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Pesticides : une carte interactive pour connaître leur utilisation par commune

C'est un outil inédit qu'a mis au point l'entreprise associative Solagro à partir de données publiques. Il permet de découvrir l'indice de fréquence de traitement des surfaces agricoles, commune par commune, sur l'ensemble du territoire métropolitain.

Infographie  |  Agroécologie  |    |  L. Radisson
Pesticides : une carte interactive pour connaître leur utilisation par commune La France des pesticides

« Porter à la connaissance de tous les données communales sur l'usage des pesticides. » Telle est l'ambition affichée par la carte interactive (1) sur les pesticides mise en ligne, ce mercredi 22 juin. Cette carte a été conçue par l'entreprise associative Solagro, avec le soutien du groupe d'agroalimentaire Ecotone, qui se définit comme le « leader du bio et des alternatives végétales en France et en Europe ».

Pour réaliser cette carte, Solagro a utilisé des données publiques brutes, issues essentiellement des services statistiques du ministère de l'Agriculture. Elle a croisé les données du registre parcellaire graphique (RPG) 2020, qui donne accès à toutes les cultures ; les enquêtes Pratiques culturales, qui donnent un indice de traitement phytosanitaire (IFT) moyen, décomposé pour chaque pesticide, par ancienne région administrative ; et les données sur les parcelles en bio fournies par l'Agence bio. Du fait de l'utilisation des données moyennes, certains biais pourraient exister, dans le cas, par exemple, de pratiques à faibles utilisations de pesticides dans une commune en agriculture conventionnelle. « Mais on a une très bonne estimation de la pression réelle », explique Aurélien Chayre, agronome chargé des projets d'agro-écologie-biodiversité chez Solagro.

Cette carte renseigne sur la situation de l'utilisation des pesticides au niveau de chaque commune métropolitaine, soit en saisissant son nom, soit en zoomant sur la carte. Pour chacune, elle indique l'IFT total moyen (s'échelonnant de 0 à 18,48), qui couvre l'utilisation de tous les pesticides (herbicides, insecticides, fongicides, traitement des semences) à l'exception des produits de biocontrôle, ainsi que l'IFT portant sur les seuls herbicides. La fiche de chaque commune précise également la surface agricole utile (SAU), la part de l'agriculture biologique dans cette surface, la culture principale sur la commune et l'IFT pour cette culture.

Sur le plan national, cela donne une carte de France teintée de rouge dans le nord de la France, les bassins céréaliers et les zones de viticulture. « L'objectif global est de faire basculer dans le vert les 10 millions d'hectares actuellement dans le rouge », explique Aurélien Chayre. Les deux leviers principaux ? La conversion à l'agriculture bio et le choix de la culture, le maintien des prairies ayant, par exemple, une incidence directe sur l'IFT.

« Cette carte pourra servir d'outil d'accompagnement des agriculteurs et de gestion des politiques publiques à l'échelle locale, régionale, et même nationale », se félicite Nadine Lauvergeat, déléguée générale de l'association Générations futures. La responsable associative salue cette première étape, qui pourrait être complétée par la suite par un croisement avec les données d'achat, voire être affinée pour obtenir des informations à la parcelle. De son côté, Vincent Bretagnolle, chercheur en écologie au CNRS, y voit surtout « un outil pour changer les pratiques et transformer les territoires » à une échelle locale.

Parallèlement, Ecotone a dévoilé un « indice des pesticides évités » (IPE) destiné aux entreprises et fondé sur les mêmes sources. Calculé sur le nombre de traitements chimiques évités et le nombre d'hectares préservés, il se veut l'indicateur de « l'empreinte pesticide » des entreprises. « Avec cet indice, nous appelons les acteurs de l'agroalimentaire à se saisir de cet enjeu et à prendre leur part de responsabilité », exhorte Christophe Barnouin, président d'Ecotone. Celui-ci annonce avoir préservé des pesticides près de 90 000 hectares et évité 304 609 traitements chimiques de synthèse durant l'année 2021 grâce à son activité.

1. Accéder à la carte interactive
https://solagro.org/nos-domaines-d-intervention/agroecologie/carte-pesticides-adonis

Réactions6 réactions à cet article

Bravo à Solagro et à Ecotone pour ce travail d'information clair et précis (à la commune) de la population quant à son exposition aux pesticides. Où l'on voit qu'il vaut mieux habiter en montagne qu'en plaine céréalière, de culture de patates (les résultats dans les régions du nord de la France ou sur Noirmoutier sont édifiants !), en zone viticole ou fruitière "conventionnelle".
Beaucoup trop de rouge cramoisi sur cette carte. Le visage de cette France de l'exposition aux pesticides est effrayant.

Pégase | 22 juin 2022 à 21h52 Signaler un contenu inapproprié

Les pesticides pour les plantes sont la réplique des médicaments pour les humains, ce sont des produits chimiques qui veulent lutter contre la loi naturelle d'une auto défense. Il faut aussi les éliminer pour sauver la planète

le papet | 23 juin 2022 à 09h30 Signaler un contenu inapproprié

Bravo pour cette carte, c'est une des solutions pour que les services DDT contrôlent enfin, les mairies sensibilisent les administrés, et pas seulement les buveurs d'eau .. La qualité des eaux, rivières en dépend. Il faudrait joindre aussi la carte des analyses des eaux ruisseaux, rivières proposée par les agences de l'eau, par Commune. https://qualite-riviere.lesagencesdeleau.fr/ Ayant signalé des pollutions en 2018 et 2019 sur une commune 37 LA Celle St Avant avec dossier épineux d'un projet qui rejetterait en Creuse, cette commune n'affiche plus rien ! Il ne faudrait pas que les DDT suppriment les ruisseaux pollués de leur liste, et fasse supprimer les mauvaises analyses des rivières, et efface des communes marquées cette année en rouge à cause des pollutions en pesticides sur cette carte.

J Cl M 44 | 23 juin 2022 à 11h16 Signaler un contenu inapproprié

Outil génial de salubrité publique au sens premier du terme.....et rassurant en ce qui me concerne: mes deux lieux de villégiature préférés - la Corse et le Morvan - sont largement épargnés par cet empoisonnement!

BIB57 | 23 juin 2022 à 11h27 Signaler un contenu inapproprié

@ J CI M 44 : vous insinueriez donc que certaines petites mains mal intentionnées au sein de services publics dissimulent sciemment des résultats peu flatteurs, voir inquiétants pour la santé des administrés ?! Cela quitte à être dans l’illégalité car, sauf erreur de ma part, les analyses d'au potable doivent être affichées en mairie afin que les usagers puissent les consulter ? Et pour quelle finalité : éviter que les citoyens ne s'affolent et continuent ainsi à s'empoisonner doucement mais sûrement ? Et ainsi préserver à tout prix le business de l'agro-industrie ?
Serions-nous donc dans un monde de brutes dès lors qu'il s'agit de questions de protection de la santé publique et de l'environnement ?
Non, pareil cynisme n'est pas possible, voyons ! Nous savons tous que les pesticides de synthèse, c'est forcément du progrès et que leurs fabricants n’ont qu'un but : œuvrer au bien être de l'Humanité...

Pégase | 23 juin 2022 à 11h56 Signaler un contenu inapproprié

Bonjour, encore un outil qui va être dévoyé de sa réelle utilité ! les journaleux et bobos vont ce glousser devant des chiffres qui devraient être étudiés de façon plus objective. Les bios ne mettront pas les produits de biocontrôle alors que bon nombre d'entre eux comprennent des produis chimiques, de même leurs "solutions naturelles" qui n'ont jamais fait l'objet d'études écotox. Ils peuvent continuer à utiliser des produits non autorisés en France et souvent achetés sous le manteau !

Marc07 | 23 juin 2022 à 18h41 Signaler un contenu inapproprié

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