La situation est très préoccupante pour les oiseaux de France métropolitaine. Tel est l'état des lieux que vient d'établir le Comité français de l'UICN et le Muséum national d'Histoire naturelle, en partenariat avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), la Société d'études ornithologiques de France (SEOF) et l'Office national de la chasse et de la faune sauvage.
« L'évaluation des 277 espèces d'oiseaux nicheurs en métropole révèle que 73 d'entre elles sont actuellement menacées, soit plus d'une espèce sur quatre (26%). Cette proportion est beaucoup plus élevée qu'au niveau mondial, où 12% des espèces d'oiseaux sont menacées d'extinction », précisent l'UICN et le Muséum, qui ont dressé une Liste rouge des espèces menacées en France.
Les raisons de cette perte de biodiversité ? L'intensification des pratiques agricoles, l'urbanisation et le drainage des zones humides, qui entraînent la régression des bocages et des prairies naturelles.
L'UICN et le Muséum citent ainsi plusieurs exemples : le râle des genêts, qui souffre de la disparition des prairies alluviales, a subi une diminution de 50% de ses effectifs en dix ans ; la pie-grièche à poitrine rose, classée en « danger critique », ne compte plus que 30 à 40 couples sur notre territoire.
« Les pollutions dues aux hydrocarbures et la réduction des ressources alimentaires liée au changement climatique affectent les oiseaux marins, comme le pingouin torda et le macareux moine. Les tirs au fusil et l'empoisonnement par des appâts toxiques menacent les rapaces, pourtant protégés, comme le milan royal », ajoutent les organisations.
Cette année, l'association a d'ores et déjà constaté leur arrivée plus tardive et en moins grand nombre.
"Ce phénomène est sans doute consécutif à la vague de froid et de pluie très marquée qui a touché plusieurs régions au printemps 2010", souligne-t-elle.
Cette dernière a entraîné une mortalité très importante, voire record, de milliers d'individus adultes, capables de se reproduire ou en train de couver, notamment en Auvergne et dans le Limousin.
La France a également une responsabilité particulière dans les menaces pesant sur les espèces migratrices.Parmi les quinze espèces migratrices en danger ou vulnérables, l'UICN et le Muséum citent le phragmite aquatique, « petit migrateur classé ''vulnérable'', victime de la dégradation des milieux humides qui affecte ses haltes migratoires ».
« Le changement climatique entraîne également le glissement vers le Nord des aires d'hivernage de certaines espèces, non menacées à l'échelle mondiale, mais qui ne sont désormais plus observées en métropole qu'en très faibles effectifs », détaillent les organisations.
C'est le cas de la macreuse brune et du cygne de Bewick, tous deux classés « en danger ».
Mais des actions de reconquête inespérées
Petite note optimiste toutefois, l'UICN et le Muséum mettent en avant les résultats positifs de plusieurs actions de conservation.
« La protection des rapaces, des hérons et des oiseaux coloniaux a permis des reconquêtes encore inespérées il y a 40 ans. Les actions de protection des zones humides engagées depuis trois décennies ont contribué à améliorer la situation de certaines espèces d'oiseaux d'eau », notent avec satisfaction les organisations.
« Et les plans nationaux d'action, mis en place récemment, devront permettre d'accentuer les efforts déployés pour les espèces les plus menacées », ajoutent-elles.
Reste que 26 espèces nicheuses et dix espèces hivernantes et de passage ont été identifiées comme « quasi menacées » sur notre territoire.