Cette fois, l'association Respire, spécialisée dans la qualité de l'air, et le syndicat SAT-RATP ont été entendus. Deux ans après leur dépôt de plaintes contre la RATP pour « tromperie aggravée et blessures involontaires » et pour « mise en danger d'autrui et blessures involontaires », le Parquet vient d'ordonner l'ouverture d'une enquête, confiée aux enquêteurs spécialisés de l' Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP).
Les deux organisations reprochent à la régie de transport de connaître les importants risques sanitaires liés à la forte pollution de l'air à l'intérieur de ses enceintes, mais de s'abstenir délibérément d'en informer ses usagers et de ses salariés. « Il est temps de lever la loi du silence et que la RATP dise la vérité aux usagers, souligne Tony Renucci, directeur général de Respire. Elle fait ses propres mesures et elle est sensibilisée sur ce point par les autorités sanitaires depuis le début des années 2000. » En 2001, le Conseil supérieur d'hygiène publique de France (CSHPF) avait en effet alerté la Régie sur ce sujet, suivi en 2012 et en 2013 par le service de santé au travail de la RATP, puis en 2015 par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
L'association se félicite de l'ouverture de cette enquête, qui « confirme le sérieux de la plainte déposée et la gravité des faits qu'elle dénonce », selon son avocate, maître Julia Cancelier. À l'issue de ces investigations, Respire attend l'ouverture d'une instruction par le procureur de Paris, avec l'objectif de voir la RATP mettre en œuvre des actions de mesures plus complètes, d'information et de réduction de cette pollution : renouvellement des matériels roulants, utilisation de systèmes de freinage moins émissifs et amélioration de la ventilation, notamment. La régie, pour sa part, assure mettre à la disposition de tous les données de ses mesures de la qualité de l'air, « consultables en temps réel via un site dédié ».