Aux États-Unis, la substance chimique bisphénol A (BPA) est remplacée par l'autre bisphénol, le B (BPB) qui présente « des propriétés endocriniennes similaires », alerte l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Aux États-Unis, le BPB est utilisé comme substitut au BPA mais aussi à l'autre bisphénol alternatif, le BPS. Le BPB y est enregistré en tant qu'« additif indirect pour certains revêtements et polymères en contact avec les aliments », précise l'Anses.
Les scientifiques de l'agence sanitaire française ont publié, le 16 octobre, les résultats de leur évaluation portant sur les propriétés de perturbation endocrinienne du bisphénol B, dans la revue Environmental Health Perspectives (1) . Cette évaluation de l'Anses a été menée, en septembre 2018, dans le cadre de la Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens.
Ces travaux concluent donc que le BPB présente des propriétés endocriniennes similaires à celles du BPA, « la première substance chimique à avoir été identifiée en tant que perturbateur endocrinien pour l'homme au niveau européen », souligne l'Anses.
Règlement Reach : l'Anses demande l'enregistrement du BPB
Actuellement, le BPB n'est pas enregistré dans le cadre du règlement européen Reach qui encadre la commercialisation des substances chimiques dans l'UE. Le règlement Reach contraint les industriels à fournir les informations nécessaires à l'évaluation de leur dangerosité.
Or, « bien que non fabriqué ou utilisé comme substance chimique en Europe », le BPB a déjà été retrouvé « dans des échantillons biologiques de populations européennes », ainsi « que dans des milieux environnementaux en Chine », prévient l'Anses.
« Son identification comme perturbateur endocrinien », dans le cadre du règlement européen Reach, « permettra d'éviter que l'industrie développe son utilisation ou sa fabrication pour substituer le BPA ou BPS », demande l'Anses. Cette identification « obligera également les importateurs d'articles contenant du BPB à plus de 0,1 % à déclarer sa présence », ajoute l'Agence.
Pour rappel, dès 2013, l'Anses avait alerté sur la nocivité, pour la fertilité, de trois bisphénols alternatifs (S, AF et AP), retrouvés dans les contenants alimentaires mais aussi dans les tickets de caisse. S'ajoute aussi le BPF. La France a interdit le BPA dans tous les contenants alimentaires en janvier 2015.