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Actu-Environnement

Huit propositions phares pour sauver les océans

Une étude élaborée par la Commission Océan mondial propose un « package » de mesures donnant la priorité au contrôle international de la haute mer afin d'assurer le sauvetage du plus vaste écosystème vital de la planète.

Biodiversité  |    |  A. Sinaï

La totalité de l'océan mondial couvre près des trois-quarts de la surface de notre planète et atteint plusieurs milliers de mètres de profondeur. D'un volume de 1,3 milliard de kilomètres cubes d'eau, il constitue l'écosystème le plus vaste au monde et régule le maintien de la vie sur Terre. Il fournit un large éventail de ressources vitales pour les sociétés humaines. La haute mer constitue l'ensemble des zones de l'océan qui se trouvent en-dehors de toute juridiction nationale. Elle représente 64% de la surface totale de l'océan, soit 45% de la surface totale de la Terre. "La santé de la haute mer affecte la totalité de l'océan mondial ", alerte un rapport intitulé "Du déclin à la restauration - Un plan de sauvetage pour l'océan mondial (1) ".

Jamais les océans n'ont été à ce point exploités. Cela tient au fait que depuis les années 1950, les navires de pêche ont élargi leur zone d'opération grâce à des moteurs plus puissants, des systèmes de réfrigération et des engins de pêche plus sophistiqués – et dans certains cas plus destructeurs. Des palangres faisant jusqu'à 60 kilomètres de long sont à présent déployées en haute mer, les poissons sont détectés à l'aide de sonars et de dispositifs de concentration du poisson (DCP) et le chalutage de fond atteint plus de 2.200 mètres de profondeur.

Formée en février 2013 à l'initiative de Pew Charitable Trusts, la Commission Océan mondial est composée d'anciens chefs d'État et de gouvernement, de ministres et de chefs d'entreprise : José María Figueres, ancien président du Costa Rica, Trevor Manuel, ancien ministre du gouvernement d'Afrique du Sud et David Miliband, ancien ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni, en sont les co-présidents. "À moins d'enrayer le déclin de l'océan dans les cinq ans, la communauté internationale devra envisager de faire de la haute mer une zone de régénération interdite à toute exploitation jusqu'à la restauration de son état", déclarait José Maria Figueres lors de la présentation du rapport le 24 juin dernier.

Améliorer la gouvernance de la haute mer

Cette étude, conduite par les professeurs Alex Rogers du Sommerville College (Oxford, Royaume-Uni) et Rashid Sumaila de l'Université de Colombie britannique (Canada), pointe le manque de gouvernance appropriée de la haute mer comme principal problème : l'océan n'est pas géré comme un tout. Les réglementations relatives aux industries et aux activités telles que la pêche, le transport et l'exploitation minière sont toutes gérées séparément. Le système repose presque entièrement sur la doctrine de responsabilité de l'État du pavillon pour le comportement des navires. Dans les faits, les États du pavillon n'ont pas tous la capacité ou la volonté d'assumer la responsabilité des navires qui opèrent sous leur pavillon.

Elle en appelle à la négociation d'un nouvel accord dans le cadre de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) "afin d'accorder la priorité au bon état et à la résilience de l'océan, de restaurer sa productivité, de le protéger contre toute exploitation irresponsable, inefficace ou s'apparentant à du gaspillage, et de permettre la création d'aires marines protégées (AMP) en haute mer ". La nomination par le Secrétaire général des Nations unies d'un Représentant spécial pour l'océan, avec une mission claire et des ressources suffisantes, devrait accompagner ces mesures.

Fixer un objectif de développement durable de l'ONU pour l'océan mondial

Au sommet de Rio+ 20 en 2012, les États membres de l'ONU ont convenu de développer un ensemble de cibles pour protéger les océans. Celles-ci convergeront avec l'agenda de développement pour l'après-2015. Un groupe de travail ouvert auprès de l'Assemblée générale de l'ONU, composé de 30 membres, co-présidé par la Hongrie et le Kenya, prépare une proposition qui sera présentée à l'Assemblée générale avant septembre 2014.

Réduire la surcapacité des navires de pêche en éliminant les subventions nuisibles

La transparence totale concernant les subventions à la pêche, leur classification afin d'identifier et de distinguer celles qui sont nuisibles, le plafonnement immédiat suivi d'une suppression graduelle, dans les cinq ans, des subventions au carburant pour la pêche en haute mer, sont autant de réformes à fort impact potentiel. Malgré la surpêche et la surcapacité des navires, les pays accordent annuellement au moins 30 milliards de dollars de subventions à la pêche dont 60 % encouragent directement des pratiques non durables. Les subventions au carburant en représentent la plus grande part. Les pays développés octroient 70% des subventions à la pêche, les plus grands pourvoyeurs étant le Japon, la Chine, l'UE et les États-Unis.

Mettre fin à la pêche non déclarée et non réglementée

La Commission Océan mondial recommande l'extension à tous les navires de pêche en haute mer des obligations de numéros d'enregistrement auprès de l'Organisation maritime internationale et de suivi, déjà en vigueur pour les navires marchands ; l'interdiction du transbordement de poisson en mer ; la ratification et l'entrée en vigueur de l'Accord de la FAO sur les mesures du ressort de l'État du port ; l'approvisionnement des détaillants et des transformateurs en produits de la mer durables.

Stopper la pollution plastique de l'océan mondial

La diminution de l'utilisation de plastiques à usage unique est possible par des interventions directes des gouvernements et par des incitations pour les consommateurs, par la fixation d'objectifs de réduction quantitative et de leurs échéances, par des règlements qui imposent un contrôle des matériels de chalutage, retrouvés par dizaines de milliers au fond des océans et sur les rivages.

Établir des normes de sécurité pour le pétrole et le gaz offshore

Il s'agit d'élaborer des accords internationaux relatifs à des normes environnementales et de sécurité contraignantes pour le forage offshore, incluant des dispositions pour la préparation à l'intervention ; une convention internationale réglementant la responsabilité et l'indemnisation, couvrant à la fois les pertes économiques et les dommages écologiques.

Un Conseil de responsabilité de l'océan mondial

Le Conseil assumerait diverses fonctions : il suivrait notamment les progrès et le déclin et il fournirait un mécanisme permettant de demander des comptes à ceux qui exploitent actuellement la haute mer. Il permettrait aussi de mesurer si leurs activités sont conformes à la gestion exigée pour conserver la richesse et le bon état de ce bien commun mondial.

Créer une zone de régénération en haute mer

Les analyses scientifiques et économiques les plus récentes indiquent que faire de la haute mer une zone de régénération, exempte de pêche industrielle, présenterait pour l'humanité et la planète de nombreux bénéfices. Des réserves marines interdisant toute extraction et des fermetures de pêcheries aideraient à restaurer non seulement la biodiversité mais aussi à renforcer la résilience au changement climatique. Des études suggèrent même que la fermeture complète de la haute mer aurait des bénéfices significativement plus importants que dans d'autres scénarios avec seulement 10% et 50% protégés.

Cette fermeture accroîtrait également l'équité en haute mer. Les dix grandes nations de pêche hauturière débarquent 63% des captures de grandes espèces pélagiques réalisées en haute mer et se partagent 70% des valeurs au débarquement. En d'autres mots, dix pays seulement, dont la France, profitent de la plus grande part commerciale de ce patrimoine commun de l'humanité.

1. Consulter le rapport
http://www.globaloceancommission.org/fr/news/plan-de-la-sauvetage-de-locean-sur-cinq-ans/

Réactions10 réactions à cet article

c'est un bon début
mais il faut que les sanction soie implacable
envers les contrevenant
la sanctions doit être la saisie des navires
sans recours possible
et afin de préserve les océans l’obligation des bateaux double coques soie généralisé

laurent et pascal | 28 juin 2014 à 11h56 Signaler un contenu inapproprié

ça ne passera jamais trop d’intérêts sont en jeu, sans compter la nouvelle perspective d'exploitation des fonds sous marin.
L'homme est un cancer pour la planète il serait intéressant de connaitre son espérance de vie,quand est ce que les symptômes vont vraiment commencer à se faire sentir.
La vraie question est là

lio | 30 juin 2014 à 17h45 Signaler un contenu inapproprié

La haute-mer a de tous temps été une zone de non-droit offerte à tous les trafics des hors-la-loi. Tant ont intérêt à ce que rien ne change ! Ces belles intentions seront-elles plus qu'une liste au Père Noël ?!

dmg | 01 juillet 2014 à 06h32 Signaler un contenu inapproprié

Pourvu que cette commission soit entendue !
Allez les politiques,un peu de courage !

aurelie | 01 juillet 2014 à 08h56 Signaler un contenu inapproprié

Et créer un Giec des océans, ça aurait de la gueule, non?
Avec des conférences des parties tous les ans et des grands sommets où se déplaceraient les vedettes qui sauvent la planète à longueur d'année (Hulot et consorts), ce serait si bien...
On aurait un grand marché, des quotas, des consultants verts qui nous feraient mettre des étiquettes écolos sur de produits vendus par Leclerc (pas les chars, les magasins), et des grandes consciences pour nous faire la leçon régulièrement, et un ministre ou un grand ambassadeur, comme Rocard pour les pingouins (au fait, comment va-t-il, Rocard?) ... Que ce serait chouette alors!
Allez, s'il vous plaît, un GIEC des océans, pour sauver les océanologues. Marre des climatologues qui trustent tout avec le carbone!

Albatros | 01 juillet 2014 à 15h58 Signaler un contenu inapproprié

Oui Aurélie, demandons à nos politiques, sans nous lasser, de faire preuve de courage. D'abord pour écouter sérieusement ce que disent ces experts, ensuite pour se convaincre du bien fondé et de l'urgence de leurs propositions, puis d'accepter de fonder leur engagement politique sur ces principes écologistes et enfin de se battre, une foi élu, pour que les bonnes décisions soient prises par les gouvernants, à commencer contre les intérêts marchands, sourds et aveugles à ces préoccupations.

Jean-Claude Herrenschmidt | 01 juillet 2014 à 18h11 Signaler un contenu inapproprié

Ne pas hésiter à soutenir « Ocean Clean Up » (site "the ocean cleanup com") très bon concept démontré par les scientifiques et tests comme très efficace pour nettoyer les particules et déchets plastiques des océans. Déjà plus de 100 partenaires scientifiques, industriels et financiers (levée de fonds de 2 M$). Dispositif fixe (plateformes et barrières flottantes) fonctionnel dans 95% des cas (dont tempêtes) concentrant et captant la « soupe plastique ». La distribution verticale du plastique est concentrée dans les 3m sous la surface. Résultat : 80% du plastique capté mais pas les poissons ni plancton car pas de filets. De plus projet économique: 1 kg de plastique retiré = 4,50 € soit 33 fois moins que / méthodes classiques et recyclable. Bon bilan carbone (capteurs solaires). Tests effectués à Hawaï etc très probants. A nous de soutenir Boyan Slat pour que la mise en route soit rapide !

Véhicules solaires et solaire dans l'automobile | 01 juillet 2014 à 23h55 Signaler un contenu inapproprié

J'ai don été sur le site de Ocean cleanup. Vachement bien fait, comme toujours chez les américains. Evidemment on ne peut qu'encourager ce genre d'initiative car, pour l'instant, il s'impose.
Il ne faudrait pas pour autant que l'on se laisse aveugler pas ces "solutions" qui ne sont que des emplâtres sur des jambes de bois. La société de consommation, celle d'aujourd'hui, n'a que trop tendance à nous dissimuler la réalité des processus vicieux dans lesquels elle nous entraîne.
Imaginez par exemple que l'on se mette en devoir de faire fabriquer des objets en plastique par un tiers de la population active peu qualifiée, que l'on fasse utiliser ces objets par un deuxième tiers aussi chargé de balancer ceux-ci dans la mer dès qu'ils sont hors d'usage, et que le troisième tiers de l'humanité se consacre à faire des études pour trouver les moyens de s'en débarrasser; des rejets plastique, bien entendu. Serait-ce bien raisonnable ? Evidemment c'est caricatural. Mais, à tout bien considérer, n'est-ce pas le modèle de base de la société de consommation ?

Jean-Claude Herrenschmidt | 02 juillet 2014 à 14h52 Signaler un contenu inapproprié

Merci pour la mise en ligne de ces informations capitales, j'encourage les initiateurs et j' espère bien qu'ils seront soutenus par les grandes puissances pour son application.

Mamadou Samaké, Djenné Mali

Sam | 06 juillet 2014 à 14h37 Signaler un contenu inapproprié

Enfin une nouvelle pleine d'espoir pour nos océans.
Maintenant il faut tenir bon pour faire une belle réglementation et que l'ensemble des pays exploitants les ressources marines quel qu’elles soient, d'une part participe à leurs élaborations et d'autre part les fassent respecter.
C'est tout de même un petit brin de soleil qui vient éclairer nos océans.

Pierrot | 10 juillet 2014 à 16h03 Signaler un contenu inapproprié

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