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Les perturbateurs endocriniens, un enjeu majeur de santé au travail

La prise en compte des risques liés aux perturbateurs endocriniens en milieu professionnel constitue un enjeu majeur. L'INRS préconise de les remplacer par des produits moins nocifs et, à défaut, de limiter les expositions.

Risques  |    |  L. Radisson

"Les salariés sont (…) susceptibles d'être exposés à un grand nombre de substances potentiellement perturbatrices endocriniennes, sur des durées et à des concentrations très variables" indique l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS), qui précise que certains travailleurs sont sans doute davantage exposés que la population générale.

L'organisme spécialisé dans la prévention des risques professionnels a organisé avec l'Association internationale de la sécurité sociale (AISS) un colloque international dédié à cette problématique, qui s'est tenu du 1er au 3 juin à Paris. Il préconise la mise en place d'une démarche de prévention visent à supprimer le risque ou, à défaut, à limiter l'exposition des travailleurs concernés.

De nombreux secteurs impactés

"Dans l'environnement de travail, les expositions peuvent être liées à l'utilisation de certaines matières premières (plastifiants, solvants), à la fabrication ou l'utilisation de produits contenant des perturbateurs endocriniens (peintures, colles, vernis…) ou encore à la présence de déchets ou de sous-produits émis par certains procédés (dioxines…)", explique l'INRS.

De nombreux secteurs d'activités sont impactés, tels que l'industrie agroalimentaire avec les additifs alimentaires antioxydants, la fabrication et la distribution de carburants avec les additifs contenus dans l'essence ou encore la fabrication et la formulation de cosmétiques avec les produits anti-UV.

"Les expositions aux perturbateurs endocriniens peuvent se faire par inhalation (fumées, vapeurs…), par ingestion (par défait d'hygiène en portant les mains ou des objets contaminés à la bouche) ou par passage percutané (présence de produits sur la peau)", rappelle l'INRS.

Repérage complexe pour les acteurs de terrain

L'identification de ces substances susceptibles de perturber le fonctionnement du système hormonal et d'affecter également la descendance des individus exposés n'est toutefois pas évidente. "Le repérage s'avère complexe pour les acteurs de terrain du fait de l'absence de classification et d'étiquetage spécifiques ou, à défaut, d'une liste de substances faisant consensus", relève Nicolas Bertrand, ingénieur chimiste à l'INRS.

En consolidant la liste de la Commission européenne de 2007, la liste SIN de l'ONG Chem Sec, la liste de l'Anses  (1) et celle de l'INRS, on aboutit à une liste de 349 perturbateurs endocriniens (PE) avérés ou suspectés, indique M. Bertrand.

La législation européenne reste toutefois à la traîne. Les perturbateurs endocriniens sont mentionnés dans les règlements Reach, phytopharmaceutiques et biocides mais ils n'en donnent pas de définition. "Cinq substances [seulement] sont inscrites sur la liste des substances extrêmement préoccupantes (SVHC) candidates à la procédure d'autorisation en raison de leurs propriétés PE pour l'environnement", révèle d'ailleurs Simone Mühlegger de l'Agence autrichienne pour l'environnement.

La Commission a été condamnée en décembre dernier par le Tribunal de l'UE pour ne pas avoir adopté les critères scientifiques permettant de définir les perturbateurs endocriniens, comme l'exigeait pourtant le règlement biocides. L'exécutif européen a toutefois promis de présenter ces critères avant l'été. En attendant, c'est la définition peu précise établie par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2002 qui sert de référence.

Même démarche que pour les CMR

Que doit faire l'employeur si ses salariés sont exposés à des perturbateurs endocriniens ? La prévention des risques qui y sont liés doit être intégrée dans une approche globale d'évaluation et de prévention des risques chimiques, indique l'INRS. "La démarche de prévention recommandée est similaire à celle qui doit être mise en œuvre vis-à-vis des produits chimiques classés CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques)", précise l'Institut.

Compte tenu des incertitudes scientifiques, notamment quant aux effets des PE à très faible dose, l'objectif prioritaire est la suppression du risque par la substitution des produits incriminés, indique l'INRS. "Attention toutefois à ne pas déplacer le risque !", avertit Nicolas Bertrand qui rappelle l'exemple des parabènes. A défaut, l'employeur doit limiter les expositions au niveau le plus bas techniquement possible. Pour cela, il doit mettre en œuvre des mesures de protection, collective en priorité (ventilation, assainissement de l'air, système clos, mécanisation, encoffrement…) et à défaut individuelle (gants, masques, vêtements de protection…).

"L'Anses a récemment proposé des valeurs limites d'exposition professionnelle (VLEP) (…) pour trois phtalates classés reprotoxiques de catégorie 1B (R1B) et identifiés comme PE, exerçant des effets androgéniques : le DEHP, le DBP et le BBP", précise Christophe Roussel, chef de l'unité Toxicologie à l'Anses.

"Il est également nécessaire de former et d'informer les salariés sur les risques et leur prévention (mesures d'hygiène, mesures d'urgence…)", ajoute l'INRS, qui met l'accent sur le rôle que doit jouer le médecin du travail en la matière. Celui-ci doit également définir les modalités du suivi médical spécifique qui doit être mis en place pour les travailleurs potentiellement exposés.

"Les salariés exposés à des perturbateurs endocriniens, s'ils sont également classés CMR 1A ou 1B, doivent bénéficier d'une surveillance médicale renforcée (SMR)", rappelle l'Institut. Si ces salariés sont des femmes enceintes ou allaitantes, le code du travail impose à l'employeur de les retirer de ces postes de travail.

1. Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail

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