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Sûreté nucléaire : le séminaire de l'OCDE affiche un consensus sans grande portée

Les représentants officiels, puis les responsables des autorités de sûreté nucléaire, de 33 États se sont réunis à Paris pour tirer les conclusions de Fukushima. Les discussions ont abouti à un consensus que seule la France a ouvertement défendu.

Energie  |    |  P. Collet
   
Sûreté nucléaire : le séminaire de l'OCDE affiche un consensus sans grande portée
© Tepco
   

Mardi 7 juin 2011, 33 pays se sont réunis à l'occasion d'un séminaire ministériel sur la sûreté nucléaire organisé par le gouvernement français au siège de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à Paris. Le lendemain, le forum international organisé par l'Agence de l'OCDE pour l'énergie nucléaire (AEN) réunissait exploitants et autorités nationales de sûreté et clôturait les deux jours de discussion articulés autour d'un double objectif : tirer les premières conclusions de la catastrophe de Fukushima et améliorer la coopération internationale entre les Etats.

"Un échec collectif en matière de sécurité nucléaire"

Même si la rencontre réunissait des pays aux positions variées, de l'Allemagne et la Suisse qui souhaitent abandonner le nucléaire, à l'Inde qui renforce ses capacités en passant par la Grande-Bretagne et la France qui maintiennent le cap des décennies passées, la question de la place du nucléaire dans la production électrique n'a pas été débattue. "Il n'y a pas eu de débat sur la question", a assuré Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre de l'Ecologie, à ce sujet précisant que "tout l'enjeu de [la] rencontre" était la sûreté nucléaire avec en ligne de mire la Conférence ministérielle sur la sûreté nucléaire qui se tiendra du 20 au 24 juin à Vienne (Autriche) au siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

En matière de sûreté, justement, "on ne peut pas continuer à penser comme on pensait avant Fukushima" a estimé la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet, précisant que "ce que nous a appris cette catastrophe, ce qu'il faut en retenir, c'est qu'il suffit d'un accident dans une centrale pour avoir des conséquences terribles et irréversibles sur l'humain et sur l'environnement."

Un point de vue partagé par André-Claude Lacoste, le président de l'Autorité française de sûreté nucléaire (ASN), estimait mercredi 8 juin que la catastrophe de Fukushima constituait "un choc", qui démontrait "clairement un échec collectif en matière de sécurité nucléaire."

Audit de sûreté et revue par les pairs

Autre constat, la coopération internationale en matière de sûreté nucléaire "n'est pas encore à son meilleur niveau" estime Nathalie Kosciusko-Morizet qui juge "impératif [de l'] améliorer."

Concrètement, les délégations ont principalement travaillé sur deux axes. Tout d'abord un consensus s'est formé autour de la nécessité de réaliser des audits de sûreté dans l'ensemble des pays disposant d'installations nucléaires. Un consensus qui reste cependant à confirmer selon les propos de l'allemande Ursula Heinen-Esser, Secrétaire d'Etat parlementaire auprès du ministre de l'Environnement, qui précise que "le G8 encourage" les autres pays à réaliser ces stress tests.

Autre axe abordé, la crédibilité des audits et en particulier la revue par les pairs visant à l'assurer. Cette demande, soutenue fermement par Doris Leuthard, la ministre suisse à l'Energie, devrait être "obligatoire" et "publics" selon le vœu émis par la ministre helvète.

Quant à la gestion des crises nucléaires, les Etats représentés ont jugé nécessaire la mise en place d'équipes d'intervention rapide et l'harmonisation des procédures.

Une position française ?

Globalement, la ministre française évoque "un accord général incontesté", des "convergences très concrètes et précises" et un "large consensus" autour des conclusions du séminaire, tout en admettant que la mise en œuvre concrète pourrait varier d'un pays à l'autre. Reste que dans l'optique de la réunion ministérielle de l'AIEA, l'unité affichée semble bien limitée.

En premier lieu, les orientations proposées ne constituent en aucun cas un accord formel. En effet, le document final du séminaire indique explicitement que "la présidence tire les conclusions suivantes." Est-ce à dire que le texte n'engagerait que la France ?

Par ailleurs, il semble que l'implication des pays réunis à Paris au siège de l'OCDE ne soit pas du même niveau : le "séminaire ministériel" n'a en réalité réuni que onze ministres vice-ministres ou secrétaires d'Etat (1) autour de Nathalie Kosciusko-Morizet, la grande majorité des 33 Etats ayant choisi comme chef de délégation des responsables de leur autorité de régulation nucléaire, voire des hauts fonctionnaires parfois non-spécialistes des questions de sûreté nucléaire à l'image des diplomates (2) chargés de représenter leurs Etats en France.

Parmi les acteurs importants du nucléaire, la Chine qui poursuit un important programme nucléaire était absente, une absence "regrettée par tous" selon André-Claude Lacoste, et les Etats-Unis, qui possèdent le premier parc mondial avec 104 réacteurs en activité, ont envoyé un secrétaire adjoint de la direction de l'énergie nucléaire du ministère de l'Energie.

Quant à la Russie, concurrente directe de la France pour "devenir leader mondial dans le domaine de la sûreté nucléaire", elle était représentée par le directeur général du tout-puissant Rosatom (3) . Cependant, son absence à la conférence de presse finale fut remarquée, Nathalie Kosciusko-Morizet la justifiant par des engagements pris par ailleurs par le responsable russe.

À bien regarder, la France est apparue bien seule lorsqu'il s'est agit de défendre les conclusions du séminaire.

1. l'Allemagne avec sa Secrétaire d'État parlementaire auprès du Ministre de l'Environnement, la Belgique avec son ministre de l'Intérieur, la Bulgarie avec son ministre de l'Economie, de l'Energie et du Tourisme, le Canada avec son sous-ministre en charge des questions nucléaires, la Hongrie avec son ministre du Développement national, le Japon avec son vice-ministre des affaires internationales, le Luxembourg avec son ministre du Logement, délégué au développement durable et aux infrastructures, la Pologne avec sa sous-Secrétaire d'Etat au ministère de l'économie et plénipotentiaire du gouvernement pour l'énergie nucléaire, la République Tchèque avec son vice-ministre du ministère de l´industrie et du commerce, la Roumanie avec un secrétaire d'Etat du ministère de l'économie, la Suisse avec sa conseillère fédérale en charge de l'environnement, des transports, de l'énergie et des communications et la Turquie avec son sous-secrétaire d'Etat à l'Energie2. L'Afrique du Sud avec un chargée d'affaire auprès de l'ambassade, l'Australie, avec son ambassadeur, la Grèce avec son ambassadeur, la Corée du Sud avec son ambassadeur et l'Ukraine avec son Premier secrétaire d'ambassade3. Un organisme public regroupant de nombreuses activités nucléaires russes, de la supervision de la sûreté, à la recherche, en passant par la production du combustible, la gestion de centrales nucléaires et certaines activités militaires.

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