Ce mardi 19 janvier, l'Observatoire Société et Consommation (ObSoCo) et le cabinet Chronos, avec le soutien de l'Agence de la transition écologique (Ademe) et de la SNCF, ont présenté les résultats du quatrième observatoire des mobilités émergentes. Crise sanitaire oblige, cette édition de l'étude menée tous les deux ans auprès de 4 500 Français constitue un « hors-série ». Basée sur la période comprise entre les deux confinements (mai à octobre 2020), elle tente de tirer des conclusions pour le moyen terme. « Cette période est particulièrement intéressante à observer car elle se situe à un carrefour, entre la persistance de nouvelles habitudes prises durant ces huit premiers mois de crise sanitaire et déjà une forme de retour "à la normale" induit par la reprise de l'activité ayant suivi la rentrée de septembre », justifie les auteurs de l'observatoire.
Une démobilité satisfaisante
Premier constat marquant : les Français limitent leurs déplacements, y compris lorsqu'ils sont autorisés à sortir de chez eux. « Une démobilité s'est installée », constate l'étude qui met en avant le fait que 55 % des personnes interrogées déclarent réduire leur mobilité.
Deux stratégies permettent cela. La première est le recours au télétravail. L'étude montre que 42 % des personnes interrogées peuvent pratiquer leur travail à distance et 68 % de ces actifs continuent à recourir à cette possibilité en alternance (41 % des actifs concernés) ou à temps complet (27 %). Seconde stratégie de réduction des déplacements : le recours au « drive » et à l'e-commerce. L'étude montre que 41 % des Français recourent au drive, 38 % à l'achat en ligne de produits non alimentaires et 21 % à la livraison de produits alimentaires. Surtout, les personnes interrogées déclarent y recourir plus fréquemment.
Parallèlement, l'observatoire note une hausse de la satisfaction des Français à l'égard de la manière dont sont vécus les déplacements du quotidien. Celle-ci est « probablement portée par la réduction des incidents et celle plus générale de la saturation des réseaux de transport ». De même, la démobilité est perçue comme un effet positif. Dans le même esprit, les personnes interrogées jugent favorablement les aménagements mis en place par les collectivités, et en particulier les pistes cyclables (79 % de la population y sont favorables, contre 12 % qui s'y opposent) et la piétonnisation d'une partie des villes (76 % d'avis positifs et 15 % d'avis négatifs).
Marche en hausse, transports publics en baisse
Le second enseignement concerne les modes de transport utilisés. La grande gagnante est la marche à pied : 27 % des Français déclarent marcher plus (contre 5 % qui déclarent marcher moins). Le vélo est le deuxième gagnant avec un solde d'évolution qui progresse de six points : 11 % des Français y ont plus recours et 5 % moins recours. Quant à la voiture personnelle, elle connaît un attrait mitigé. La part des personnes qui l'utilisent plus (15 %) est très légèrement supérieure à celle des Français qui la délaissent (12 %).
S'agissant de la voiture, l'étude note un accroissement des clivages. « Une part, minoritaire (45 %) mais croissante, affiche une posture critique à l'égard de la voiture, tandis qu'à l'opposé du spectre, l'attachement au véhicule automobile et à la propriété de ce véhicule semble se renforcer. » En l'occurrence, 50 % des Français estiment que l'usage d'un service de mobilité sera la norme (plutôt que la propriété d'un mode de transport), mais cette proportion recule de 18 points en deux ans.
À l'opposé, les taxis (solde d'évolution de -4 points), le covoiturage (-6 points), le TGV (-8 points) et les transports collectifs urbains (-10 points) pâtissent de la crise sanitaire. L'étude souligne aussi, qu'au-delà de la réduction de l'usage des transports en commun liés à la démobilité, 63 % des personnes interrogées déclarent les éviter et privilégier d'autres modes de transport lorsqu'ils se déplacent. Si 52 % des Français (contre 32 %) font confiance aux opérateurs de transport public en matière de respect des règles sanitaires, les proportions sont diamétralement inversées concernant la confiance placée dans les autres usagers (34 % font confiance, contre 52 %).