Les pesticides à base de SDHI (inhibiteurs de la succinate déshydrogénase) continuent à poser de sérieuses questions sur leur impact sanitaire et environnemental. Les associations Générations futures, Nous voulons des coquelicots et France Nature Environnement (FNE) ont adressé, le 21 janvier, un courrier à l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) réclamant l'abrogation des autorisations de mise sur le marché (AMM) de trois pesticides à base de SDHI : le Keynote et l'Aviator Xpro produits par Bayer, et le Librax produit par BASF. En cas de refus, elles indiquent vouloir saisir la juridiction administrative, rappelant le succès judiciaire obtenu avec deux insecticides contenant du sulfoxaflor.
« Ces produits, qui s'attaquent à la fonction respiratoire des champignons pathogènes, s'attaquent également à celle des vers de terre, des abeilles et de l'homme. Ils sont donc particulièrement dangereux », estiment les associations à propos des SDHI. Plusieurs études scientifiques ont alerté sur les risques présentés par ces fongicides. Le 21 janvier, 450 scientifiques ont publié une tribune dans Le Monde demandant l'arrêt de l'utilisation de ces produits, tandis que l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) organise une audition sur la question jeudi 23 janvier. En réaction à ces initiatives, l'Anses indique qu'elle « reste mobilisée et poursuit son expertise scientifique en toute indépendance et transparence ». En août dernier, elle avait réaffirmé l'absence d'alerte sanitaire concernant ces substances et repoussé l'idée d'un retrait des AMM en vigueur.
L'Union des industries pour la protection des plantes (UIPP), qui représente les fabricants de pesticides, dénonce une lecture excessive du principe de précaution. « Alors que certains de ces produits sont commercialisés depuis plusieurs dizaines d'années dans le monde, aucun signal sanitaire (données d'évaluation, de suivi des effets indésirables après autorisation…) n'a été identifié, à ce jour, ni au niveau national ni au niveau européen, qui justifierait le retrait des autorisations de mise sur le marché des produits concernés », indique l'organisation professionnelle.