
L'étude a porté sur l'analyse de 40 bouteilles de vin rouge produits en 2002 en provenance de France, d'Autriche, d'Allemagne, d'Italie, du Portugal, d'Afrique du sud, d'Australie et du Chili. 34 vins étaient issus de l'agriculture conventionnelle, et 6 de l'agriculture biologique.
Les résultats de la campagne d'analyses montrent que l'ensemble des vins conventionnels étaient contaminés par des résidus d'en moyenne 4 pesticides différents, les plus contaminés en contenant jusqu'à 10. Si les limites maximales autorisées n'ont jamais été dépassées, l'étude précise cependant qu'il n'existe pas de limites spécifiques et que les limites maximales autorisées se réfèrent à celle du raisin qui sont très élevées. En outre, les niveaux de contamination observés dans le vin sont considérablement plus élevés que les niveaux tolérés pour les pesticides dans l'eau puisqu'on a trouvé dans certains vins testés des quantités jusqu'à plus de 5.800 fois supérieures aux Concentrations Maximales Admissibles autorisées par pesticide dans l'eau du robinet, note le MDRGF.
Des résultats qui ne semblent finalement pas très étonnant dans la mesure où, dans le cadre de ses attributions et indépendamment de cette étude du PAN-Europe, le Cemagref (Institut de recherche pour l'ingénierie de l'agriculture et de l'environnement) avait déterminé que si la culture de la vigne couvrait un peu moins de 3% de la surface agricole utile de la France, elle consomme 20% des produits phytosanitaires employés en agriculture !
Dans ce contexte, l'étude établie naturellement que les vins biologiques analysés ne renferment quant à eux pas de résidus de pesticides à l'exception d'un seul échantillon dans lequel a été trouvé un résidu en quantités dite faible. Le MDRGF l'explique par les dérives des pulvérisations en provenance des parcelles voisines. Il est grand temps, conformément aux décisions du Grenelle, que la viticulture réduise sa consommation de pesticides pour réduire l'exposition des consommateurs en privilégiant les techniques alternatives aux pesticides, souligne dans un communiqué F. Veillerette, Président du MDRGF et administrateur du réseau PAN-Europe.
Rappelons que cette étude survient alors que le Ministère de l'Agriculture et de la Pêche, Michel Barnier, a annoncé le 14 janvier dernier le lancement d'un programme doté de 900.000 euros, pour financer des projets innovants en matière de réduction des produits phytosanitaires en viticulture. Ce programme s'inscrit dans les objectifs fixés suite au Grenelle de l'environnement, de réduire 50% l'usage des pesticides si possible dans un délai de 10 ans. Cet appel d'offre concernera trois axes de recherche : les nouvelles modalités pour l'application des traitements phytosanitaires, le matériel végétal résistant aux bio-agresseurs (analyse du génome de la vigne et étude des possibilités de résistance aux maladies) et l'anticipation des conséquences du changement climatique sur la protection de la vigne dans les divers terroirs. L'appel à projets élaboré et géré avec le Cemagref, s'adresse aux organismes de recherche et aux instituts de développement-recherche ainsi qu'aux PME qui interviennent en appui aux exploitations viticoles.
Dans le prolongement des décisions prises à l'issue du Grenelle de l'environnement, Michel Barnier, avait installé le 15 novembre dernier, le comité d'orientation du plan de réduction de l'usage des pesticides. Ce plan de réduction comporte deux volets : le retrait du marché dans les meilleurs délais au regard des solutions alternatives existantes, des produits contenant les 53 substances actives les plus préoccupantes, dont 30 avant la fin 2008 et l'élaboration d'un plan de réduction de 50% de l'usage des pesticides dans un délai de dix ans, si possible. Un groupe d'experts composé d'une quinzaine de personnes est chargé de formuler des propositions d'action sur les thématiques suivantes : définition d'indicateurs précis et consensuels pour assurer le suivi, évaluation des marges de progrès sur les substances et itinéraires techniques, mobilisation de la recherche, du développement et du transfert des méthodes alternatives et des systèmes économes en pesticides, formation des agriculteurs à l'utilisation des pesticides et professionnalisation des métiers de la distribution et du conseil phytosanitaire autour d'un objectif de certification et renforcement des réseaux de surveillance sur les bio-agresseurs et sur les effets non intentionnels de l'utilisation des pesticides avec une mise en transparence de la connaissance.
Notons encore qu'au niveau communautaire, dans le cadre de la refonte de la réglementation concernant la mise sur le marché et l'utilisation des pesticides dans l'Union européenne, la Commission a rejeté le 11 mars la proposition du Parlement d'étendre la liste des substances interdites d'utilisation dans la production de pesticides.