Trois insecticides néonicotinoïdes (la clothianidine, l'imidaclopride et le thiaméthoxame) présentent des risques élevés pour les abeilles, selon une étude de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Mandatée par la Commission européenne, l'institution s'est penchée sur les effets aigus et chroniques des trois substances (en traitement des semences ou en granulés) sur le comportement des abeilles, la survie des colonies et leur développement, ainsi que sur les larves et les risques engendrés par des doses sublétales.
Sa conclusion ? Certaines utilisations - en traitement de semences ou en granulés – entraîneraient des impacts pour les abeilles. Ils seraient liés à leur exposition au pollen et au nectar, à l'émission de poussières au moment du semis ou à la guttation de la plante, notamment sur le maïs.
L'Autorité a également identifié un certain nombre de lacunes dans les données fournies pour permettre une évaluation plus approfondie des risques potentiels pour les abeilles.
Lors de la prochaine réunion (le 31 janvier) du comité permanent de la chaîne alimentaire et de la santé animale (CP Casa) en charge de ces questions, la Commission devrait inscrire ce sujet à l'ordre du jour.
Publiée dans la revue Science, une étude d'équipes de recherche française a également mis en évidence le rôle d'un insecticide de la famille des néonicotinoïdes, le thiaméthoxam, dans le déclin des abeilles. Ce dernier perturberait leur orientation et leur capacité à retrouver la rûche. Ces travaux devraient être complétés par des tests en plein champ.
"Le colza d'hiver vient d'être semé, l'expérimentation et l'exploitation des plantes démarreront au printemps", a précisé Olivier Le Gall, chef du département Santé des plantes et environnement de l'Inra, à l'occasion de l'audition mercredi 16 janvier de François Houiller, devant la Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l'Assemblée nationale.
L'interdiction des néonicotinoïdes : un coût de 17 milliards d'euros au niveau européen ?
Une publication du Forum Humboldt pour l'alimentation et l'agriculture défend quant à elle les néonicotinoïdes utilisés en traitement de semences en argumentant sur leur potentiel rôle socio-économique, technologique et environnemental.
Financée par Bayer CropScience et Syngenta, elle intervient dans un contexte de restriction de l'usage de ce type de pesticides, notamment en France. Le ministère de l'Agriculture a ainsi publié le 26 juillet un arrêté relatif à l'interdiction d'utilisation et de mise sur le marché du pesticide Cruiser OSR du groupe Syngenta, utilisé en traitement de semence pour le colza.
Ce rapport insiste sur les risques de perte de compétitivité de certains territoires et de réduction de la production alimentaire, en cas d'interdiction de ce produit au niveau européen. Les conséquences, selon le document, seraient une importation représentant l'équivalent de 30 millions d'hectares et une émission résultante de 600 millions de tonnes de CO2.
"Une éventuelle interdiction ou la suspension de la technologie NNi aurait d'énormes conséquences économiques, pointe le rapport. Sur une période de cinq ans, l'Union européenne pourrait perdre près de 17 milliards d'euros, 50.000 emplois dans l'ensemble de l'économie, et plus d'un million de personnes engagées dans la production arable en souffriraient".
Autre conséquence d'une interdiction : l'augmentation du prix des produits agricoles.
"Ce traitement améliore de manière significative les rendements des cultures, ce qui est essentiel au vu de la volatilité extrême sur les marchés, de l'augmentation des coûts des intrants, des mauvaises conditions météorologiques et de la demande alimentaire mondiale en pleine croissance, ont réagi dans un communiqué les coopératives agricoles Copa-Cogea. Il présente des gains économiques de quelque 4 milliards d'euros, favorisant l'emploi dans les zones rurales de l'UE".