Si pour l'instant, le solaire photovoltaïque jouit d'une bonne image auprès de la population, l'effet d'aubaine créé par des tarifs de rachat de l'électricité avantageux et des crédits d'impôts a attiré des acteurs peu scrupuleux (''vendeurs de crédits d'impôts'' comme pour les PAC) ou pas assez formés à cette technique qui risquent de décrédibiliser la profession. Les malfaçons sont nombreuses et les risques liés à ces défauts de réalisations bien présents.
Des installations non conformes, un manque de contrôle
Selon le Comité national pour la sécurité des usagers de l'électricité (CONSUEL), en 2009, sur 2.341 installations photovoltaïques contrôlées, 37 % d'entre elles, soit 864, seraient non conformes. Un chiffre important, mais en diminution par rapport à 2008 (45 % des installations contrôlées, soit 630, présentaient alors des non-conformités).
Outre les faibles rendements liés à une installation défectueuse, ce sont avant tout les risques qui sont pointés du doigt aujourd'hui. Sur les 864 installations non conformes, 72 % présenteraient un risque d'électrocution et 28 % un risque d'incendie. Parmi les défauts relevés lors des contrôles : absence d'étiquette d'avertissement, prises de terre distinctes non interconnectées, valeur de la prise de terre incorrecte, mise en oeuvre incorrecte (connexions, type de câble...), section inadaptée du circuit entre l'onduleur et le réseau…
51% des non-conformités se trouvent en métropole. Cette disparité s'explique par des différences de procédures. En effet, en Outre-mer, des attestations de conformité sont exigées systématiquement par le gestionnaire de réseau de distribution d'électricité lors du raccordement, ce qui incite ''les installateurs locaux à une plus grande vigilance sur le respect des règles d'installation. Ces contrôles ont aussi un effet pédagogique et permettent aux installateurs de mieux s'approprier les règles de sécurité'', analyse CONSUEL.
En métropole, la diversité de qualification des entreprises mais aussi l'absence de contrôle obligatoire change la donne. Le ministère en charge de l'Ecologie a affiché sa volonté de modifier les procédures et d'étendre le décret du 14 décembre 1972 rendant obligatoire, dans le logement, l'attestation de conformité pour toute installation électrique neuve, aux installations de production notamment photovoltaïques, mais ne donne pas de calendrier. Pourtant, il est nécessaire pour ne pas décrédibiliser la filière, d'assainir rapidement le secteur via une réglementation plus stricte. Des règles d'installation et des normes ont été produites (UTE 15-712, NFC 15), mais sans obligation de contrôle, dans les faits, les installations peuvent s'en éloigner.
De plus, l'agrémentation des professionnels (QualiPV), censée garantir la qualité, n'est basée que sur deux jours de formation. L'installation de panneaux photovoltaïques requiert pourtant des compétences particulières à la fois de couvreur et d'électricien. Alors qu'en février 2008, aucun installateur n'était engagé QualiPV, fin 2008, ils étaient 2.641 et au 1er septembre 2009, 4.500 entreprises étaient engagés. Mais combien d'entre elles ont réellement les compétences requises ?
Le marché croît de manière anarchique
Avec la baisse du prix des modules, les incitations financières nombreuses, une bulle s'est créée au niveau du marché du photovoltaïque. La capacité de production installée a plus que doublé en un an. Secteur en plein essor, la filière photovoltaïque française devrait, selon le Syndicat des énergies renouvelables, compter 15.000 emplois directs en 2012, générés principalement par l'aval de la chaîne. Mais cette croissance du secteur souffre du manque de personnes formées à l'installation de modules. Beaucoup de sociétés peu déontologiques tentent donc de s'engouffrer sur ce marché porteur.
Ce manque de main d'œuvre et de compétences clés a été relevé par le Commissariat général au développement durable dans son étude sur les 17 filières vertes : ''la France se doit d'investir dans l'installation et l'entretien car le marché national existe déjà et son développement futur ne fait pas de doute''. Pourtant, l'offre de formation est encore limitée.
Si certains acteurs pensent que l'assainissement du secteur se fera de manière naturelle, d'autres demandent une réglementation plus stricte ou même une nouvelle baisse étendue des tarifs de rachat pour limiter l'effet d'aubaine. Certains proposent déjà, pour se démarquer, une plus value via des services de maintenance ou de surveillance.