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Quels outils pour améliorer la gestion des pollutions accidentelles ?

Pour améliorer la gestion des déversements accidentels dans les cours d'eau, plusieurs leviers sont à actionner : la formation des acteurs, la mutualisation des outils et connaissances mais également le recours à des experts des milieux naturels.

TECHNIQUE  |  Eau  |    |  D. Laperche
Quels outils pour améliorer la gestion des pollutions accidentelles ?

"La gestion de la pollution accidentelle des eaux superficielles s'améliore, considère Arnaud Guéna, adjoint au directeur du Centre de documentation, de recherche et d'expérimentation sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre). Au début de ma carrière, lors d'une inondation par exemple, l'impact sur le milieu n'était pas pris en compte, aujourd'hui, il y a une préoccupation pour traiter cette pollution".

La difficulté réside désormais dans les outils mis oeuvre et la réponse apportée. Côté moyens : les bons élèves sont généralement dans les départements qui présentent des risques industriels forts : les enjeux les obligent à se préparer et s'équiper pour affronter l'accident. Au final, sur l'ensemble du territoire, la gestion de la crise n'est pas homogène. Par exemple, lors de la crue de la Seine de mai et juin 2016, la prise en charge de la pollution aux hydrocarbures par les collectivités a été variable d'un secteur à l'autre. "Certains territoires, comme la Seine-et-Marne ou l'Essonne, ont intégré cette problématique dès la phase de décrue, note un document retour d'expériences du groupement de recherche Piren Seine. La plupart des gestionnaires n'ont cependant pas bénéficié d'une telle organisation des secours et des experts pour prendre en charge cette pollution (…) et se sont retrouvés démunis pour faire face aux interpellations des populations".

Du côté des industriels, la situation est toute aussi diverse. Si certains disposent d'équipement et forme leurs personnels, d'autres n'ont pas la préparation qui correspond au risque qu'il représente. "Nous pouvons comprendre que des collectivités privilégient par exemple le risque incendie pour équiper leurs pompiers et investissent moins pour les pollutions accidentelles des cours d'eau, pointe Arnaud Guéna. Mais l'artisan ou l'industriel qui génère le risque, pourrait être plus poussés à être capable de le gérer".

Place à la formation

Parmi les pistes d'amélioration proposées par l'adjoint au directeur du Cedre, figure en bonne place la formation des différents acteurs : les industriels comme les services de l'Etat ou encore les pompiers. "Très souvent les questions concernant l'environnement sont abordées par le prisme pollution chronique de l'entreprise", constate Arnaud Guéna. La préparation au risque constitue un autre axe d'amélioration notamment concernant l'élaboration des plans ou procédures d'urgence. "Dans les plans d'urgence, la réponse organisée se concentre sur le maintien de la production d'eau potable,les questions sur la gestion de l'eau polluée sont très peu abordées", souligne-t-il. Autre document qui devrait intégrer ces problématiques : les plans de reconquête de la qualité des eaux. "La prise en charge de la pollution diffuse reste essentielle car celle-ci s'inscrit dans la durée, toutefois une pollution accidentelle peut ruiner tous les efforts", argumente-t-il.

Des leviers réglementaires à actionner

Dans son retour d'expérience de la crue de mai-juin 2016, le groupement de recherche Piren Seine conseille notamment des mesures comme l'interdiction des cuves en zone inondable. "Il faudrait faire de la prévention sur le stockage des produits dangereux et identifier les sources potentielles en période de crue, par exemple des déchetteries en zones inondables", a proposé lors d'une journée de formation Oieau dédiée aux pollutions accidentelles, Aline Cattan, chef de service connaissance des milieux aquatiques à l'Agence de l'eau Seine-Normandie. Certaines industries se sont implantées de longue date à proximité de cours d'eau. "Il faut que toutes les mesures soient prises, à l'intérieur et extérieur du site, pour que, en cas de montée des eaux, un maximum de produits soit hors d'eau, souligne Arnaud Guéna. Ensuite, au fur et à mesure que les sites se rénovent ou s'installent, nous pouvons imposer de nouvelles exigences".

Des conventions pour mettre les équipements en commun

Autre outil : la mutualisation des équipements entre les acteurs notamment industriels et pompiers. Ces derniers pourraient également organiser des exercices de préparation en commun. "Généralement des exercices incendie sont organisés tous les six mois, mais il est très rare de faire des exercices pollutions accidentelles des cours d'eau", note Arnaud Guéna.

“ Ce serait intéressant d'avoir un référent milieu naturel qui permette d'identifier les milieux les plus sensibles en période de crue ” Aline Cattan, Agence de l'eau Seine Normandie

La connaissance des différents intervenants potentiels du territoire s'avère également un bon atout. "Connaître mutuellement les métiers des acteurs est important pour mieux gérer les impacts", a témoigné lors de la journée de l'Oieau, Freddy Got, responsable du service assainissement Presqu'île de Guérande pour Veolia. Ce dernier a dû faire face en mai 2017 à la pollution des marais par des eaux usées non traitées à cause d'un dysfonctionnement d'un poste de relevage. Des rencontres ultérieures avec les paludiers et pêcheurs du secteur ont montré que ces derniers auraient pu contenir plus rapidement la pollution que la solution déployée par l'exploitant.

Un expert pour adapter la réponse

Un grand nombre d'acteurs sont concernés par la qualité de l'eau. Ils ne partagent pas forcément les mêmes objectifs de dépollution et porteront des propositions différentes en cas d'aléas. "Ce serait intéressant d'avoir un référent milieu naturel qui permette d'identifier les milieux les plus sensibles en période de crue", propose Aline Cattan, chef de service connaissance des milieux aquatiques à l'Agence de l'eau Seine- Normandie. Si le recours à ce type d'expert est commun dans le cadre des eaux littorales, ce n'est pas le cas pour les eaux intérieures. L'appui d'une expertise permet également de choisir des solutions adaptées à la situation. "Dans certains cas de déversement en eaux intérieures, nous allons recommander de ne pas nettoyer car nous risquerions de plus impacter le site, par exemple, en entraînant la migration de la pollution vers le fond de la vase, détaille Arnaud Guéna. Dans une situation similaire, même si le milieu est sensible, nous nettoierons car le pétrole en question est visqueux et risque de rester longtemps dans l'environnement".

Un nettoyage post aléas à organiser

Un certain nombre de question se pose toujours après l'accident en phase de nettoyage. Ainsi dans son retour d'expérience, le Piren Seine pointe que les absorbants mis en place pour récupérer et stocker les hydrocarbures constituent une source de pollution possible lors de la décrue. "Désormais considérés comme des déchets, ils n'entrent plus dans les missions des pompiers et aucun acteur ne semble vouloir prendre le relais, faute de savoir qui devra assumer le coût financier d'une telle opération", rapporte le document.

Réactions1 réaction à cet article

Bonjour,
Votre article précise à juste titre que tous les territoires n'ont pas le même dynamisme face à la problématique des pollutions des eaux intérieures or, c'est pourtant une affaire de décision politique qu'un département actualise son organisation de prévision et de moyens de lutte contre les pollutions accidentelles.
Les préfets et leurs SIDPC sont pourtant des aiguillonneurs permanents mais, d'un territoire à l'autre les prises de conscience ne donnent pas la même réactivité.
Nous avons tous notre rôle à jouer et en cela votre article est intéressant.

(Officier sapeur pompier expert pollution des eaux)

R. | 31 janvier 2019 à 18h36 Signaler un contenu inapproprié

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