Si de grands sinistres industriels (Seveso, Bhopal…) ont entraîné une prise de conscience des risques environnementaux, le chemin qu'il reste à parcourir est encore long… La notion du risque est en effet particulièrement difficile à appréhender. Si elle relève d'une composante objective, celle de la probabilité et de la gravité d'un dommage, elle comporte également une composante subjective, culturelle, dans la perception du risque et de son acceptabilité.
Appréhender les risques environnementaux
La principale difficulté rencontrée par les entreprises se situe en amont, lors de l'identification des risques environnementaux. Où se situent les risques ? Quels dommages les activités de l'entreprise peuvent-elles causer sur le site de production et même au-delà ? Si certains risques sont appréhendés assez facilement car directement liés à l'activité de l'entreprise, certaines responsabilités, liés à de nouvelles réglementations ou au développement de nouveaux produits, peuvent apparaître. L'exemple du développement de nouvelles technologies, dont les risques ne sont pas forcément connus, illustrent parfaitement la problématique (téléphones portables, nanotechnologies, nouveaux matériaux…). L'accélération de l'innovation produit fait apparaître de nouvelles vulnérabilités susceptibles de présenter des risques, note Claire Tutenuit, délégué général de l'association Entreprises pour l'environnement (Epe).
De nouveaux champs d'études sont nécessaires. Il s'agit de parvenir à un juste équilibre entre développement et prudence. Ou comment ne pas entraver la liberté d'entreprendre tout en limitant les risques…
Une fois le risque identifié, il s'agit de l'apprécier : quelle est sa gravité potentielle mais surtout quelle est la probabilité qu'un tel événement se produise ? Cette étape est importante pour pouvoir hiérarchiser les différents risques mais difficile à appréhender. Quelles sont les limites au champ d'investigation ? Jusqu'où peut-on appréhender le risque ? Cela implique que les entreprises se situent dans une nouvelle temporalité, éloignée de la tentation court-termiste propre au secteur économique, et dans une nouvelle échelle spatiale. Les entreprises doivent regarder au-delà de leur propre site et s'interroger sur les impacts indirects de leur activité. La gestion du risque environnemental implique une nouvelle approche. La zone de risque ne se limite plus à l'entreprise et à son environnement direct. Les entreprises doivent prendre en compte un périmètre plus large qui impliquent de nouvelles parties prenantes, plus diffuses et plus éloignées. La pollution au PCB est un bon exemple des ces nouvelles problématiques, explique Claire Tutenuit. De nouvelles échelles de temps doivent être également considérées. Par exemple, les conséquences de l'enfouissement des déchets nucléaires ou du captage et du stockage de carbone se révéleront à long terme…
Réduire les risques et les couvrir financièrement
Une fois les risques environnementaux identifiés et hiérarchisés, les entreprises doivent prendre des mesures pour les réduire. Cela passe par des mesures de prévention, de surveillance, de formation du personnel… Si dans les grandes groupes, la gestion des risques est confiée à un Risk manager, les entreprises de petite taille ont moins conscience de l'enjeu des risques environnementaux et de leur responsabilité. Le suivi de la réglementation environnementale et de ses évolutions peut s'avérer complexe. Là aussi, les grands groupes sont mieux armés pour assurer une veille réglementaire que les PME / PMI.
Si l'objectif premier de la gestion du risque environnemental est de réduire la probabilité d'une catastrophe, beaucoup d'entreprises sont tentées de peser le coût et les bénéfices de la réduction des risques. A court terme, cela se traduit rarement par une baisse directe du risque environnemental. Les entreprises contractent plutôt des assurances pour couvrir financièrement les aléas.