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Les peuples autochtones portent la parole d'une nature et d'un climat menacés au Bourget

Le mode de vie des peuples indigènes est menacé par le changement climatique, mais aussi par les mesures mises en œuvre par les gouvernements pour réduire leur empreinte carbone. Ils veulent que leur rôle soit mieux reconnu dans l'accord.

Gouvernance  |    |  S. Fabrégat
Les peuples autochtones portent la parole d'une nature et d'un climat menacés au Bourget

"Nous voulons que les dirigeants veillent à ce que survive notre terre mère", interpelle Felix Santi, représentant du peuple Quechua (Amazonie), présent à Paris, pour la COP 21. Comme lui, les peuples autochtones du monde entier souhaitent faire entendre leur voix au Bourget : leur cadre de vie est menacé et, par là, leur mode de vie, leur culture et leurs traditions. "La santé et le bien-être du peuple Inuit a toujours été lié à son environnement. Nous sommes touchés par les impacts du changement climatique sur notre culture, notre organisation sociale et économique", souligne Okalik Eegeesiak, représentant du Conseil circumpolaire inuit (ICC).

Mais les peuples autochtones sont aussi, et surtout, là pour que leur rôle soit reconnu dans la lutte contre le changement climatique. "Nous sommes les utilisateurs, mais aussi les ayants droit de la forêt, rappelle Joan Carling (Philippines), représentante des peuples autochtones aux Nations unies. Nous sommes les gardiens de la forêt et, à ce titre, nos droits coutumiers doivent être pris en compte, tout comme notre contribution à la lutte contre le changement climatique".

Leur crainte : que les gouvernements nationaux, sous couvert de lutter contre le changement climatique, mettent en péril leurs communautés : "Il y a encore des politiques nationales qui restreignent notre utilisation des terres et nous criminalisent. Beaucoup de pays empêchent la collecte des produits forestiers non ligneux, car ils ont créé des aires naturelles protégées. Pourtant, pour nous, c'est une question de sécurité alimentaire : la forêt n'est pas uniquement du carbone, c'est notre vie", insiste Joan Carling.

Remettre au cœur de l'accord la question des droits humains

Tous souhaitent que soit inscrit dans l'accord l'objectif de limiter le réchauffement des températures à 1,5°C, ainsi que le principe des responsabilités communes mais différenciées. Mais il est également fondamental pour eux que les droits humains, et notamment ceux des peuples autochtones, soient explicitement inscrits dans le texte.

Et ce combat n'est pas gagné. Pire, certains pays, à l'instar de la Norvège, de l'Arabie saoudite et des Etats-Unis, plaident pour une suppression totale de la référence aux droits humains. En revanche, le Canada, le Chili, Costa Rica, le Mexique et les Philippines se positionnent en faveur d'une reconnaissance des droits humains dans les futurs accords.

Mais pour l'instant, seul le préambule du projet d'accord souligne "qu'il importe de promouvoir, protéger et respecter tous les droits de l'homme, le droit au développement, le droit à la santé, et les droits des peuples autochtones (...)". Ces droits étaient également cités dans l'article 2 du brouillon d'accord, relatif aux objectifs et aux grands principes (équité, responsabilités communes mais différenciées, respect des droits de l'homme...), mais cette mention a disparu : "Cette référence aux droits des peuples indigènes dans cette partie de l'accord est importante, car elle fixe les principes qui guideront l'atteinte des objectifs de l'accord", souligne Victoria Tauli-Corpuz, rapporteure des Nations unies pour les droits des peuples indigènes. "Il est essentiel que l'article 2 fasse référence aux peuples autochtones, martèle Kumi Naidoo, président de Greenpeace international. Ils sont les meilleurs protecteurs de la forêt et de l'Arctique". Une étude scientifique, publiée par le Woods hole research center (WHRC), indique ainsi que les territoires des peuples indigènes d'Amazonie, qui sont menacés aujourd'hui, stockent plus de carbone que les autres territoires. "Si les droits des peuples indigènes sont rayés de l'accord final, alors, les négociateurs auront montré que leur intention d'atténuer le changement climatique n'était qu'une façade", insiste la rapporteure des Nations unies.

Les peuples autochtones associés à l'adaptation

Outre la reconnaissance de leur rôle dans l'atténuation du changement climatique, les autochtones souhaitent aussi être acteurs de l'adaptation. L'article 4 du projet d'accord prévoit seulement que les actions pour l'adaptation devront prendre "en considération [les droits de l'homme,] [les droits des peuples vivant sous occupation,] les groupes, les communautés et les écosystèmes vulnérables (…) et, selon qu'il conviendra, des systèmes de connaissances traditionnels, autochtones et locaux, en vue d'intégrer l'adaptation dans les politiques et les mesures socioéconomiques et environnementales pertinentes, le cas échéant". Rien d'obligatoire donc : les peuples autochtones devraient être associés aux processus d'adaptation et leur participation à la planification, à la prise de décision, au suivi et à l'évaluation devra être facilitée...

Pourtant, grâce à leurs savoirs traditionnels, leur approche de la gestion des territoires et des ressources naturelles, "les communautés autochtones sont des acteurs clés, analyse Joan Carling, ajoutant : A condition que leurs droits fonciers soient reconnus. Nous souhaitons gérer nous-mêmes nos terrains et avoir un droit de regard sur l'utilisation et la gestion des territoires". Sur ce point,le brouillon d'accord prévoit que des lignes directrices soient définies pour toutes les actions menées dans le secteur des terres. Outre d'assurer l'intégrité et la résilience des écosystèmes naturels, ces principes devront porter sur le respect des systèmes d'utilisation des terres traditionnels et durables, ainsi que la sécurité de la propriété foncière des peuples autochtones et des communautés locales.

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