Ce sera l'occasion de préciser le calendrier et les différentes mesures d'interdiction qui fatalement ne toucheront pas à terme que le Rhône puisque d'autres fleuves sont pollués, a-t-elle d'ores et déjà précisé. En effet si, cette pollution a d'abord été révélée dans le Rhône, la carte montre que c'est que tous les grands cours d'eau - en dehors du sud-ouest - ayant connu une activité industrielle, qui sont pollués.
Rappelons que NKM s'était rendue en octobre dernier à Lyon afin de participer au premier comité de pilotage sur la pollution du Rhône par les PCB. Selon une carte présentée à cette occasion, le Rhône n'apparaissait en effet pas comme le seul fleuve français concerné par cette contamination. Les données récentes des réseaux de suivi nationaux basées sur les analyses de 852 sites mettent en évidence une contamination par les PCB plus forte dans trois bassins : Artois-Picardie, Rhône Méditerranée Corse et Seine-Normandie représentatifs des grands bassins industriels français.
Car les PCB n'existent pas à l'état naturel. Ils ont été produits par l'Homme dans les années 30 pour une utilisation notamment dans les transfos électriques, en raison de leur grande stabilité thermique et leurs caractéristiques électriques avant d'être interdits progressivement dans les années 80 au regard de leurs impacts néfastes sur l'environnement et la santé. Peu solubles dans l'eau et peu biodégradables, les PCB rejetés dans l'environnement se fixent dans le temps sur les matières en suspension et les sédiments des cours d'eau. Ils contaminent ensuite par ingestion la chaîne alimentaire, des crustacés aux poissons dans lesquels ils s'accumulent via les tissus graisseux. L'homme risque alors de se contaminer à son tour par l'ingestion d'aliments pollués. Si une exposition accidentelle de courte durée aux PCB n'a pas de conséquence grave, une exposition chronique même à faible dose présente divers effets néfastes chez l'animal, notamment des effets cancérogènes. Ils ont d'ailleurs été classés en tant que substances probablement cancérogènes pour l'homme. Les effets chroniques des PCB peuvent être également des dommages du foie, des effets sur la reproduction et sur la croissance.
À l'heure actuelle, la contamination des poissons est effective dans le Rhône, ce qui a entraîné la proclamation de plusieurs interdictions de consommation et la mise en lumière de cette pollution à grande échelle.
Un plan national d'action permettant d'identifier, de maîtriser et au mieux de réduire les risques liés à la pollution des fleuves nationaux par les PCB a été proposé par le gouvernement. Il prévoit dans un premier temps une amélioration de la surveillance et de la connaissance de la pollution dans les autres fleuves français que ce soit au niveau des sédiments ou au niveau de la faune fluviale. Une carte complète qui intégrera les résultats d'analyses des poissons sera rendue publique dans 18 mois. Des études et des recherches complémentaires sont également en préparation dans le bassin du Rhône afin de mieux comprendre les phénomènes complexes de contamination des sédiments et des poissons par les PCB. Ceci devrait permettre de détecter si certaines espèces de poisson sont plus contaminées que d'autres (en fonction de leur mode alimentaire par exemple) et pourrait permettre de cibler ainsi les interdictions de consommation sur certaines espèces ou sur certains sites de pêche.
En parallèle, le plan prévoit une réduction des rejets de PCB car malgré leur interdiction, ces produits sont encore présents dans les anciens transformateurs électriques. Même si un plan d'élimination est en cours, il reste encore plus de 500.000 transformateurs à traiter d'ici à décembre 2010. Le plan d'action envisage d'ailleurs de réduire les autorisations de rejet accordées aux sites dédiés au traitement des transformateurs. Rappelons toutefois qu'en octobre dernier, Didier Gauthier, Secrétaire Général de Séché Environnement duquel dépend le site Trédi de décontamination des transfos EDF en bordure du Rhône, confirmait que l'arrêté autorise aujourd'hui 10g de rejet par jour alors que le site affiche déjà des rejets bien inférieurs à ce seuil…
Par ailleurs, aucune disposition n'est pour l'instant prévue pour traiter la pollution. Le dragage des sédiments pollués a été évoqué mais cette solution risque de remettre en suspension les PCB et de mettre en évidence des sédiments encore plus pollués. Selon le gouvernement, le dragage des sédiments puis leur traitement peuvent être retenus pour résoudre des pollutions ponctuelles bien identifiées mais sont donc difficilement envisageables à grande échelle pour des raisons environnementales, techniques, et financières. D'autres solutions sont envisagées comme un traitement bactériologique in situ mais le gouvernement a confié au pôle de compétitivité lyonnais Axelera le soin de réfléchir à la question.
Le comité nationale aura vocation à être co-présidé avec le ministère de la Santé et de l'Agriculture.
Mais du côté des associations, on reste prudent sur cette annonce et on attend des actes. Alain Chabrolle, porte-parole de FNE et de la FRAPNA sur ce dossier, déclare notamment avoir relevé des imprécisions sur le déblocage des moyens financiers nécessaires au traitement de cette pollution, sur la planification précise des actions à engager ou encore sur l'indemnisation des pêcheurs professionnels touchés. En outre la FNE s'inquiète que la réunion du comité technique du COPIL sur les PCB pour le bassin du Rhône, qui devait se tenir aujourd'hui, ait été annulé.
Selon Bernard Rousseau, responsable des politiques eau à FNE, il est dorénavant urgent de mener des investigations dans l’ensemble des endroits identifiés comme les plus contaminés, qui représentent 35% des cas identifiés dans la carte nationale publiée par le MEDAD. Il serait dangereux de considérer que l’impact sanitaire des PCB est minime, alors que très peu d’informations sont disponibles sur la toxicité chronique à faible dose de ces molécules et lorsque l’on sait que la Seine est certainement plus touchée que le Rhône ou la Somme, avec des teneurs dans les mollusques atteignant 321 µg/kg de matière sèche, contre 26,2 à 55,7 µg/kg de poids sec pour les autres sites littoraux . La FNE et la FRAPNA attendent d'ailleurs les conclusions de l’AFSSA, (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments) cette dernière ayant été saisie par le gouvernement pour établir un rapport sur les dangers d’une consommation de poissons contaminés au PCB. Pourtant ce rapport se fait toujours attendre, alors que cette contamination se révèle d'ampleur nationale.