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Actu-Environnement

Faut-il interdire l'utilisation du perchloroéthylène dans les pressings ?

Classé "cancérogène probable chez l'homme", le perchloroéthylène est toujours utilisé dans la plupart des pressings. Trois ONG demandent de nouveau son interdiction aux pouvoirs publics.

Risques  |    |  L. Radisson

Le Réseau environnement santé (RES), l'association Génération futures et l'association de défense des victimes d'émanations de perchloroéthylène des pressings (ADVEPP) ont réclamé le 16 février l'interdiction de cette substance dans les nouvelles installations.

"Il est inacceptable qu'une telle substance continue d'être utilisée alors même que des alternatives existent. Le gouvernement doit agir au plus vite en interdisant le perchloroéthylène dans les nouvelles installations de nettoyage à sec au lieu de croire à un usage contrôlé", ont déclaré les associations.

Cancérogène probable chez l'homme

"Le perchloroéthylène est toxique pour les travailleurs, pour les riverains et pour la population en général", avertit André Cicolella, porte-parole du RES.

"Ce composé est classé cancérogène probable pour l'homme par le Centre international de recherche contre le cancer (goupe 2A) et cancérogène possible (catégorie 3) par l'Union européenne", confirme le Haut conseil de la santé publique (HCSP) dans un rapport de juin 2010 (1) . Les niveaux élevés de perchloroéthylène "sont liés à la proximité d'un pressing avec parfois des valeurs particulièrement élevées dans les appartements jouxtant directement l'établissement. Dans ces habitats, les concentrations moyennes peuvent atteindre 10.000 à 15.000 μg/m3", ajoute cette instance.

"L'Agence de protection de l'environnement des Etats-Unis vient de publier le 10 février 2012 une norme pour le perchloroéthylène : 40 μg/m3", indique André Cicolella. Une valeur à mettre en parallèle avec les concentrations relevées par le HCSP.

De plus, les victimes se multiplient, selon les ONG, qui mettent en avant le cas emblématique de l'occupante d'un appartement niçois situé juste au-dessus d'un pressing, qui est décédée d'arythmie cardiaque fin 2009. "L'autopsie demandée par le fils [de la victime] révèlera la présence de perchloroéthylène dans tous ses organes sauf l'estomac, deux expertises médicales ont conclu à un lien de cause à effet entre la présence de perchloroéthylène dans son corps et son décès", révèlent les associations.

Des alternatives existent

Pour le RES, "les procédés de remplacement existent". La preuve, selon l'association, c'est que le Danemark et les Etats-Unis ont d'ores et déjà interdit l'installation de nouveaux pressings utilisant le perchloroéthylène. L'INRS a effectivement publié l'année dernière une fiche d'aide à la substitution (2) dédiée à cette substance. "De nombreux cas de substitution sont répertoriés en France. Elle est pratiquée aussi en Allemagne, au Japon et aux Etats-Unis. Certaines machines semblent adaptables à plusieurs types de produits", peut-on y lire.

Dans un rapport datant de 2005 (3) , l'Ineris avait analysé le développement des procédés de substitution suivants : nettoyage au mouillé, procédés aux hydrocarbures utilisant différentes substances, utilisation de CO2 liquide en phase supercritique. "Un rapport de l'Ineris plus récent publié en 2011 montre que les procédés les plus développés actuellement sont les technologies à base d'hydrocarbures, utilisant les siloxanes et l'aquanettoyage", précisent les ONG.

"Il faut toutefois veiller à ce que les produits de substitution ne soient pas pires que le perchloroéthylène", relève Laurent Michel, directeur général de la prévention et des risques au ministère de l'Ecologie, qui indique avoir reçu le 13 février 2012 l'expertise qu'il avait demandée à l'Anses sur cette question.

Une modification de la réglementation en projet

Alors où en est-on au niveau de la réglementation ? Laurent Michel rappelle que la campagne de contrôle menée en 2008 sur les pressings avait révélé une situation effectivement "pas fameuse" : 69% des installations avaient fait l'objet de mises en demeure préfectorales. Ces résultats inquiétants avaient conduit à la mise en place d'un plan d'actions et à la révision de la réglementation applicable.

La deuxième campagne de contrôle menée en 2010 a fait ressortir un taux de conformité de 66%. "On constate que depuis deux ans, la situation s'est inversée (…). Cependant les non-conformités résiduelles portent globalement sur les mêmes aspects relatifs à la ventilation et à l'épuration des rejets à l'atmosphère", pouvait-on lire dans le bilan 2010 de l'inspection des installations classées (ICPE).

"Un projet de modification de l'arrêté de 2009 interdisant l'installation de nouvelles machines utilisant du perchloroéthylène a été adressé à la profession pour consultation fin 2011", a révélé Laurent Michel le 15 février dernier. Des discussions avec l'Ademe et les agences de l'eau sont également en cours pour étudier les possibilités d'aide à l'achat de nouvelles machines par les exploitants.

Actions judiciaires

Ces projets de modification satisferont-ils les ONG ? Rien n'est moins sûr, François Veillerette, porte-parole de Générations futures, dénonçant la mise en place "d'un hypothétique usage contrôlé du perchloroéthylène par des contrôles avec un suivi des installations en infraction et la mise en place d'un contrôle périodique obligatoire". L'association déplore également ne rien trouver sur cette substance dans le Plan cancer 2009-2013 et seulement un objectif de 30% de réduction des émanations dans le Plan national santé environnement 2 (PNSE 2).

"Devant les drames subis par de nombreuses victimes et cette carence notoire des responsables publiques", les ONG indiquent vouloir "agir par voie judiciaire pour demander des comptes". Dans un premier temps, Générations futures a décidé de se constituer partie civile dans le cadre de la procédure pénale instruite pour homicide involontaire suite au décès de la victime niçoise du perchloroéthylène. "Nous allons également demander à être reçus par la ministre de l'Environnement", indique l'association qui envisage, en l'absence de mesure claire de substitution systématique du perchloroéthylène, d'engager une action pour "carence fautive de l'Etat" devant les juridictions administratives.

1. Consulter le rapport du HCSP
http://www.hcsp.fr/docspdf/avisrapports/hcspr20100616_techloethespclos.pdf
2. Télécharger la fiche d'aide à la substitution de l'INRS
http://www.inrs.fr/default/dms/inrs/CataloguePapier/FICHE/TI-FAS-2/FAS2.pdf
3. Consulter le rapport de l'Ineris
http://www.ineris.fr/centredoc/rapport_ersa.pdf

Réactions2 réactions à cet article

voilà évidement c'est un peu tard ,nickou est décédée il y a quatre ans
de nombreuses maladies sclérose en plaques en premier puis cacer des poumons du foie et des reins
cependant de nombreux facteurs ont du influencer,l'agravation de ses différentes maladies
responsable d'un cinq a sept a dijon puis de trois en région parisienne rosny,les ullys et d'autres
c'est tard mais sa vie fut sans doute une succession de negligences,et de fragillités
mais la sclérose etant avant tout l'attaque des envellopes de miéline des nerfs
celles dues au perchlo ne sont pas innocentes

middo39 | 16 avril 2012 à 19h23 Signaler un contenu inapproprié

Erreur d'unité dans le texte, c'est 10 000 à 15 000 µg/mètre cube, et non mg.

D'autre part, comment « les ONG » ont-elles fait pour déterminer qu'un décès par arythmie cardiaque fin 2009 est dû à une exposition au perchloroéthylène ? Qui a produit ces « deux expertises médicales [qui] ont conclu à un lien de cause à effet entre la présence de perchloroéthylène dans son corps et son décès » ?

Ces questions ne sont pas un déni de dangerosité de la substance, bien documentée, mais un appel à plus de rigueur et moins d'hystérie (sachant, toutefois, que « les ONG » sont à la tête d'un fonds de commerce qui se doit d'être alimenté par les peurs).

Wackes Seppi | 20 avril 2012 à 17h55 Signaler un contenu inapproprié

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