La ministre de l'Environnement Ségolène Royal demande à Eco-emballages de mettre en place un malus sur l'éco-contribution des emballages non recyclables. L'éco-organisme qui représente notamment les fabricants d'emballages plastique a 15 jours pour proposer une modulation de ses tarifs et mettre en place un malus sur le PET opaque. Ségolène Royal demande que le malus proposé soit suffisamment élevé pour annuler les avantages économiques de cette résine. En parallèle, un groupe de travail vient de se mettre en place pour créer une filière de recyclage. "Si aucune technologie de recyclage n'émerge, j'envisagerai l'interdiction du PET opaque", explique la ministre.
Le PET opaque n'entre pas dans les conditions du malus
Effectivement, "Eco-Emballages applique un malus aux emballages perturbateurs de tri ou qui n'ont pas de filière de recyclage", rappelle l'éco-organisme contacté par Actu-Environnement. Ce malus est de 50% pour les perturbateurs de tri, tels que les flacons munis d'une pompe à ressort en aluminium, ou de 100% pour les emballages non recyclables, comme les pots en grès. Pour l'entreprise, "le PET opaque n'entre pas dans les conditions du malus". En effet, Eco-Emballages explique dans un communiqué que "le PET opaque se recycle en mélange avec du PET coloré pour la production de fibres synthétiques". Mais il y a une condition : il ne doit pas dépasser 15% du mélange. "En 2016, le taux moyen d'emballages en PET opaque dans les balles de PET coloré est de 12% mais avec des pointes allant au-delà de ce seuil", poursuit Eco-Emballages.
Pour l'instant, Eco-Emballages mise sur de nouvelles solutions techniques et des débouchés propres au PET opaque. En 2017, il financera un plan en ce sens doté de 1,5 million d'euros. Ce plan comprend trois axes : l'éco-conception des emballages en PET opaque, un programme sur le recyclage et la recherche de nouveaux débouchés. En matière d'éco-conception, l'objectif est de réduire le taux d'opacifiants minéraux afin de pouvoir augmenter le taux d'incorporation acceptable dans les balles de PET. Le volet recyclage vise à "aider les recycleurs à gérer les excédents actuels, à améliorer les process et augmenter le seuil d'intégration du PET opaque". Quant aux nouveaux débouchés, ils pourraient être trouvés dans des matériaux destinés au bâtiment.
Fort développement depuis 2010
Cette nouvelle résine a fait son apparition dans les rayons des supermarchés à partir de 2010, mais elle s'est fortement développée il y a quelques mois. Plus légère que le PEHD de 25%, cette résine réduit d'autant l'éco-contribution payée en fonction du poids des emballages. Sans compter qu'elle est moins onéreuse à l'achat. "Pour des raisons principalement économiques, les industriels metteurs sur le marché ont substitué une matière première à une autre, sans considération des conséquences sur la fin de vie des emballages", résume la fédération des entreprises du recyclage Federec. Le PET opaque doit donc être extrait du gisement et orienté vers l'incinération ou la valorisation énergétique.
Les recycleurs attendent une hausse de l'éco-contribution des emballages en PET opaque : "Si les emballages non recyclables sont fortement pénalisés au moyen par exemple d'une modulation significative des éco-contributions, alors des efforts seront peut être consentis par les industriels", analyse Federec. Mais pour les fabricants de résines plastique représentés par Plastic Europe, l'équation est loin d'être si simple car la recyclabilité des résines n'est qu'un critère environnemental parmi d'autres à prendre en compte aux côtés de la consommation de matière fossile, le poids des produits... Les bouteilles de lait en PET opaque n'ont, par exemple, pas besoin d'opercule en aluminium. "Il faut raisonner en analyse du cycle de vie (ACV)", prévient Michel Loubry, directeur général de Plastic Europe.
Philippe Collet et Florence Roussel