Le Parlement européen s'est prononcé mardi 16 janvier pour une interdiction totale de la pêche électrique. Ainsi, 402 parlementaires ont ainsi voté pour l'arrêt des dérogations accordées à cette technique, et 232 contre. "C'est une belle victoire que nous devons à une large mobilisation citoyenne, qui ne devra pas être dénaturée lors des négociations en trilogue", commente la délégation socialiste française du Parlement.
L'utilisation de chalut électrique est interdite en Europe depuis 1998. Mais les Etats membres, sur proposition de la Commission européenne, ont accordé des dérogations à la demande des Pays-Bas dans la partie sud de la Mer du Nord depuis 2007. Selon le règlement visant à la conservation des ressources de pêche par le biais de mesures techniques de protection des juvéniles marins, 5% maximum de la flotte de chalutiers à perche de chaque Etat membre peuvent être équipés de chaluts électriques. Les Pays-Bas ont eu droit à une rallonge en 2014. Depuis, 10% de leur flotte peut s'équiper de tels engins "dans le cadre d'expérimentations et de recherches scientifiques".
Dans le cadre de la révision du règlement, la Commission européenne a proposé de lever l'interdiction de la pêche électrique pour la considérer comme méthode de pêche conventionnelle. Mais le Parlement européen veut en décider autrement. Commence alors une négociation entre les Etats membres, le Parlement et la Commission sur fond de scandale. L'association Bloom et les pêcheurs artisanaux européens ont dévoilé le 8 janvier dernier que la dérogation accordée en 2007 par les Etats membres était basée sur un "mensonge" de la Commission européenne. Celle-ci aurait fait croire que l'avis de son organe scientifique était favorable aux dérogations alors que les documents mis à jour par l'association et les pêcheurs démontrent le contraire. "Le Parlement s'est désormais saisi du dossier et va demander des comptes à la Commission européenne sur les conditions d'octroi de dérogations injustifiées et contraires aux avis scientifiques qui, jusqu'à hier soir en débat de plénière, continuaient à être détournés de façon inacceptable par la Commission. La partie ne fait que commencer", prévient Claire Nouvian, fondatrice de BLOOM.