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Actu-Environnement

Les risques sanitaires en question dans les piscines et patinoires

Organisé par l'OQAI, le colloque sur la qualité de l'air intérieur a présenté les premiers résultats du Programme Enfants. Objectif : définir des stratégies de contrôles de l'air et de ventilation dans les lieux de loisirs fréquentés par les jeunes.

Risques  |    |  F. Ascher
Parce que l'on vit 90 % de son temps dans les lieux clos et environ 50 % chez soi, nous nous sommes demandés combien les enfants passent-ils de temps dans les lieux de garde et de loisirs, a expliqué Séverine Kirchner, coordinatrice scientifique de l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur(1). Sans oublier les femmes enceinte !Pour répondre à cette question, le bureau d'études Sépia Santé a enquêté par téléphone auprès de quelque 2780 ménages entre le 20 novembre 2006 et le 9 mars 2007. On sait ainsi, que 22,3 % d'enfants d'âge pré-scolaire et 27 % de maternelle fréquentent les haltes-garderies, crèches, etc, et que logiquement, le temps passé y est plus élevé que celui passé par les enfants scolarisés.

Côté loisirs, ce sont les salles de sport qui s'avèrent les plus fréquentées, tant en nombre d'enfants - plus de 70 % de collégiens et lycéens - que de temps passé. Viennent ensuite les cafés, bars, restaurants, puis les salles de cinémas, théâtres, spectacles, avec des temps moyens entre 8 et 10 minutes par jour. En revanche avec un temps de 12 mn par jour, les piscines représentent le 4ème lieu de loisirs en termes de fréquentation, surtout par les enfants du primaire. On apprend aussi que 41,6 % des femmes enceintes fréquentent au moins une fois la piscine durant leur grossesse et que le nombre de bébés nageurs est estimé à 3,7 % des enfants de moins de 3 ans. Quant à la fréquentation des patinoires, elle concerne moins de 5,6 % des enfants enquêtés, avec un pic de fréquentation durant les vacances scolaires.

Fort de ces résultats, si l'OQAI a décidé de mettre en place une campagne de mesurage de la pollution de l'air dans les salles de sport, celle concernant les piscines et les patinoires est d'ores et déjà finalisée. Sur les 1950 bassins couverts dont dispose la France, quelque 500 piscines ont en effet été investiguées auprès des gestionnaires, en particulier au niveau du traitement de l'eau. Dans notre pays, l'air des piscines ne fait l'objet d'aucune mesure réglementaire, a indiqué le docteur Claire Segala, responsable scientifique du BET Sépia Santé. Or, le chlore généralement utilisé pour désinfecter le bassin, engendre des sous-produits toxiques et irritants comme la trichloramine et le chloroforme, deux biocides qui peuvent augmenter les risques d'asthme, de bronchite chronique et de rhume des foins, en particulier chez les jeunes nageurs. Pour la trichloramine, l'INRS a proposé une valeur de confort de 0,5 mg/m3, parfois dépassée dans les études recensées. Quant au chloroforme, cancérigène pour l'homme, les concentrations rencontrées s'avèrent heureusement inférieures aux normes de référence habituellement utilisées en milieu professionnel (5-853 microg/m3).

De cette étude, il ressort également que l'agitation de l'eau, une température élevée du bassin, le recyclage de l'air et l'hygiène des baigneurs, favorisent la présence des polluants dans l'air. Autant de facteurs plus souvent réunis dans les centres ludiques et les bassins pour jeunes enfants,a fait remarquer le docteur Claire Segala !

Il faut noter que 38 % des piscines étudiées ont été mises en service entre 1975 et 1978 et que 36 % d'entre elles ont subi des travaux liés à l'amélioration du traitement de l'eau et/ou de l'air. Ainsi, 92 % des installations sont équipées de systèmes de recyclage d'air (automatiques vis-à-vis de la température et de l'hygrométrie dans 82 % des cas), 1% des établissements disposent d'une ventilation naturelle et 44 % déclarent ventiler par ouverture des fenêtres ou coupole de toit. En revanche, peu de piscines effectuent des contrôles réguliers de l'air.

Concernant le traitement de l'eau, les systèmes de filtration à sable sont les plus utilisés (85 %). Toutes les piscines utilisent du chlore et parfois du brome pour désinfecter l'eau. Lorsqu'elles disposent d'un système de déchloramination, il s'agit de lampes UV dans 53 % des cas. Si l'on doit lancer une campagne de mesure de la qualité de l'air, a recommandé la responsable scientifique du BET Sépia Santé, il y a lieu de prendre en compte dans le choix des établissements, le nombre de bassins, la fréquentation maximale autorisée, le type de public, le système de ventilation, la présence d'un dispositif destiné à réduire les chloramines et l'aspect découvrable ou non des bassins.Sans oublier d'adapter les conditions de prélèvements !

S'agissant des patinoires, les polluants de l'air intérieur sont principalement le CO, le NO2, les COV et les particules. Ces polluants proviennent des surfaceuses utilisées pour le lissage de la glace et des coupe-bordure, et surtout des engins à moteur thermique fonctionnant au gazole ou à l'essence, a poursuivi le docteur Claire Segala. Ils peuvent provoquer des intoxications au monoxyde de carbone et au dioxyde d'azote. Du reste dès 1993, un avis du CSHPF a préconisé l'utilisation de surfaceuses électriques moins polluantes avec des consignes d'entretien des machines et des conditions de ventilation (basse température, air sec, inversion de la température au niveau de la piste), assorties des niveaux de CO requis dans ces établissements. À noter, aucun contrôle sanitaire régulier n'est obligatoire, excepté pour les légionnelles en présence de tours aéroréfrigérantes !

Aujourd'hui, dans les 69 patinoires étudiées sur les 112 installations françaises recensées, 83 % des surfaceuses fonctionnent au gaz, 14 % à l'électricité et 3 % à l'essence. L'étude révèle que 50 % des surfaceuses à gaz disposent d'un pot favorisant l'échappement des gaz en hauteur, voire la réduction des émissions (pot catalytique). Si 12 % des patinoires enquêtées ne sont pas chauffées, l'énergie de chauffage utilisée par pulsion d'air dans les autres établissements - gaz (58 %), électricité (23 %) et fioul (13 %) - constitue une autre source possible de pollution intérieure. Quant à la ventilation des patinoires, elle est assurée par des systèmes d'extraction mécanique d'air (45 % des cas), des systèmes de recyclage d'air (46 %), ou une ventilation naturelle (7,5 %). D'après cette étude, 11,6 % des patinoires disposent de sondes CO permettant de réguler automatiquement la ventilation de l'établissement, tandis que 51,6 % déclarent réaliser de manière régulière ces mesures de CO.

De telles mesures ont été effectuées occasionnellement dans 25 % des patinoires, a toutefois précisé le docteur Claire Segala. Et certaines valeurs de CO pour des périodes hors
surfaçage, apparaissent supérieures et préoccupantes au regard des recommandations du CSHPF !
Quant aux NO2, COV et particules, aucune patinoire ne les a évoqués dans ses réponses. Autrement dit, dans l'optique d'une campagne de mesure de la qualité de l'air, il faudrait prendre en compte l'ensemble des paramètres évoqués dans le choix des établissements, et inclure la taille des pistes et les données de fréquentation scolaire, club ou autre.

Après l'étude nationale sur la qualité de l'air intérieur des logements français menée entre 2003 et 2005, l'OQAI a donc étendu son champ d'actions à toutes les typologies d'espaces privés ou recevant du public. Outre les lieux de vie fréquentés par les enfants, un second Programme Bureaux est lancé qui fera l'objet d'une campagne nationale en 2008. Des travaux sont d'ores et déjà engagés sur l'élaboration d'indices de qualité de l'air intérieur dans l'habitat. Un protocole harmonisé pour la mesure de la qualité de l'air à l'intérieur des établissements d'enseignement sera mis à disposition mi 2008... Au regard du temps passé à l'intérieur des bâtiments, la question de l'air intérieur et des risques sanitaires s'est imposée comme une problématique à elle seule il y a dix ans, a constaté Alain Maugard, président du CSTB, lors d'une table ronde. Elle doit déboucher sur une meilleure connaissance des matériaux, générer un progrès au niveau des produits de construction et une nouvelle culture du comportement des usagers.Venu clôturer les débats de la journée, Laurent Michel de la Direction de la prévention et des risques du Ministère de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables, a estimé pour sa part que le socle construit allait permettre d'agir. Les bras manqueront plus que le travail, a-t-il auguré !


1/ Les travaux de l'OQAI figurent dans les actions prioritaires du Plan national Santé Environnement. Coordonnées par le CSTB, son opérateur, ils mobilisent notamment les experts du CSTB, en collaboration avec l'INERIS, l'AFSSET, le LHVP, l'INSERM, et les AASQA (Associations agrées de surveillance de la qualité de l'air), afin de répondre aux objectifs du Grenelle.

2/ Voir tous les résultats sur www.air-interieur.org

Réactions3 réactions à cet article

l'air intérieur et le pvc

on entends beaucoup de chose sur les polluants que dégagent les pvc pendant 10ans, qui peut me dire quel étude sérieuse et reconnue et accessible au public. Ou la trouve t'ont ?

mido | 06 décembre 2007 à 15h36 Signaler un contenu inapproprié
Excellent dossier

Il est evident que les produits toxiques et chimiques utilises dans les lieux publics et prives (ecoles, hopitaux, maisons ...) sont extrement dangereux pour la sante. Il serait donc souhaitable de reviser les ingredients mis en vente. ' Non, pas de cigarette' n'est pas assez et les personnes qui se sentent 'en securite' vont peu-etre reflechir aux produits qu'ils utilisent 'sous le nez de leurs enfants' quand ils sont en train de faire briller leur meubles!! Ou qu'il mettent dans leur bouche ou sur leur peau. !!!

asuddoo | 06 décembre 2007 à 16h25 Signaler un contenu inapproprié
Attention aux poumons de nos enfants

On lis dans l'article :
"Quant au chloroforme, cancérigène pour l'homme, les concentrations rencontrées s'avèrent heureusement inférieures aux normes de référence habituellement utilisées en milieu professionnel (5-853 microg/m3)".

Comment peut-on se réferer à des normes destinées aux adultes pour parler d'impact potentiel pour des enfants ! En effet, les poumons des enfants ne sont réellement formés qu'à l'âge de 8 ans. Jusque là, il sont beaucoup plus sensibles aux pollutions que chez un adulte.

Personnellement, je trouve risquée la pratique du Bébé nageur.

LP | 06 décembre 2007 à 16h36 Signaler un contenu inapproprié

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