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Le gouvernement japonais autorise le redémarrage de deux réacteurs nucléaires

Le gouvernement japonais vient d'autoriser le redémarrage des réacteurs 3 et 4 de la centrale d'Ohi. Parallèlement, des tarifs d'achat pour les EnR ont été adoptés et le projet de loi instaurant une nouvelle autorité de sûreté progresse.

Energie  |    |  P. Collet
Le gouvernement japonais autorise le redémarrage de deux réacteurs nucléaires

Samedi 16 juin 2012, le gouvernement japonais a officiellement décidé de redémarrer les réacteurs 2 et 3 (1.180 mégawatts chacun) de la centrale d'Ohi située au centre du Japon sur la façade maritime ouest. Ces deux unités sont à l'arrêt depuis le 18 mars 2011 et le 22 juillet 2011 respectivement. Kansai, l'opérateur de la centrale, a annoncé qu'il faudrait six semaines pour parachever l'opération.

"A partir de ce que nous avons appris de la catastrophe de Fukushima, les mesures urgentes ont été prises en compte et le niveau de sûreté a été considérablement amélioré [à la centrale d'Ohi]", a justifié Yukio Edano, le ministre du Commerce en charge de la politique énergétique, rapporte Reuters.

En octobre 2011, Kansai avait été le premier opérateur à remettre les résultats de l'audit de sûreté lancé par l'Agence japonaise de sûreté nucléaire et industrielle (Nisa). En janvier 2012, un rapport provisoire estimait que les unités 2 et 3 d'Ohi supporteraient un séisme de magnitude 9.0 et un tsunami. Cependant, la procédure s'était achevée sur une controverse, lorsque que des observateurs ont demandé à avoir accès aux délibérations du panel d'experts retenu par la Nisa et ont mis en cause l'impartialité de ses membres.

Vers une nouvelle agence chargée de la sûreté

Vendredi, la chambre basse du parlement a approuvé la loi créant un nouvel organisme de régulation pour le nucléaire. La mise en place de la nouvelle autorité, qui doit remplacer la Nisa, ne devrait intervenir qu'en septembre. Si le texte est validé par la chambre haute, la nouvelle Autorité sera formée d'une commission de cinq membres et d'une agence reprenant les activités de la Nisa.
La révision de la règle limitant à 40 ans la durée de vie des réacteurs figure parmi les premiers dossiers dont sera chargée la future agence. Un sujet qui fait débat au Japon puisque le rallongement de la durée de vie des réacteurs est perçu comme un palliatif à l'impossibilité d'en construire de nouveaux.
Vers un redémarrage progressif

Cette annonce constitue une victoire pour le secteur nucléaire japonais puisqu'elle reflète l'inquiétude du Premier ministre, Yoshihiko Noda, concernant les éventuels dommages économiques que pourraient causer l'arrêt de l'ensemble du parc japonais. Le leader de la fédération patronale Keidanren s'est d'ailleurs réjoui en disant espérer que les autres réacteurs stoppés redémarreront aussi, rapporte l'AFP.

"J'image qu'il y aura un nombre important de redémarrages de réacteurs l'an prochain, le gouvernement Noda est étonnamment impatient", estime Jeffrey Kingston, spécialiste du Japon à la Temple University Japan interrogé par Reuters. "Fondamentalement, Yoshihiko Noda ne veut pas attendre, mais il attirerait la critique et s'il est malin le gouvernement devrait donc avancer prudemment", avance pour sa part Hiroshi Takahashi, chercheur à l'Institut de recherche Fujitsu et membre du panel chargé de conseiller le gouvernement en vue des nouveaux objectifs énergétiques qui devraient être présentés en août.

Les centrales situées sur la façade maritime ouest donnant sur la mer du Japon devraient être les premières à redémarrer. Actuellement, la Nisa a déjà validé les stress tests du réacteurs 3 de la centrale d'Ikata (au sud) et doit se pencher sur l'audit de deux des trois unités de la centrale de Tomari (au nord) et les deux unités de la centrale de Shika (au centre).

Pas de remise en cause de la réduction du nucléaire

Néanmoins, selon Yukio Edano, le redémarrage des deux réacteurs ne remet pas en cause la volonté du gouvernement de réduire de 30 à 15 % la dépendance de l'archipel vis à vis de l'atome. Cependant, au-delà des questions de court terme, la décision de redémarrer Ohi traduit la volonté du gouvernement de limiter autant que possible la hausse du prix de l'électricité pour assurer la compétitivité économique et limiter les délocalisations. Autant de signaux qui relativisent les annonces gouvernementales sur la volonté de réduire la part du nucléaire.

Le gouvernement, dont la popularité s'effrite inexorablement depuis sa nomination, pourrait subir le contrecoup de l'annonce. Reuters rapporte que 10.000 personnes se sont rassemblées vendredi soir sous les fenêtres du Premier ministre pour lui demander de renoncer à donner son feu vert. "La précipitation du Premier ministre à approuver dangereusement le redémarrage de la centrale nucléaire d'Ohi ignore les recommandations des spécialistes de la sûreté et le tollé public", a estimé pour sa part la branche japonaise de Greenpeace.

Parallèlement les opposants au nucléaire ont rassemblé plus de 7,5 millions de signatures dans le cadre d'une pétition demandant la sortie du nucléaire. De même, l'AFP rapporte que près d'un tiers des parlementaires japonais de la majorité ont signé une pétition pour demander au Premier ministre la plus grande prudence quant au redémarrage des réacteurs nucléaires de l'ouest du pays.

Fixation des tarifs d'achat EnR

Fin août 2011, le parlement japonais avait adopté une loi instaurant des tarifs d'achat mais laissant en suspend le montant de ces aides. C'est maintentant chose faite : lundi le ministre de l'industrie japonais, Yuki Edano, a présenté les tarifs d'achat de l'électricité produite à partir de sources renouvelables. Dès juillet, les fournisseurs d'électricité devront acheter à 42 yens (environ 42 centimes d'euros) le kilowattheure (kWh) photovoltaïque et à 23,1 yens (environ 23 centimes d'euros) le kWh éolien.

Le mécanisme, basé sur des contrats d'une durée de 20 ans, prévoit une hausse des prix de l'électricité afin de couvrir ces surcoûts avec un aménagement permettant de réduire de 80% ce surcoût pour les industrie électro-intensives et les habitants des zones dévastées par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011.

Selon le gouvernement japonais, ces tarifs devraient permettre d'accroitre à 22 gigawatts (GW) la capacité de production à partir des renouvelables d'ici mars 2013, contre 19,5 GW actuellement, le photovoltaïque devant y participer pour 2 GW. Le courtier CLSA, cité par Reuters, estime qu'ils pourraient accroitre de 30 milliards d'euros par an les revenus générés par les renouvelables dès 2016, permettant l'installation de 19 GW de panneaux solaires à cette date, contre un peu moins de 5 GW installés actuellement. L'éolien pourrait atteindre une puissance installée de 7,6 GW en 2016, pour environ 2 GW installés aujourd'hui.

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