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Climat : les Etats-Unis et la Chine se fixent (enfin) des objectifs chiffrés post 2020

Pour la première fois, les deux puissances mettent sur la table des engagements chiffrés de lutte contre le changement climatique post 2020. A quatorze mois du sommet de Paris, cette annonce augure-t-elle d'un accord ambitieux ?

Gouvernance  |    |  S. Fabrégat
Environnement & Technique N°342
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°342
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En marge du sommet de coopération économique de l'Asie-Pacifique (Apec), le 12 novembre, les présidents américains et chinois ont annoncé qu'ils se fixaient des objectifs respectifs (1) dans le but de limiter leurs émissions de gaz à effet de serre. A plus d'un an de la conférence de Paris sur le climat (COP 21), les Etats-Unis s'engagent à réduire leurs émissions de 26 à 28% en 2025 par rapport au niveau de 2005. La Chine entend atteindre le pic de ses émissions "autour de 2030" et augmenter la part des combustibles non fossiles à 20% de la consommation d'énergie primaire d'ici 2030.

Barack Obama et Xi Jinping ont réaffirmé "l'importance de renforcer la coopération bilatérale sur le changement climatique et leur volonté de travailler ensemble, et avec d'autres pays, pour adopter un protocole, un autre instrument juridique ou une solution concertée ayant force de loi" lors du sommet de Paris. Les deux puissances représentent près de 45% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Un accord historique à quatorze mois de la COP 21

Historique, ce mot est dans toutes les bouches, à commencer par celle du président américain Barack Obama. "La portée de cet accord est très importante, analyse Alix Mazounie, en charge des politiques internationales pour la Réseau action climat France (RAC). A la différence du sommet de Copenhague où les engagements étaient intervenus en dernière minute, nous sommes à quatorze mois du sommet de Paris, et déjà trois acteurs majeurs des négociations jouent cartes sur table". L'Union européenne s'est engagée fin octobre sur des objectifs climatiques à horizon 2030.

Ces prises de position "rendent les postures de certains pays, comme la Russie, l'Australie et le Canada, intenables, estime Alix Mazounie. A partir du moment où les Chinois s'expriment publiquement, cela change totalement la donne. Nous espérons également que cette annonce aura un effet d'entrainement sur d'autres pays émergents". En effet, c'est la première fois que la Chine accepte de plafonner ses émissions de gaz à effet de serre.

D'ailleurs, dans leur annonce conjointe, les deux pays font part de leur intention de prendre le leadership des discussions : "Les États-Unis et la Chine espèrent qu'en annonçant ces objectifs maintenant, ils donneront un élan dans les négociations mondiales sur le climat et inspireront d'autres pays (…). Les deux présidents ont décidé de travailler en étroite collaboration au cours de la prochaine année pour lever les obstacles majeurs à un accord mondial ambitieux sur le climat".

Le Congrès ne pourra pas s'opposer aux objectifs d'Obama

Les objectifs fixés par Barack Obama sont "réalisables en vertu du droit existant", indique le communiqué de presse de la Maison blanche. Autrement dit, le Congrès, majoritairement républicain, ne pourra pas s'y opposer puisque l'atteinte des ces objectifs ne nécessitera pas d'évolutions législatives.
Concrètement, le nouvel objectif "va doubler le rythme de réduction de la pollution de carbone, de 1,2% par an en moyenne durant la période 2005-2020 à 2,3-2,8% par an en moyenne entre 2020 et 2025". Les Etats-Unis devraient soumettre officiellement cet engagement à la Convention cadre des Nations unies au plus tard au premier trimestre 2015.
Concernant les engagements chinois, la Maison blanche juge "remarquable" l'objectif de 20% d'énergie zéro carbone d'ici 2030. Cela nécessitera le déploiement de 800 à 1.000 gigawatts supplémentaires de nucléaire, d'éolien, de solaire etc., "plus que toutes les centrales au charbon qui existent aujourd'hui en Chine".
Le fait que ces deux puissances économiques s'engagent concrètement pour le climat souligne un changement de paradigme : la lutte contre le changement climatique n'est plus une question politique mais une question de compétitivité. "Si les Etats-Unis et la Chine se positionnent ainsi, c'est qu'il en va de leurs intérêts économiques, analyse Alix Mazounie. Cela pourra entraîner d'autres pays qui, pour l'instant, tournent le dos au climat pour des raisons économiques".

Barack Obama et Xi Jinping font référence, dans leur annonce, aux impacts du changement climatique qui "nuisent déjà aux économies du monde entier". Au contraire, selon eux, la lutte contre le changement climatique "peut stimuler l'innovation, renforcer la croissance économique et apporter de grands avantages - du développement durable à une sécurité énergétique accrue, en passant par l'amélioration de la santé publique et une meilleure qualité de vie".

Les lignes peuvent encore bouger

Pour l'heure, les Etats-Unis, la Chine et l'Union européenne ont annoncé des objectifs a minima, "largement insuffisants pour limiter le réchauffement à 2°C", estime Alix Mazounie. Mais d'ici fin 2015, ces objectifs peuvent être augmentés et renforcés par d'autres engagements (renforcement des normes environnementales, suppression des subventions néfastes à l'environnement…).

L'annonce conjointe en dessine les lignes puisqu'elle revient sur les actions bilatérales déjà initiées en matière de véhicules propres, de réseaux intelligents, de captage et de stockage du carbone, d'efficacité énergétique…

Les deux présidents annoncent également le lancement d'une initiative pour des villes intelligentes et bas carbone, le soutien aux échanges bilatéraux de technologies et produits propres et l'augmentation des programmes pilotes et de projets communs dans de nombreux domaines.

1. Consulter l'annonce conjointe
http://www.whitehouse.gov/the-press-office/2014/11/11/us-china-joint-announcement-climate-change

Réactions7 réactions à cet article

Nous critiquons la Chine polluante, mais on est souvent bien content de pouvoir acheter ses productions pas chères

"Qui trouve nos organisations et pratiques sociétales globalement rationnelles et louables  ne l'est guère"

Jean-Marie | 13 novembre 2014 à 07h53 Signaler un contenu inapproprié

mouais! cela ressemble plus à une stratégie politico-economique qu'a autre chose, on est bien loin du compte en matière de réduction des GES

lio | 13 novembre 2014 à 10h04 Signaler un contenu inapproprié

Tiens c'est bizarre ça: quand l'UE décide de réduire ses émissions industrielles (6% des émissions mondiales), sans faire gaffe aux délocalisations c'est une bonne chose et nous "montrons l'exemple" et quand USA et Chine décident de réduire les leurs (à peu près les 3/4 des émissions industrielles mondiales) ça n'est pas bien.
Résumons: la vertueuse UE, en cassant son industrie, réduit de 3% les émissions mondiales (en théorie car ce qu'elle ne produit plus est produit ailleurs, ajoutant les émissions du transport aux émissions de la production): résultat nul voire négatif.
Les méchants chinois (qui produisent ce que nous ne produisons plus) réduisent leurs émissions de 20%, soit 8% des émissions mondiales.
Les méchants américains idem.
La "vertu" n'est certainement pas où on croit...
PS: mes excuses pour les approximations

Albatros | 13 novembre 2014 à 11h29 Signaler un contenu inapproprié

Le leadership de l'Europe est donc en passe de fondre devant la coalition Sino américaine.
Sous réserve de nouvelles techniques rentables de production d'énergies inédites, la réduction du charbon sera compensée par l'augmentation de l'énergie fissile pour la production d'électricité et au gaz (y compris de schiste) pour la chaleur (moins émetteur que le charbon mais émetteur d'origine fossile néanmoins).
Rappel: pour l'Amérique et la Chine le nucléaire est une énergie propre.

ITC78 | 13 novembre 2014 à 12h43 Signaler un contenu inapproprié

Ce "leadership" n'a jamais existé ailleurs que dans les rêves des économistes en herbe de Dauphine: ces naïfs pensaient que l'ETS allait initier un marché mondial du carbone dont ils seraient l'épicentre...
Résultat: des dizaines de milliards d'euros évaporés en projets bidons (presque tous en Chine) et en escroqueries aux quotas (TVA).
Bravo.

Albatros | 13 novembre 2014 à 14h36 Signaler un contenu inapproprié

Pour les Etat Unis, 2020 doit correspondre au peak oil de leur huile/gaz de schiste et pour la Chine au passage au gaz, pétrole et nucléaire d'une partie de ce qui est aujourd'hui produit avec du charbon. En fait ces deux pays ne s'engagent à rien d'autre qu'à ce qui va arriver en ne faisant rien comme tous les autres

JCC | 13 novembre 2014 à 23h35 Signaler un contenu inapproprié

Cet accord n'en est pas un il n'est pas engageant, et surtout il permet aux USA et à la chine de bloquer le processus des négociations du prochain sommet, accepter d'atteindre les objectifs de Kyoto pour les USA (pas signés) en 2025 au lieu de 2012 effectivement bel effort, quand aux chinois ils promettent de freiner leurs émissions (déjà beaucoup trop hautes!!) et de ne pas dépasser le niveau qui sera atteint en .....2030!!!!.
Il faut noter quand même qu'ils ont décidés d’arrêter le petit jeu qui consistait à ce renvoyer la balle (c'est pas moi c'est toi) et qui permettait de continuer à ne rien faire.
bref un accord (une déclaration) qui n'en est pas un et qui fait une énorme publicité à nos 2 comiques et va permettre de limiter les exigences demandées à leur encontre, par les autres pays.
Quand à l'UE malgré quelques réfractaires clairement identifiés elle a réussi à mettre en place un accord certes pas suffisant mais néanmoins bien réel qui lui permet d’assumer un leader chip tout à fait justifié et d'éviter de recevoir des leçons des mangeurs de hamburgers

Il faut rappeler que la chine et les USA sont responsable de 45% du co2 émis dans le monde

lio | 14 novembre 2014 à 11h39 Signaler un contenu inapproprié

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