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Pêche dans les terres australes, modèle de gestion ''durable'' ?

Une nouvelle campagne d'évaluation des ressources halieutiques va s'ouvrir en septembre à Kerguelen concernant les légines, espèces emblématiques dont les stocks se sont stabilisés, après l'instauration de quotas et de contrôles.

   
Pêche dans les terres australes, modèle de gestion ''durable'' ?
Pêche de légines au moyen de palangres
© TAAF
   
Les terres australes et antarctiques françaises (Taaf) administrent 2,4 millions de km2 de zones économiques exclusives (ZEE), soit la deuxième de France, après la Polynésie française. Les Taaf ont développé un modèle de pêcherie ''durable'' depuis 15 ans, dont ''l'objectif est d'assurer la pérennité de la ressource dans le respect de l'environnement'', a souligné le 22 juin le préfet, Rollon Mouchel-Blaisot, administrateur des Taaf, à l'occasion de la présentation de la seconde campagne 2010 de pêche scientifique baptisée ''Poker'' (POissons de KERguelen).

La problématique de la mortalité aviaire (albatros, pétrel…) est ''importante'' dans ces zones dont la gestion n'est pas issue de la communauté européenne. La pêcherie, ''la deuxième de France en valeur'', s'y est développée d'abord au chalut puis à la palangre. Cette méthode de pêche tout aussi contestée peut provoquer des captures accidentelles d'oiseaux marins, même si des efforts ont été entrepris. La palangre est en effet désormais pratiquée dans les Taaf avec des lignes auto-lestées ''qui fileraient très vite en profondeur'' (500 m), selon le Syndicat des Armements Réunionnais de Palangriers Congélateurs (SARPC). Les pêcheurs de légine ont également mis en place le ''filage de nuit ou des systèmes d'effarouchement''.
Une nouvelle technique de pêche via des casiers est actuellement expérimentée afin de limiter la mortalité aviaire liée aux palangres. ''L'utilisation performante des casiers permettrait une meilleure gestion des stocks de légines grâce à une meilleure sélection de la taille des poissons pêchés'', selon l'administration des Taaf. Cette technique de pêche doit permettre de ''s'affranchir de la concurrence exercée aujourd'hui par les orques et les cachalots''. Ces cétacés ayant appris à se ''servir'' sur les lignes de la palangre en prélevant les poissons capturés…

La menace de pêche illicite de légines

Parmi le peu d'espèces commerciales présentes dans les ZEE de Kerguelen et Crozet, figure – outre la langouste et le thon – la légine australe (Dissostichus eleginoides), poisson très prisé des Japonais et des Américains, pouvant atteindre plus de 2 m et 80 kg. Sa pêche est autorisée et réglementée dans les ZEE pour six compagnies réunionnaises regroupées au sein du SARPC soit 7 navires français.
Les stocks de légine et de langouste sont aujourd'hui stabilisés grâce à une gestion ''raisonnée'' de la pêche dans les Taaf, a souligné Rollon Mouchel-Blaisot, sous ''strict'' contrôle. Depuis le milieu des années 90, des quotas annuels ont en effet été instaurés fixés par le préfet sur la base de l'expertise scientifique du Muséum national d'histoire naturelle (MNHN). Ces quotas varient de 4.500 à 5.500 tonnes à Kerguelen et de 700 à 1.000 tonnes à Crozet (sur les 18.000 tonnes légales au monde) où la part de déprédation des orques et des cachalots est prise en compte, selon le département des milieux et peuplements aquatiques du MNHN. De même que l'embarquement d'un contrôleur de pêche sur chaque navire est ''systématique'' afin de vérifier le respect des quotas. Le syndicat des armements participe par ailleurs à la surveillance des pêches aux côtés de la Marine Nationale. Un balayage par satellite a en outre été mis en place afin de lutter contre toute pêche illicite qui s'est ''considérablement'' réduite depuis 2001.
L'accord bilatéral, signé en outre en 2003 entre la France et l'Australie, a également permis de renforcer la surveillance de la zone de pêche. Ainsi de 1997 à 2004, 25 navires de pêche illicites ont été arraisonnés vers la Réunion, pour être confisqués par décision de justice. Durant cette période, entre 40.000 et 50.000 tonnes de légines ont été prélevées de manière illégale, soit 12.000 t/an, a précisé Guy Duhamel, professeur au MNHN. Un suivi quotidien reste ''indispensable'' pour éviter le pillage des ressources dans les Taaf, a prévenu le préfet. Et ce, dans un contexte de surexploitation des ressources halieutiques (notamment de thon rouge) dans les eaux territoriales mondiales …

Une campagne d'évaluation de toutes les ressources halieutiques

Si les stocks de légine sont ''stabilisés'' grâce à la réglementation, il s'agit désormais d'évaluer l'état de toutes les ressources halieutiques du plateau de Kerguelen, dans le cadre de la campagne Poker 2 qui débutera en septembre prochain. Cette campagne d'évaluation de la biomasse, soutenue par les Syndicat des armements, le MNHN et les TAAF, devrait durer 45 jours comme pour la première campagne en 2006. Pilotée par Guy Duhamel, cette campagne doit permettre de définir des orientations de gestion à moyen terme, ''avec une idée de l'évolution du TAC à 5 ans par exemple, afin d'offrir le maximum de visibilité aux armements''. L'équipe scientifique sera composée de 8 personnes soit quatre contrôleurs des pêches, 3 techniciens ou chercheurs en halieutique. Plus de 200 stations de chalutages devraient été réalisés durant deux mois.
Si en 2006, il était question d'''établir un point de référence'' concernant les stocks de légine, la campagne 2010 vise à évaluer les stocks exploités et d'observer l'impact de cette exploitation sur les autres ressources. De même qu'il se peut que ''ses stocks aient augmenté'', poursuit M. Duhamel. Les nouvelles estimations pourraient influencer les quotas pour les prochaines années. Et pas seulement pour la pêche à la légine, actuellement commercialisé. La pêche avait en effet été fermée il y a une dizaine d'années pour cinq autres espèces commerciales (poisson des glaces, colin austral, colin des Kerguelen et grande gueule).
Selon M. Duhamel, si les stocks ont, depuis la dernière campagne, pu se reconstituer ''en raison de la biologie de ces espèces'', il serait possible de rouvrir la pêcherie du poisson des glaces et du colin austral, à l'issue de Poker 2 dont les résultats des analyses sont attendues juin 2011.

Cette campagne est financée à hauteur de 1,8 M€ par la revente des produits capturés, une subvention du ministère chargé des pêches et une contribution des armements et des Taaf.

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