Le ministère de la Transition écologique prévoit de poursuivre jusqu'au 1er novembre 2020 l'expérimentation de mesures d'effarouchement de l'ours initiée en 2019. À cet effet, il soumet un projet d'arrêté à la consultation du public jusqu'au 22 mai.
« En 2019, 738 attaques ont été recensées dans les Pyrénées, dont 362 ont été indemnisées au titre des dommages dus à l'ours, totalisant 1 173 animaux tués et 36 ruches détruites », justifie le ministère. Le projet d'arrêté prévoit toujours deux catégories de mesures d'effarouchement : des mesures simples, à l'aide de moyens sonores, olfactifs et lumineux, et des mesures renforcées, consistant en des tirs non létaux et l'intervention de chiens adaptés.
Le 30 mars dernier, le Conseil national de la protection de la nature (CNPN) a émis un avis défavorable à l'unanimité contre le projet d'arrêté, tout comme il l'avait fait sur le texte précédent. « L'effarouchement de cette espèce protégée constitue une dérogation à la protection de l'espèce (…) et, dans le cas précis, à l'interdiction de perturbation intentionnelle. Elle est donc liée au respect de trois conditions : ne pas nuire à la conservation de l'espèce, ne l'appliquer qu'en cas de dommages importants, et s'il n'existe pas d'autre solution satisfaisante. Trois conditions cumulatives qui ne sont toujours pas remplies ici », estime l'instance consultative.
« Déjà "expérimentée" en 2019, ces actions d'effarouchement n'ont montré aucune efficacité. Aucune étude dans le monde n'en montre la pertinence. Elles préconisent au contraire toutes de privilégier les techniques de protection des troupeaux », réagissent les associations Pays de l'Ours-Adet et Férus. Le collectif Cap Ours avait attaqué l'arrêté de 2019 devant le Conseil d'État, mais celui-ci n'a pas encore rendu sa décision. Les ONG annoncent vouloir faire de même avec ce nouveau texte s'il venait à être publié.
Selon le bilan 2019 rendu public le 24 avril dernier, la population d'ours est estimée à 52 individus dans les Pyrénées. Le 14 janvier dernier, sensible aux revendications des éleveurs révoltés contre le lâcher de deux ourses slovènes en octobre 2018, Emmanuel Macron a annoncé l'arrêt des réintroductions.