La publication de l'étude du Criigen sur le maïs NK 603 a fait l'effet d'une bombe dans le milieu scientifique. Depuis l'annonce publique associée à la sortie d'un film et d'un livre, les prises de positions se multiplient. Plusieurs chercheurs français et étrangers ont ainsi émis des réserves sur les résultats présentés et la méthodologie employée. Les associations de protection de l'environnement appellent de leur côté à suspendre provisoirement l'OGM incriminé.
Mais la communauté scientifique s'inquiète surtout de l'emballement suscité par cette étude. Dans la revue Marianne, un collectif de chercheurs a exprimé leur colère et qualifié cette annonce de "coup médiatique" : "Une telle démarche n'est pas une démarche scientifique éthiquement correcte", peut-on lire dans la tribune.
L'indépendance de l'expertise au cœur du débat
Dans une autre tribune scientifique publiée cette fois dans Le Monde, de nombreux chercheurs appellent à la raison et à un débat serein sur la question des OGM. Ils proposent d'ailleurs que "des fonds suffisants soient alloués à l'équipe ayant publié cette étude pour vérifier leurs observations de façon complète et rigoureuse, en partenariat étroit avec l'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l'alimentation et de l'environnement."
La CLCV, association de défense des consommateurs, demande également de "sortir d'un affrontement stérile entre pro et anti OGM dont les consommateurs sont finalement les otages". Pour elle, cela passera par des études conçues et réalisées dans un réel souci d'indépendance et financées par la recherche publique. "Nous demandons qu'elles [les expérimentations] soient confiées à des instituts de recherche ou des agences d'Etat". Pour le financement, talon d'Achille de la recherche publique, l'association plaide pour instituer un fonds géré par les pouvoirs publics et abondé par des redevances payées par les firmes souhaitant commercialiser des OGM.