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Pesticides : le plan Ecophyto "booste" t-il la recherche ?

Extraits de plantes, toxines de micro-organismes ou pseudo "vaccins", différentes pistes sont envisagées pour réduire l'utilisation des pesticides. En ligne de mire : la division par deux du recours à ces molécules d'ici 2018. Tour d'horizon.

Agroécologie  |    |  D. Laperche
Pesticides : le plan Ecophyto "booste" t-il la recherche ?

Auxiliaires de cultures, phéromones attractives pour la lutte directe par confusion sexuelle ou encore le purin d'ortie : différentes voies sont aujourd'hui explorées pour limiter le recours aux produits phytosanitaires.

"Au-delà d'un effet mode, il y a un aspect réglementaire : le plan Ecophyto a induit une demande du terrain, côté producteur, pour trouver des alternatives aux pesticides", souligne Emeline Defossez, chargée de développement "protection des Végétaux et Systèmes de Culture" pour le pôle de compétitivité Végépolys.

Le plan vise en effet une réduction de 50% de l'usage de ces molécules d'ici 2018. Si le chemin à parcourir semble encore long pour y parvenir, différentes équipes de recherche s'efforcent de développer la palette des solutions alternatives.

Ainsi des scientifiques s'efforcent d'exploiter les caractéristiques biocides des extraits du marc de raisin (projet Phytomarc). "Pour l'instant, l'efficacité varie de 20 à 90% nous sommes au début de l'étude, précise Jean-Marie Joubert, directeur R&D de la société Goëmar, nous espérons l'améliorer par la formulation et l'enrichissement en molécules".

Comme ces extraits ne s'avèrent pas stables au cours du temps, ils présentent peu d'impacts sur l'environnement.

Autre stratégie : l'utilisation d'extrait de plantes aromatiques ou alimentaires. Menthe, verveine, camomille, thym, etc., les scientifiques réunis autour du projet Greenprotect ont sélectionné près de 500 extraits sous forme d'huiles essentielles, extraits hydro-alcooliques, etc. Les pratiques culturales restent les mêmes que pour les voies traditionnelles : des applications foliaires ou sur des semences.

"Nous nous sommes fixés un seuil d'efficacité supérieur à 75%, nous ne terminerons certainement pas avec 500 extraits mais si nous en disposons d'une dizaine, ce sera très bien", pointe Jean-Marie Joubert.

Les scientifiques espèrent également trouver des solutions alternatives aux pesticides grâce aux toxines synthétisées par des micro-organismes, en veillant à ce que celles-ci ne soient toxiques pour la microfaune et flore.

Activer les mécanismes de défense naturels de la plante

"Les plantes, comme les humains, peuvent reconnaître des signaux qui viennent de l'extérieur quand elles sont attaquées et activent alors différentes voies métaboliques : comme produire des composés qui vont être biocide ou renforcer certaines parois cellulaires pour freiner les pathogènes", explique Emeline Defossez.

L'idée de projets comme Defistim consiste alors à activer les mécanismes de défense naturels de la plante grâce à des stimulateurs. Ainsi le projet Usage utilise la connaissance des signaux impliqués dans les relations plante insecte. La résistance systémique du végétal à un bio-agresseur est induite, dans ce cas, grâce à l'application foliaire d'un sucre à une très faible dose (de l'ordre du ppm) selon un protocole très précis. D'autres laboratoires travaillent sur la possibilité d''utiliser des odeurs répulsives ou antagonistes qui pourraient interférer avec les mécanismes de communication des insectes ravageurs dans l'objectif de les éloigner des cultures.

Réactions6 réactions à cet article

bonjour
je ne conteste pas l'intérêt des études sur de nouvelles substances dans la lutte contre les agresseurs des cultures, si des molécules éco-friendly (pardonnez l'anglicisme) peuvent se substituer aux bulldozers chimiques actuels, tant mieux. Pour autant il faut toujours rappeler la nécessité urgente de changer d'agronomie, de la fonder sur des rotations de cultures bien plus longues et diversifiées etc. en bref sur l'application de méthodes et non sur l'épandage systématique de produits. Dans une réunion de suivi Ecophyto à laquelle j'ai pu assister, les témoignages d'agriculteurs étaient significatifs : ceux qui réussissaient à réduire leur consommation de pesticides étaient ceux qui avaient diversifié et allongé leurs rotations, en revanche ceux qui se contentaient de réduire sans changement de méthode connaissaient de gros déboires. Il y a un très gros effort de pédagogie à fournir pour former les agriculteurs conventionnels à des pratiques bien connues chez les agrobio : variétés résistantes, faux-semis, associations de plantes, semis sous couvert etc. sans oublier des apports de matière organique sous forme de compost. La monoculture intensive en très grandes parcelles devrait disparaître si on veut parvenir aux objectifs fixés. Il n'y a pas lieu d'être très optimiste..

degolarson | 29 août 2013 à 11h44 Signaler un contenu inapproprié

Il est connu et répété que la proximité, en culture, de certaines espèces végétales peut en protéger d'autres d'agressions diverses : parasites, ravageurs, micro-organismes, champignons, etc. Cette grande variété d'interactions mériterait d'être étudiée de manière scientifique et systématique. Déjà pour établir la réalité des interactions observées empiriquement depuis… très longtemps, ensuite pour comprendre ces mécanismes de "protection croisée", enfin pour définir des stratégies économiquement efficaces et utilisables par les agriculteurs qui voudraient en bénéficier.
Serait-ce une mauvaise utilisation des fonds publics ?

Jean-Claude HERRENSCHMIDT | 29 août 2013 à 11h57 Signaler un contenu inapproprié

à J-C H : tout à fait d'accord : la recherche doit porter autant sinon plus sur les méthodes et stratégies que sur les molécules. Le défaut des méthodes, c'est qu'elles génèrent moins de royalties que les produits...et que ce n'est pas Monsanto ni Bayer qui vont financer les travaux sur la stratégie. Il existe déjà des "catalogues " d'itinéraires techniques, c'est un début. Il y a déjà 30 ans, j'ai pu entendre un agriculteur beauceron ( ! ) pionnier du bio expliquer qu'il ne savait pas lutter contre une attaque de rouille sur ses blés, mais disait-il "c'est parceque je n'ai jamais d'attaque, alors maintenant je vais vous dire comment je fais pour ne pas en avoir" et de détailler ses rotations, apports de compost, façons culturales etc. Le changement de mentalité des agriculteurs sera difficile à négocier mais le progrès, le vrai, est à ce prix.

degolarson | 29 août 2013 à 18h13 Signaler un contenu inapproprié

Espérons que l'innocuité (pour l'applicateur, le consommateur, l'environnement, etc.) de ces "pseudopesticides" sera démontrée de façon aussi convaincante (et coûteuse) qu'elle l'est pour les pesticides de synthèse. Mais j'en doute. Sous prétexte qu'ils sont naturels, ces produits bénéficient d'un a priori favorable de la part des écologistériques, a priori sans aucun fondement scientifique...

mb | 06 septembre 2013 à 15h58 Signaler un contenu inapproprié

A Mb, penser que les études des fabricants de pesticides sont sérieuses et impartiales, c' est vraiment de l'ignorance. C est comme demander à un aveugle s'il veut voir ...
Je vous conseille le livre / film de Marie Monique Robin "mon poison quotidien".

Zéro poison | 22 septembre 2013 à 14h55 Signaler un contenu inapproprié

Santé publique, lobbying international et principe de précaution....
Depuis des millénaires, l'homme sait très bien produire sans pesticides. Regardez l'agriculture biologique, ça marche MAIS, il faut remonter les manches et réfléchir, analyser le sol, analyser le climat, examiner les plantes, etc. Ce n'est pas une agriculture pour les individus assis dans un fauteuil et désirant uniquement compter leurs billets de banques pendant qu'ils polluent à tout va, l'air, la nappe phréatique et bien entendu tout ce qu'ils récoltent (ainsi que leurs voisins).
le principe de précaution est largement bafoué comme d'habitude. Toutes ces recherches sur ces pesticides ne sont qu'un écran de fumée permettant à ceux qui emploient ces poisons, de les utiliser encore plus longtemps sous prétexte de ceci et de cela. Alors qu'il n'y a pas d'excuse valable. Si on appliquait le principe du pollueur-payeur, tout de suite les personnes utilisant ces poisons cesseraient leur activité du fait même de l'impact environnemental et sanitaire, et des lourdes pénalités.

arthur duchemin | 08 octobre 2013 à 09h35 Signaler un contenu inapproprié

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