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Actu-Environnement

Perturbateurs endocriniens : de la nécessité d'accroître les connaissances

La fonction endocrine des populations humaines et animales est perturbée par l'exposition à certaines substances chimiques. Les recherches s'accentuent pour déterminer les effets possibles sur la santé.

Risques  |    |  S. Fabrégat
   
Perturbateurs endocriniens : de la nécessité d'accroître les connaissances
© Alexandr Mitiuc
   
Les liens entre environnement et santé font l'objet régulièrement de nouvelles recherches. Les facteurs environnementaux sont en effet soupçonnés d'être à l'origine de nombreuses pathologies ou de contribuer à l'aggravation de certaines. Les connaissances sur ce sujet sont encore limitées mais les chercheurs sont de plus en plus mobilisés sur ces questions.
L'Agence nationale de la recherche (ANR) présentait, lors d'un colloque organisé à Paris du 9 au 11 décembre, les premiers résultats du programme ''Santé-environnement, santé-travail'' mis en œuvre de 2005 à 2007.
Une partie des travaux était consacrée aux perturbateurs endocriniens, dans le but de réaliser des études d'exposition des populations humaines, de définir des outils de surveillance et des modèles, et de mieux comprendre les facteurs multiples qui interviennent dans les pathologies endocriniennes et neurologiques.

La fonction endocrine perturbée par les substances chimiques

Plusieurs centaines de substances sont aujourd'hui soupçonnées de modifier le système endocrinien qui régit la mécanique interne de la vie. Les hormones régulent les fonctions de reproduction, de croissance et développement, de maintien de l'environnement interne de l'organisme et de disponibilité énergétique. Certaines substances chimiques bloqueraient ou modifieraient le fonctionnement hormonal. Leur effet a été observé sur de nombreuses populations animales : poissons mâles porteurs d'ovocyte, stérilisation de sujets femelles… Des effets soupçonnés d'être provoqués également chez l'homme.
Ces perturbateurs endocriniens sont omniprésents au quotidien : plastiques, médicaments, cosmétiques et parfums, pesticides et biocides, détergents, retardateurs de flammes, métaux… sont autant de sources potentielles. Les milieux et écosystèmes sont aujourd'hui contaminés par ces substances. Leur présence, évolution, interaction dans l'environnement sont peu connues.
Le règlement européen Reach, entré en vigueur le 1er juin 2007, devrait permettre la diminution des risques sanitaires et environnementaux liés à l'utilisation de substances chimiques. Mais il n'aura aucun effet sur les produits chimiques émis depuis des dizaines d'années et déjà présents dans les milieux. De nombreuses recherches tentent donc de déterminer les niveaux de présence et d'exposition de ces perturbateurs.

Etudes sur la fertilité et les niveaux d'expositions prénatales

Le fœtus est loin d'être protégé des expositions environnementales dans le ventre de sa mère. Si le rôle du mercure, du plomb sur le développement intra-utérin et post natal a été établi, le nombre de produits potentiellement mis en cause s'accroît aujourd'hui. Une étude réalisée sur un échantillon de population en Bretagne, région agricole, visait à étudier l'impact des pesticides, sur le déroulement de la grossesse et la croissance intra-utérine. L'étude Pelagie, réalisée auprès de 3.500 femmes enceintes en début de grossesse entre 2002 et 2006, a permis d'établir qu'une présence marquée d'atrazine dans les urines était accompagnée d'une diminution du poids de naissance et de périmètre crânien. Une quantité élevée de pesticides dans l'air peut également avoir un impact néfaste sur la croissance intra-utérine. Des résultats jugés inquiétants par Cécile Chevrier, chargée de recherche INSERM, d'autant que si cette substance utilisée dans les herbicides a été interdite en 2003 au sein de l'Union européenne, elle est encore présente dans l'environnement et employée dans de nombreux pays, à l'instar des Etats-Unis.

Une étude de l'Observatoire épidémiologique de la fertilité en France (Obseff) se penche quant à elle sur la sensibilité de la fertilité aux facteurs environnementaux. La détérioration de la santé reproductive masculine a été constatée dans de nombreux pays, avec une augmentation de l'incidence du cancer du testicule (+2,5 % entre 1980 et 2005) et une détérioration possible de la concentration spermatique. Les premiers résultats ont permis de révéler que le tabagisme actif de la femme n'était pas associé à la fertilité du couple. L'analyse des effets de la pollution atmosphérique est en cours.

Les expositions professionnelles : le cas des agriculteurs

Les agriculteurs seraient particulièrement touchés par des pathologies chroniques (cancers, troubles neurologiques ou de la reproduction). L'exposition aux pesticides est soupçonnée d'être en lien avec ce phénomène. Deux millions de personnes seraient concernées en France par cette exposition professionnelle. Pourtant, aujourd'hui, l'étude du rôle des pesticides dans la survenue de pathologies se heurte à des difficultés méthodologiques, notamment dans la reconstitution rétrospective des expositions des individus. Près de 1.000 matières actives ont été mises sur le marché français dans plus de 9.000 produits différents.
Le projet Pestimat vise à reconstituer la fréquence, la probabilité et l'intensité des expositions aux pesticides depuis les années 50 sur les différentes cultures en France. Il permettra de mieux connaître les expositions des populations, par culture et zone géographique et ainsi d'apprécier la relation entre les produits utilisés et la survenue de certaines pathologies.
Une autre étude, financée par l'ANR, travaille particulièrement sur la maladie de Parkinson qui, si elle est multifactorielle, peut être reliée à des facteurs environnementaux. L'étude Terre avait établi un lien entre cette maladie et l'exposition professionnelle aux pesticides, plus particulièrement aux insecticides (organochlorés). Cette nouvelle étude a permis de constater que la prévalence est plus élevée dans les zones caractérisées par une densité élevée d'exploitations spécialisées dans la culture de fruits et les cultures permanentes.

Réactions1 réaction à cet article

pesticides et biocides

je souhaite juste préciser que les pesticides comprennent les produits de protection des plantes ou produits phytopharmaceutiques, ET les produits biocides. Il n'est donc pas juste de dire pesticide et biocide. Merci pour ces articles très intéressants. Cordialement.

Valérie | 24 décembre 2009 à 12h46 Signaler un contenu inapproprié

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