Vendredi 11 juin, le ministère de l'Environnement a publié la liste des lauréats de l'appel d'offres dédié aux installations photovoltaïques couplées à des dispositifs de stockage de l'énergie (1) , dans les zones non-interconnectées. Trente-trois projets (2) , pour une puissance totale de 51,8 mégawatts (MW), ont été retenus. Une seconde liste complémentaire regroupe six projets pour une puissance de 13,4 MW. Globalement, ils devraient permettre de produire 70 gigawattheures (GWh) par an.
Cet appel d'offres avait été lancé en mai 2015 pour une puissance totale de 50 MW. Il visait les départements d'outre-mer (DOM) et la Corse. Les installations devaient se répartir à parts égales entre les installations sur bâtiments, et celles sur ombrières de parking ou au sol. L'objectif, à terme, est d'assurer l'insertion des énergies renouvelables dans les réseaux électriques isolés et de renforcer l'indépendance énergétique de ces territoires non raccordés au réseau électrique métropolitain. "La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte fixe ainsi l'objectif d'atteindre l'autonomie énergétique dans les départements d'outre-mer", rappelle le ministère.
La Corse en tête
Avec une puissance de 18 MW pour huit projets, la Corse est l'île la mieux servie par l'appel d'offres. Suivent la Martinique (11,1 MW pour huit projets), la Guadeloupe (9 MW, six projets), La Réunion (8,5 MW, neuf projets) et la Guyane (5,2 MW, deux projets). La liste complémentaire contient 6 et 5 MW de projets supplémentaires, respectivement en Guadeloupe (deux projets) et en Guyane (un projet). Elle retient aussi deux installations de 0,6 MW et 0,3 MW à La Réunion et en Corse. Quant à Mayotte, elle n'apparaît qu'en liste complémentaire avec un projet de 1,5 MW. Les deux projets les plus puissants sont situés en Corse avec des puissances de 5 MW (Corsica Sole 9) et 4,78 MW (Corsica Sole 6). Cinq autres projets dépassent 1,5 MW et quatorze projets ont des puissances comprises entre 1 et 1,5 MW.
Selon le Panorama des cleantechs 2016, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) a eu à choisir parmi 217 dossiers, pour une puissance de 356 MW : 76 en Corse, 50 à La Réunion, 38 en Guadeloupe, 29 en Guyane, 18 en Martinique et 6 à Mayotte. En 2013, l'Ademe évaluait le gisement "rentable" entre 200 et 400 MW pour ce type d'installations dans les territoires insulaires.
204 euros par MWh
Les futures installations ont été retenues en tenant compte de deux critères clés : la compétitivité coût et la valorisation de l'environnement et de l'innovation. Les 33 lauréats de l'appel d'offres "pourront bénéficier de tarifs d'achat garantis à un prix pondéré de l'électricité de 204 euros par mégawattheure", explique le ministère, précisant que ce prix est compétitif par rapport aux coûts complets de production dans les zones non-interconnectées. A titre de comparaison, en début d'année, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) expliquait que les offres incluant le stockage apparaissent autour de 250 euros par MWh (sans préciser la puissance de ce type d'installation).
Le surcoût, par rapport au prix de l'électricité vendue en France métropolitaine, sera intégré à la contribution au service public de l'électricité (CSPE). Depuis août 2014, la règlementation prévoit que le coût des ouvrages de stockage et des actions de maîtrise de la demande d'électricité en zone insulaire soit pris en charge par le dispositif assurant la compensation des charges de service public de l'électricité.
Pour rappel, en 2015, plus de 1.350 MW de stockage ont été installés à travers le monde, et notamment aux Etats-Unis. "La France reste pour l'instant à l'écart du mouvement, à l'exception de l'Outre-mer où les projets devraient se multiplier", souligne E&Y qui réalise le panorama des cleantechs.