L'association Générations futures publie, ce 25 novembre, les résultats d'une enquête participative de terrain de plusieurs mois, intitulée ExpoRip (1) (pour expositions des riverains aux pesticides). Sa conclusion est simple : les distances réglementaires d'épandage de produits phytosanitaires doivent être rehaussées. D'après ses statistiques, des résidus importants de pesticides se retrouvent sur les fenêtres des riverains situées même à 100 mètres, ou plus, de cultures diverses.
15 pesticides sur 30 relevés au moins une fois
L'ONG s'appuie sur l'analyse d'échantillons, recueillis par 58 participants domiciliés dans 26 départements, réalisée par Yootest, laboratoire indépendant spécialisé dans la qualité de l'air. Les riverains ont été encouragés par Générations futures à se doter eux-mêmes d'un kit de prélèvement (dotée d'une simple lingette, à passer sur les vitres donnant sur l'extérieur) et à l'envoyer pour analyse, en complément d'un questionnaire établissant des renseignements utiles pour catégoriser la distance, le contexte du domicile et le type de culture. Trente pesticides, parmi les plus utilisés en France, ont été analysés par Yootest – excluant le glyphosate, nécessitant un processus analytique à part plus coûteux, et le folpel, dont la substance impacterait la fiabilité des mesures.
La nécessité d'augmenter la distance
« Une tendance se dessine qui montre que l'exposition moyenne aux pesticides semble assez comparable dans notre échantillonnage dans les zones de zéro à vingt mètres des cultures et 21 et 100 mètres des cultures », souligne François Veillerette, porte-parole de l'ONG. Environ 95 % des échantillons prélevés à moins de 20 mètres ont présenté les traces d'au moins un pesticide (contre trois, en moyenne), et dans 90 % des cas jusqu'à 100 mètres. En comparaison, seules 50 % des vitres des riverains habitant à plus de 100 mètres d'une culture ont été touchées par la pulvérisation d'un pesticide.
Un rapport de synthèse de l'étude « Exporip » et de ses conclusions a été transmis aux ministères compétents, à l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ainsi qu'à Santé publique France. Générations futures et Yootest prévoient, d'ores et déjà, de renouveler leur enquête en 2022, afin « d'évaluer l'évolution des niveaux relevés et de donner plus de puissance statistique à (leurs) résultats ».