'inverse de l'éolien qui a le vent en poupe (cf. Iberdrola).

MR | 26 janvier 2022 à 10h28 Signaler un contenu inapproprié

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