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Pesticides dans l'eau : une amélioration environnementale ambigüe

L'impact environnemental des pesticides dans l'eau est en légère baisse. Ce résultat s'explique par le retrait en 2008 de certains pesticides parmi les plus nocifs. Mais, les conditions météorologiques jouent aussi un rôle.

Eau  |    |  P. Collet

"Les teneurs en pesticides dans les cours d'eau, pondérées des risques environnementaux qu'elles représentent pour la faune et la flore aquatique, baissent légèrement sur la période 2008-2013", explique le Service de l'observation et des statistiques (SOeS) du ministère de l'Environnement. Une étude (1) de l'évolution entre 2008 et 2013 des risques environnementaux associés aux pesticides dans l'eau, publiée le 8 septembre, note qu'"à ce stade, la baisse des teneurs en pesticides dans les cours d'eau, pondérés de leur écotoxicité, est contraire à la hausse du recours aux produits phytosanitaires telle que traduite par l'indicateur de suivi du nombre de doses unité (Nodu) du plan Ecophyto".

Une évolution en partie calquée sur la météo

Un indice composite

Pour calculer l'indice d'évolution des pesticides dans les cours d'eau, le ministère pondère les concentrations moyennes annuelles des cours d'eau par le seuil d'écotoxicité propre à chaque pesticide. "Ce seuil correspond à la concentration maximale sans risque pour les algues, poissons ou daphnies", explique le document.

Cette méthode a été développée dans le cadre d'Ecophyto, pour suivre les substances autorisées depuis 2008. Dans cette étude, le SOeS l'étend à l'ensemble des pesticides présents dans les cours d'eau en 2013, produits de dégradation compris. Le calcul se base sur 313 pesticides et 2.388 points de mesure répartis en France métropolitaine et sur 88 pesticides et 69 points de mesure pour l'outre-mer.
L'indice d'évolution des pesticides dans les cours d'eau est passé de 100 en 2008 à 90 en 2013. Toutefois, il chute au cours des deux premières années de la série (il atteint 90 dès 2010) et stagne ensuite avec une légère remontée en 2012. Les conditions météorologiques expliquent en partie cette évolution. La baisse des années 2009 et 2010 intervient lors d'années plutôt sèches, alors que "l'augmentation des teneurs en pesticides dans les cours d'eau en 2012 est liée à un printemps pluvieux, notamment dans le sud-ouest". Généralement, l'humidité favorise le développement de champignons ou la pousse des adventices et les précipitations peuvent accentuer le transfert des pesticides vers les cours d'eau.

Sur les 313 pesticides pris en compte pour le calcul de l'indice, une vingtaine pèse à eux seuls pour la moitié de la toxicité globale, principalement des herbicides. Cette liste n'est pas uniquement composée des produits les plus vendus. Ainsi, le glyphosate, le pesticide le plus vendu et le plus présent dans les cours d'eau, n'y apparaît pas, car, explique le ministère de l'Environnement, il "pèse relativement peu dans l'indice du fait d'un seuil d'écotoxicité (2) largement supérieur à la médiane (28 microgrammes par litre (μg/l) contre 0,32 μg/l)". Le produit le plus toxique est l'heptachlore, un pesticide interdit depuis 1992, "peu présent dans les cours d'eau mais fortement écotoxique".

Les herbicides ont le plus fort impact environnemental. Ils contribuent à hauteur de 60 à 70% de la toxicité globale de l'indice. Leur teneur dans les masses d'eau détermine l'évolution de l'indice : une baisse entre 2008 et 2010, suivie d'une stagnation marquée par un rebond en 2012. Les insecticides affichent une tendance à la baisse plus marquée. Toutefois, en 2013, leur impact repart à la hausse, avec en particulier une augmentation notable de la présence de l'imidaclopride dans les cours d'eau. Ce pesticide néonicotinoïde a été le deuxième insecticide le plus vendu en France cette année là.

Une absence de substitution ?

Quant aux pesticides interdits, leur présence dans l'eau a diminué "de plus de 20%" en cinq ans. Cette baisse est concentrée en début de période, les trois quarts des produits interdits l'ayant été en 2008. Le SOeS donne l'exemple du diuron (herbicide) qui est passé, entre 2007 et 2013, de la 2ème à la 15ème place des pesticides les plus présents. Quant aux pesticides interdits avant 2008, leur présence dans l'eau diminue de 10% sur la période. Toutefois, certains pesticides particulièrement persistants dans les milieux aquatiques sont encore très présents. C'est le cas de l'atrazine (interdite en 2003) qui fait encore partie des 10 pesticides les plus présents dans les cours d'eau.

Selon l'étude, "il n'y a (…) pas eu d'effet de substitution visible dans les cours d'eau suite aux interdictions de 2008". Elle tire cette conclusion d'une baisse conjointe des teneurs en pesticides interdits et autorisés lors des deux premières années de la période étudiée (10% de 2008 à 2010). Mais l'évolution locale contredit parfois cette vision. Ainsi, dans certains secteurs du nord-ouest et du bassin Loire-Bretagne, "les teneurs en diuron diminuent mais il est remplacé par d'autres herbicides comme le diflufenicanil ou l'acétochlore". De même, le "pic ponctuel" de l'année humide 2012 s'explique par le recours accru à l'acétochlore et aux métolachlore par les maïsiculteurs. L'année suivante, la présence d'acétochlore diminue (retrait effectif du marché en 2013), alors que le métolachlore poursuit sa progression. Cette évolution n'est pas anodine puisque ce groupe "est le plus influent et pèse à hauteur de 55% dans l'indice global". Et l'étude souligne que, contrairement à la tendance nationale, l'impact environnemental des pesticides "est plutôt à la hausse sur le bassin Adour-Garonne", du fait du recours accru à ces deux herbicides.

1. Télécharger l'étude sur les pesticides dans les cours d'eau
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-27484-pesticides-eau.pdf
2. Il s'agit de la concentration dans l'eau au-delà de laquelle une substance a un effet toxique ou en deçà de laquelle elle est inoffensive.

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