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Actu-Environnement

Nucléaire : ce que les candidats répondent à Macron

À la suite des annonces du chef de l'État sur la relance du programme électronucléaire français, les candidats à la présidentielle se positionnent sur la place de l'atome dans la politique énergétique de la France. Tour d'horizon.

Energie  |    |  L. Radisson

« Je souhaite que six EPR2 soient construits et que nous lancions les études sur la construction de huit EPR2 additionnels (…). À côté de ces EPR, un appel à projets sera soutenu à hauteur d'un milliard d'euros par France 2030 et sera lancé pour faire émerger des petits réacteurs modulaires, mais aussi des réacteurs innovants permettant de fermer le cycle du combustible et de produire moins de déchets », a déclaré Emmanuel Macron, lors de son discours sur la stratégie énergétique française, tenu à Belfort, le 10 février.

Si le président de la République a également annoncé un développement massif des énergies renouvelables, ses annonces sur la relance du programme électronucléaire français ont suscité les réactions de ses principaux adversaires à l'élection présidentielle du mois d'avril.

« Trop peu et trop lent »

C'est le cas de Marine Le Pen. « Le calendrier présenté par Emmanuel Macron pour construire des réacteurs nucléaires permettra à peine de maintenir le nucléaire à 50 % du mix électrique. Trop peu et trop lent, ce plan sera incapable de rebâtir une filière performante et de fournir à la France l'électricité nécessaire », réagit la candidate du Rassemblement national dans un communiqué. Refusant le déploiement du solaire et de l'éolien, elle souhaite renforcer l'hydroélectricité, la géothermie et, surtout, le nucléaire, dans une proportion plus importante que celle proposée par le chef de l'État. « Ce plan prévoira la mise en chantier de cinq paires d'EPR2 par quinquennat pour rebâtir la filière et répondre à l'urgence énergétique. Puis un plan de charge et d'innovations pour remplacer l'ensemble de nos réacteurs quand ils auront atteint les soixante ans », annonce Mme Le Pen.

Valérie Pécresse, quant à elle, avait devancé les annonces présidentielles. « En matière énergétique, Emmanuel Macron a mené une politique de gribouille : il a fermé la centrale nucléaire de Fessenheim et, aujourd'hui, il rouvre les centrales à charbon. Il a fait passer la France du XXIe siècle au XIXe siècle en un mandat », a déclaré la candidate des Républicains sur France Info, le 10 février au matin. « Notre socle électrique restera le nucléaire, pilotable, abondant, et dont le coût est indépendant des énergies fossiles importées. Je ferai donc une relance gaullienne du nucléaire, en m'appuyant sur cette filière d'excellence de la technologie française », précise la candidate dans un communiqué. Celle-ci annonce le lancement immédiat d'une série de six EPR et la programmation des séries suivantes. Finalement, le même programme qu'Emmanuel Macron.

Éric Zemmour, quant à lui, n'a pas réagi directement aux annonces du président de la République. Son programme énergétique est tourné principalement sur le nucléaire, puisqu'il veut totalement arrêter l'éolien et supprimer le soutien au solaire. Le candidat d'extrême droite propose de prolonger la durée de vie du parc nucléaire existant à soixante ans « au moins », lancer la construction « d'au moins quatorze nouveaux réacteurs nucléaires EPR2 à horizon 2050 », et relancer la recherche sur les réacteurs de quatrième génération (programme Astrid) et la fusion nucléaire (projet Iter).

« Mettre un terme aux projets d'EPR »

Du côté de la gauche, les deux principaux candidats, selon les sondages, sont antinucléaires, d'où des réactions virulentes aux annonces d'Emmanuel Macron. « Une nouvelle fois, un homme tout seul décide d'engager le pays dans le tout nucléaire pour les trente prochaines années et d'allonger l'usage des vieilles centrales pour trente ans de plus. Ni expertise, ni étude d'impact, ni plan. Le fait du prince », a tweeté Jean-Luc Mélenchon. Le candidat de La France insoumise propose, au contraire, de mettre un terme aux projets d'EPR, ainsi qu'au projet Cigeo d'enfouissement des déchets nucléaires, et de s'orienter vers une stratégie de non-retraitement des combustibles irradiés. Mais, comme le parc nucléaire « ne pourra fermer du jour au lendemain », il propose de continuer à l'exploiter « dans des conditions optimales de sécurité jusqu'à la fermeture des centrales après quarante ans ». Il préconise également de planifier le démantèlement et la reconversion des sites, tout en garantissant l'emploi et le maintien des ressources des communes d'implantation.

Quant à Yannick Jadot, il dénonce le déni d'Emmanuel Macron dans une tribune publiée dans le journal Le Monde. « Aucune leçon n'a été tirée du fiasco de Flamanville – qui nous coûte collectivement l'équivalent de deux fois le budget de la justice avec ses dix ans de retard, des incidents de l'EPR de Chine, de l'enlisement financier d'EDF et de Framatome, ou encore des incidents récents à Penly, à Cattenom, à Chooz, à Civaux, à Chinon et au Bugey, qui ont obligé la France à importer de l'énergie et contribué à l'explosion des prix de l'électricité. Construire six nouveaux réacteurs de type EPR, ce serait le budget de l'hôpital public », s'indigne le candidat Europe Écologie Les Verts (EELV) à la présidentielle. Ce dernier se positionne en faveur d'une fermeture des réacteurs nucléaires « au fur et à mesure de leur obsolescence, dont une dizaine d'ici à 2035 ». Son programme prévoit également un soutien à la recherche de solutions à la gestion des déchets, ainsi qu'aux métiers du démantèlement.

À la suite des annonces du chef de l'État, Christiane Taubira s'est prononcée, quant à elle, pour un référendum. « Je ne suis pas favorable au nucléaire, notamment pour la question des déchets, des risques industriels, de la matière première. Mais j'estime que, compte tenu de l'importance de cette énergie et de ses conséquences, il est important que l'on consulte les Français. » La candidate, sortie en tête de la primaire populaire, n'a toutefois pas encore publié son programme et ses équipes seraient en discussion avec celle de Yannick Jadot.

« Nous ne pouvons pas nous passer du nucléaire »

De son côté, Anne Hidalgo, estime « ni sérieux ni respectueux de notre démocratie » l'annonce faite par Emmanuel Macron. La candidate socialiste appelle également à un « grand débat ouvert et transparent » sur la transition énergétique. « En attendant le 100 % d'énergies renouvelables, nous ne pouvons pas nous passer du nucléaire, estime la maire de Paris, qui s'oppose à la construction de nouveaux EPR, tout comme à celle de petits réacteurs modulaires. Pour Mme Hidalgo, le nucléaire « permet de produire une électricité à bas coût, et de maintenir le pouvoir d'achat des Français. Pour maintenir nos besoins énergétiques grâce au nucléaire, il va falloir prolonger la durée de vie d'un certain nombre de centrales, en faisant donc le grand carénage », explique-t-elle.

« Macron a vendu Alstom énergie, fermé Fessenheim, sacrifié la recherche et Astrid. Quatre ans d'antinucléaire. Et il se réveille deux mois avant les élections... », réagit, sur Twitter, le candidat communiste, Fabien Roussel, partisan de l'atome. Pour celui-ci, le rachat de l'activité nucléaire de General Electric par EDF, dont la finalisation a été annoncée par le chef de l'État, traduit « l'inconséquence et l'inconstance de la politique énergétique conduite ces dernières années, sur fond de subventionnement des entreprises privées d'énergie renouvelable, de déplafonnement de l'accès régulé à l'énergie nucléaire et de menace de démantèlement d'EDF ». Si le candidat se dit totalement favorable à la relance du nucléaire, il se prononce également en faveur d'investissements publics importants dans les énergies renouvelables et les économies d'énergie. « Notre plus grosse divergence, c'est le nucléaire », a estimé Jean-Luc Mélenchon, sur France 2, à propos de son concurrent communiste, déplorant que l'union n'ait pas pu se faire cette fois-ci.

Réactions2 réactions à cet article

Tout ceci reste de la politique énergétique vue par des agences expertes en .. communication ("je ne suis ni pour, ni contre, bien au contraire", comme disait l'autre).
Je reste cependant dubitatif sur la phrase ci dessous
"de mettre un terme ..... au projet Cigeo d'enfouissement des déchets nucléaires, et de s'orienter vers une stratégie de non-retraitement des combustibles irradiés."
Va-t-on vers le concept de déchets nucléaire "bio-retraité" ?

nimb | 15 février 2022 à 08h57 Signaler un contenu inapproprié

Il se trouve qu'un des rares à ne pas (trop) proférer d'âneries en matière d'énergies (et donc d'électricité), c'est le candidat communiste, sans doute cornaqué par la Cégété qui tient tout de même à ne pas flinguer la poule aux oeufs d'or qu'est EDF.
C'est dommage que ce sujet sérieux ne soit pas abordé de manière plus construite par les impétrants. En effet, concernant les "anti", comment peut-on penser une seconde maintenir une compétence, notamment en matière de retraitement des déchets (si on ne veut pas les enfouir définitivement "sous le tapis"), sans un développement de la filière toute entière ? Et si de surcroît on pense "décarboner" en électrifiant autos, vélos, transports, industrie (heu non, les écolos sont anti-industrie)... à tout va ?
Allez, au boulot !

Albatros | 16 février 2022 à 18h14 Signaler un contenu inapproprié

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