Cette contribution est en revanche plus forte pour les émissions de gaz à effet de serre : 7,6% des émissions de CO2 de la région Ile-de-France seraient imputables à la collecte et au traitement des ordures ménagères. L'ORDIF remarque également un fort impact sur le trafic : 1,5% des kilomètres parcourus par les poids lourds en Ile-de-France sont le fait des collectes de déchets.
Plusieurs outils existent
Afin que les acteurs locaux franciliens appréhendent la part de ces résultats imputable à leur territoire et la réduisent, l'ORDIF appuie et encourage le recours à des outils d'observation et d'aide à la décision. Il en existe plusieurs, basés sur des méthodologies générales et plus ou moins bien adaptés au monde des déchets.
C'est le cas notamment de l'approche par l'empreinte écologique. Cet outil permet d'évaluer un équivalent de la surface de la planète nécessaire à la satisfaction des besoins de l'activité. La méthode peut être appliquée à tout secteur dès lors que les facteurs de conversion en hectares existent. À l'échelle d'un centre de traitement de déchets par exemple, cela se traduit en « m2 nécessaire pour traiter 1 tonne de déchets » en intégrant la surface consommée par les infrastructures, la surface nécessaire à la production de biomasse équivalente à l'énergie consommée, la surface de forêt nécessaire à l'absorption du CO2 émis, etc. L'application de cette méthode au centre de recyclage de Gennevilliers a démontré qu'une tonne de déchets entrant sur le site évite une consommation de 142 m2 de surface productive, a ainsi expliqué Christophe Beurois de la société Médiation et Environnement lors d'une conférence de l'ORDIF. Précisons que ce résultat est issu d'une comparaison avec une situation où il n'y aurait pas du tout de recyclage.
Plus que l'impact global, l'empreinte écologique permet surtout de comparer des situations et des scénarios. L'étude sur le site de Gennevilliers a d'ailleurs démontré que si le site augmentait sa performance de tri de 10%, l'empreinte écologique serait réduite de 9% alors qu'une diminution des consommations globales du site ne la réduirait pas d'autant.
Cependant l'empreinte écologique n'intègre pas tous les impacts possibles car il n'existe pas de facteurs de conversion pour certains aspects. Cet outil ne prend pas en compte par exemple les impacts des émissions de polluants dans l'eau, les impacts sur la biodiversité ou les impacts sanitaires.
D'autres outils sont en revanche plus complets. C'est le cas notamment de l'analyse du cycle de vie qui consiste à établir le bilan des flux entrants et sortants au cours du cycle de vie d'un produit ou d'un service. L'ACV d'un système de gestion des déchets consiste en l'analyse des impacts de la collecte des déchets jusqu'à leur valorisation ou leur mise en décharge. Précise et détaillée, l'ACV est une méthode longue et coûteuse. Eco-emballages s'en est toutefois inspiré pour réaliser un logiciel destiné aux collectivités. Baptisé E-impact, ce logiciel est une version simplifiée d'une AVC car il se concentre sur 11 impacts. Les hypothèses de calcul sont déjà fixées et permettent de comparer plusieurs logistiques déchets. Cette version simplifiée peut parfois s'avérer frustrante, témoigne Magalie Servignat de la Communauté urbaine de Lyon qui regrette que les déchetteries ne soient pas intégrées dans le programme. Mais les résultats sont présentés de manière claire ce qui peut être un atout pour une communication efficace surtout à destination des élus, explique-t-elle.
D'autres outils sont encore plus restreints car ils ne portent que sur un seul impact. C'est le cas notamment du Bilan Carbone développée par l'ADEME et qui ne porte que sur les émissions de gaz à effet de serre. L'association d'entreprises EpE a adapté récemment l'outil au domaine des déchets mais le Bilan Carbone se prête mal à une application par activité.
Choisir celui le plus adapté à la situation et aux objectifs recherchés
Face à cette palette d'outils, l'ORDIF ne préconise pas un outil par rapport à d'autres. Certains peuvent permettre de « déblayer le terrain » pour voir ce que veut approfondir la collectivité, précise toutefois Jean-Benoît Bel, Chef de projet Environnement et prévention à l'ORDIF. Patrice Auclair du cabinet Effet de Levier conseille de son côté de débuter par le plus simple avant d'intégrer d'autres impacts.
L'ORDIF rappelle par ailleurs qu'il n'existe pas de mauvais outils, mais plutôt des outils plus ou moins adaptés à telle ou telle situation et surtout à l'objectif fixé. La simplicité d'utilisation peut être favorisée au détriment de la précision ou de la transparence de l'outil alors que l'exhaustivité d'un résultat peut limiter sa visibilité, précise Jean-Benoît Bel.
Toutefois certains n'arrivent pas à trouver leur bonheur et développent leurs propres outils. C'est par exemple le cas de Veolia Propreté qui a développé récemment GHG Tracker, un outil interne visant a estimé les émissions de gaz à effet de serre de son activité.