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Actu-Environnement

Parc national de Port-Cros : l'Ae pointe l'enjeu de l'impact des activités touristiques

L'Autorité environnementale vient de rendre son avis sur le projet de charte du PNPC. L'absence d'évaluation de la capacité de charge du parc soulève de nombreuses questions quant à l'impact du tourisme sur l'exceptionnelle richesse du site.

Biodiversité  |    |  P. Collet

Dans un avis (1) relatif au projet de charte du parc national de Port-Cros (PNPC), rendu mercredi 5 novembre, l'Autorité environnementale (Ae) souligne que les problématiques de très forte fréquentation saisonnière et de protection des espaces présentant une exceptionnelle richesse en termes de biodiversité, de patrimoine culturel et de paysages tant sur terre qu'en mer, "peuvent se traduire par des tensions que la charte prend en compte mais qui sont susceptibles de conduire à des difficultés de mise en œuvre". Dans ce contexte, l'Autorité demande que soit définis des "seuils d'équilibre quantitatif et qualitatif de fréquentation maximum", à partir de la capacité de charge du parc.

Telle est la principale inquiétude de l'Ae du conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) qui identifie ce qui constitue, selon elle, les cinq enjeux principaux du projet de charte du parc varois : la préservation de la biodiversité et des fonctionnalités écologiques des milieux naturels, la préservation du paysage littoral, maritime et insulaire, la maîtrise des impacts des activités humaines en prenant en compte la capacité de charge des milieux, notamment concernant l'eau et les déchets, les risques naturels et l'expérimentation d'une démarche d'écoresponsabilité sur les îles.

Le projet de charte, porté par le conseil d'administration du parc, est issu d'une concertation conduite avec les acteurs du territoire et les élus depuis 2010. Il a été approuvé par le bureau du conseil d'administration le 17 juillet 2014.

Quid de la capacité de charge du PNPC ?

De manière générale, l'Ae recommande "de faire apparaître dans une présentation plus rigoureuse de quelle façon les différentes dispositions de la charte (…) pourront infléchir dans un sens favorable les évolutions tendancielles actuelles au regard des enjeux environnementaux identifiés dans la charte". Elle reproche en particulier à l'étude d'impact de n'identifier aucun effet probable négatif non maîtrisé, une absence qui "conduit le lecteur à s'interroger sur l'étalonnage de la méthode". En l'occurrence, l'Autorité ne conteste pas le caractère a priori favorable des dispositions de la charte, "mais elle constate que l'analyse ainsi présentée ne permet pas d'apprécier avec rigueur (…) les apports positifs de la charte au regard de la situation passée et actuelle".

S'agissant de la charte à proprement parler, l'Ae émet cinq recommandations. Tout d'abord, elle suggère d'illustrer par des mesures concrètes l'adaptation des dispositifs de gestion, d'animation et d'aménagement en fonction de la saison. Il s'agit en particulier de préciser en quoi cette adaptation tiendra compte des périodes de forte sensibilité écologique pour la faune et la flore.

L'Ae demande aussi que les déplacements actuels soient chiffrés, ainsi que les évolutions attendues du fait de la charte qui vise à maîtriser la fréquentation des cœurs terrestres et maritimes. L'avis de l'Ae signale qu'on compte 130.000 habitants dans le périmètre du PNPC et presque 500.000 dans l'aire toulonnaise. Par ailleurs, le nombre annuel de visiteurs est de l'ordre du million.

Le troisième reproche formulé par l'Ae à l'encontre de la charte concerne l'évaluation peu précise des impacts environnementaux des difficultés dans le traitement de l'eau et des déchets. En effet, le site de traitement des déchets de l'île de Porquerolles doit être restructuré et pérennisé ; le traitement des déchets des quatre communes de l'est du périmètre (2) est entièrement conditionné au devenir de la décharge du Balançan dont le Programme d'Intérêt Général (PIG) visant l'extension a été annulé fin 2013 ; la station d'épuration Lavandou - Cavalaire - le Rayol n'est pas aux normes ; des dysfonctionnements ont été mis en évidence au niveau de la station d'épuration (STEP) de Porquerolles.

Conséquence des points précédents, l'Ae recommande de "conduire rapidement le travail de concertation sur la définition des capacités de charge des cœurs". Il s'agit de "déterminer le seuil de fréquentation au-delà duquel on observe des impacts environnementaux, parfois irréversibles, ainsi qu'une altération de la qualité générale d'accueil, par la saturation des infrastructures et des équipements", rappelle l'Ae, citant la charte du PNPC et ajoutant que "c'est aussi le seuil au-delà duquel on observe une altération de la quiétude, du silence, de la capacité à s'isoler, et plus globalement des ambiances et du caractère des îles".

Enfin, il convient de compléter le dispositif de suivi, afin de pouvoir rendre compte aux acteurs et au public concerné des effets de la mise en œuvre de la charte ou des écarts dans sa mise en œuvre, recommande l'Ae.

1. Télécharger l'avis de l'Ae
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-23196-avis-charte-pnpc.pdf
2. Il s'agit de Rayol-Canadel, Cavalaire-sur-mer, La Croix-Valmert et Ramatuelle.

Réactions1 réaction à cet article

Excellent, de la part de l'AE comme de la gestion du parc, et enfin !
Voici pourquoi :

1) on sort enfin de la pseudo idée suivant laquelle un document de parc ou de réserve échapperait à l'évaluation environnementale parce que l'entité est dédiée à la protection de l'environnement lato sensu. C'est le moyen de blanchir (un de plus) l'échappatoire aux obligations issues des directives Plan programme projet et art. 6 Natura 2000 HABITAT;

2) Il ne reste qu'à faire la même chose pour les activités en mer ou pas susceptibles d'impacts, dans ce même type de zone, et avec les impacts cumulés potentiels, de la navigation maritime de transport, à la pêche, l'aquaculture et la plaisance ; jusqu'à présent, soigneusement tenus à l'écart des procédures d'études d'impact ou de prise en compte du milieu marin, on ne sait pourquoi ni du fait de qui, (et certainement pour de mauvais motifs et du fait de quelques uns, voir les travaux préparatoires du Grenelle de la mer, en plus pour des secteurs gros consommateurs d'aides publiques directes ou indirectes, souvent de l'UE).

Pour l'agriculture, les violences avec des flashs mobb sms, et les 3,6 milliards d'euros que doit la France pour défaut de surveillance de parcelles devraient conduire les autorités judiciaires, environnementales, et financières à investiguer, incluses la neutralisation de procédures de constatations, de signalement, de plainte par tous moyens, y compris contre les services ou les personnes.

DURA LEX SED LEX | 07 novembre 2014 à 10h12 Signaler un contenu inapproprié

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