A l'opposé des discours des associations de protection de l'environnement et des décisions gouvernementales prises à ce sujet (plan Ecophyto, Plan national santé environnement 2), le rapport conclut qu'une baisse de 50 % de l'utilisation de produits phytosanitaires, objectif fixé par le Grenelle, serait néfaste à l'agriculture française car ''trop brutale''.
Pour France Nature Environnement, ces conclusions vont ''à l'encontre de l'ensemble des positions actuelles''. De son côté, Marie-Christine Blandin, sénatrice Verte du Nord, dénonce ''la pitoyable tentative, juste avant le vote du Grenelle 2 à l'Assemblée nationale, de légitimer le détricotage du consensus de réduction de 50 % des pesticides prévu à l'horizon 2018'' et précise dans un communiqué que le texte a été adopté ''avec moins de 10 présents sur les 36 membres que compte l'OPECST''.
La faim justifie les moyens !
Le député UMP Claude Gatignol, vétérinaire, et le sénateur UMP, Jean-Claude Etienne, professeur de médecine, dressent pourtant un constat édifiant : ''les pesticides et résidus de pesticides sont présents dans tous les compartiments de l'environnement ; l'exposition de la population générale est liée à de multiples facteurs : aliments, eau de consommation, air intérieur et extérieur, poussières dans les habitations''.
S'ils reconnaissent que ''l'exposition de la population générale aux pesticides est très peu et mal mesurée'', ils en concluent qu' ''aucune étude scientifique n'est en mesure aujourd'hui de faire, chez l'homme, un lien entre la consommation d'aliments issus de l'agriculture conventionnelle qui utilise des produits phytopharmaceutiques, et la survenue de maladies''.
En revanche, ''la sécurité sanitaire des aliments est dans certains cas renforcée grâce à l'emploi de pesticides''.
Donc, selon les co-rapporteurs, en l'état des connaissances actuelles, les décisions doivent être prises en fonction des certitudes, lesquelles sont, toujours selon eux, favorables à l'utilisation des pesticides : ''l'augmentation de la productivité agricole dans les pays développés a pour corollaire une sécurité alimentaire accrue''. Or, ''le problème de la sécurité mondiale risque de se poser davantage dans les années qui viennent avec une population mondiale qui devrait, selon les projections, atteindre les 9 milliards de personnes en 2050''. L'équation paraît simple… Au contraire, une diminution ''trop brutale'' de l'utilisation des pesticides en France ''ferait courir toute une série de risques à un pan entier de notre économie, à savoir une plus grande sensibilité des cultures aux aléas parasitaires, une hausse des prix agricoles, la possible disparition de nombreuses productions de fruits et légumes…''.
Des risques à surveiller tout de même
Les deux rapporteurs se disent néanmoins ''conscients de la nécessité de renforcer les mesures de nature à préserver l'environnement et la santé humaine et ne méconnaissent pas les coûts annexes liés à l'usage des pesticides comme ceux concernant la production d'eau potable ou la dépollution des sols''. Et de dresser une liste de recommandations visant à renforcer la veille sanitaire (surveillance épidémiologique de la population générale et de la population exposée, registre national du cancer…), la formation et l'information (envers les professionnels et les non professionnels), la recherche et la réglementation.