Une étude menée par des chercheurs français, publiée dans la revue Science of the Total Environment, alerte sur la présence de pesticides interdits depuis quarante ans qui "continuent d'empoisonner" les oiseaux marins de l'Antarctique. Cette étude est conduite par le Centre d'études biologiques de Chizé (CNRS/Université La Rochelle), le laboratoire Environnements et paléoenvironnements océaniques et continentaux (CNRS/Université Bordeaux) et l'Ecole pratique des Hautes études.
Il s'agit de polluants organiques persistants (POPs), utilisés comme des composés industriels (PCB), et d'insecticides dont le chlordane, la dieldrine ou le "tristement célèbre DDT". Ils impactent la reproduction et le comportement de certains oiseaux marins. En réalisant des prises de sang sur des skuas antarctiques (suivis par baguage), les chercheurs ont montré que ces oiseaux marins longévifs accumulent des PCB, et de nombreux pesticides organochlorés."C'est le cas en particulier du Mirex qui était utilisé depuis la fin de la deuxième guerre mondiale dans le sud des Etats-Unis, en Amérique du Sud et en Australie, pour combattre certaines fourmis invasives et des termites", précisent les scientifiques. Le suivi par baguage des skuas permet de démontrer les conséquences de leur exposition au Mirex qui affecte leur capacité à défendre le territoire et leur fécondité à long-terme. Les skuas les plus contaminés par le Mirex sont "moins agressifs et cette moindre capacité à défendre leurs œufs et leurs poussins pourrait expliquer leur plus faible succès reproducteur", expliquent les chercheurs.