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Actu-Environnement

Accident de Paluel : l'ASN pointe des défaillances du dispositif de levage

La chute du générateur de vapeur pourrait avoir pour origine un défaut de montage du dispositif de levage et/ou des vérifications insuffisantes. EDF doit évaluer les impacts potentiels de l'accident, notamment ceux relatifs au bâtiment réacteur.

Risques  |    |  P. Collet
Accident de Paluel : l'ASN pointe des défaillances du dispositif de levage

Vendredi 8 avril, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a publié la lettre de suite de son inspection réalisée quelques heures après l'accident survenu le 31 mars à la centrale nucléaire de Paluel (Seine-Maritime). Les premières constatations semblent indiquer que la chute du générateur de vapeur pourrait être due à un montage défectueux de l'équipement de levage et/ou un défaut de vérification du dispositif.

Une inspection sur pièces

La sécurisation du bâtiment réacteur étant encore en cours lors de l'inspection de l'ASN, les inspecteurs ont évalué la situation grâce aux caméras installées pour suivre le remplacement des générateurs de vapeur, aux documents relatifs aux opérations de levage et au relevé des premières actions d'EDF. Concernant les caméras, des employés d'EDF ont indiqué avoir vu la chute en direct grâce à elles, mais que les images n'avaient pas été enregistrées. L'ASN demande toutefois à la direction de la centrale de "confirmer l'enregistrement ou non des images de la chute du générateur de vapeur".
Comme attendu, l'ASN demande à EDF de présenter des "conclusions argumentées" sur les causes de l'accident, "tant sur les plans techniques qu'organisationnels et humains". L'entreprise doit répondre aux questions de l'ASN sous un mois et "identifier clairement" les engagements qu'elle compte prendre en précisant l'échéance de réalisation.

Pour rappel, le 31 mars, lors d'une opération de manutention, un générateur de vapeur usé a chuté dans le bâtiment du réacteur 2 de la centrale. L'accident a eu lieu alors que le réacteur est à l'arrêt depuis mai 2015 dans le cadre de la troisième visite décennale. A cette occasion, les quatre générateurs de vapeur du circuit primaire doivent être remplacés. Lors du transfert à l'horizontal d'un des générateurs, l'équipement de 22 mètres de haut et pesant 465 tonnes a basculé depuis une position quasi-verticale. Il est tombé sur les plateaux de protection en acier qui recouvrent la piscine du bâtiment du réacteur. Cette dernière était vide.

Format des documents et vérification du montage

"Les premières actions d'EDF à la suite de cet événement sont globalement satisfaisantes et [l'entreprise a] transmis les informations disponibles avec transparence", rapporte l'Autorité.

A ce stade, la mise en sécurité du bâtiment doit être poursuivie, les causes de l'accident restent encore à identifier et un plan d'action "adapté aux enjeux" doit être défini "dans le respect des conditions de sécurité requises pour les intervenants". Parmi les urgences, l'ASN demande à EDF de se "prononcer [dès que possible] sur la stabilité du générateur (...) et sur les éventuels mouvements". EDF devra, si besoin, étudier et expliquer les dispositions qu'elle compte prendre pour stabiliser le générateur de vapeur à moyen terme, notamment en cas de séisme. L'Autorité doit être informée avant toute intervention.

S'agissant des causes potentielles de l'accident, l'Autorité attire l'attention sur la préparation de l'opération de manutention des générateurs de vapeur. Elle constate tout d'abord que la notice d'utilisation du palonnier servant à lever les générateurs de vapeur est au format A0 (84,1 par 118,9 cm, soit 1 m2). Mais, le document fourni aux intervenants pour le montage est une version au format A3 (29,7 par 42 cm, soit 0,125 m2). "Il apparaît que, sous ce format, le texte de la notice d'utilisation reste lisible mais toutefois difficilement", note l'ASN, qui demande à EDF de "veiller à ce que les documents nécessaires soient fournis aux intervenants (...) selon le format indiqué, de sorte que toutes les informations utiles soient aisément disponibles et facilement lisibles".

De plus, la préparation du pont polaire pour le levage du générateur de vapeur a été réalisée le 11 octobre 2015 et vérifiée le 20 mars, soit cinq mois après. L'ASN demande à EDF de s'expliquer "sur [ce] délai (...) ainsi que sur l'incidence potentielle de ce délai sur la pertinence et la complétude de la vérification effectuée". Toujours au registre des vérifications, l'ASN note qu'il n'y a pas eu d'autres vérifications, alors que le dispositif a été utilisé pour lever deux générateurs de vapeur au cours des dix jours suivants. L'accident a eu lieu lors de la manutention du troisième générateur.

Les questions relatives au montage et sa vérification semblent d'autant plus cruciales que, selon les premières observations, l'installation du palonnier paraît être en cause. L'ASN envisage cette hypothèse, car le palonnier a chuté avec ses élingues. Le vérin à câble monté sur le pont polaire est resté en place.

Quels dégâts a subi le bâtiment réacteur ?

La chute du générateur de vapeur et du palonnier a causé des dommages dans le bâtiment réacteur : chute du mât de soutènement du pont polaire et dommages sur certains des plateaux de protection recouvrant la piscine du bâtiment réacteur. Par ailleurs, des débris sont visibles au niveau de la dalle sur laquelle a chuté le générateur de vapeur.

L'ASN fait plusieurs demandes. Tout d'abord, EDF doit "identifier les conséquences éventuelles de la chute du générateur de vapeur sur les structures, notamment de génie civil, et équipements du bâtiment". Ensuite, l'électricien doit "statuer sur l'intégrité de la paroi externe du générateur de vapeur [et] sur la tenue des obturations d'orifices mises en place sur ce générateur de vapeur". Enfin, il doit expliquer comment il va prendre en compte des conséquences éventuelles sur la sécurité, la santé et la salubrité publiques ou la protection de la nature et de l'environnement.

Concernant la radioactivité, EDF a indiqué à l'ASN qu'une balise de mesure de la radioactivité dans l'air du bâtiment avait enregistré, lors de l'accident et le lendemain, une activité radiologique "globalement constante" et correspondant au bruit de fond habituel (environ 1 becquerel par m3). L'ASN réclame les relevés de la balise pour les deux journées et veut être informée "de toute évolution éventuelle".

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