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Basée à Château-Arnoux-Saint-Auban (Alpes-de-Haute-Provence), la société Silpro (Silicium de Provence), détenue principalement par une holding germano-néerlandaise* (70%) et EDF Energies Nouvelles (12,8%), a été placée le 7 avril en redressement judiciaire. Victime, selon EDF EN, de la crise financière et de la chute de la demande mondiale de silicium.
Le projet officiellement lancé en 2007 par François Loos, alors Ministre délégué à l'industrie, devait aboutir à la construction et à l'exploitation d'une usine de silicium raffiné, destiné à l'industrie solaire photovoltaïque. Objectif : favoriser le développement de la filière photovoltaïque. L'usine devait démarrer sa production en 2008 avec une capacité annuelle initiale de 2 à 3.000 tonnes. La ville de Saint-Auban s'affichait comme un choix stratégique. Il est en effet doté la proximité d'un site chlorié d'Arkema qui pouvait fournir du chlorure d'hydrogène purifié (HCl) et de l'hydrogène utilisés pour la production de silicium.
Dans un courrier daté du 15 avril dernier adressé aux élus locaux, par le biais du Député UMP de la région, M Daniel Spaniou, le Président de la République, Nicolas Sarkozy a affirmé son soutien au projet : ce projet industriel de grande envergure fournira à la France une des premières retombées concrètes en termes d'emploi et d'activités de l'orientation de notre politique énergétique vers les énergies renouvelables.
Afin de tenter de rassembler de nouveaux actionnaires, l'ensemble des partenaires publics et privés** de ce projet s'est rencontré le 26 avril dernier à l'Elysée. Il faut agir […]. C'est tout un territoire qui attend des réponses claires à une situation sociale difficile, a estimé M. Patrick Martellini, Président de la Communauté de Communes de Moyenne Durance et Maire de la ville de Château-Arnoux-Saint-Auban. Après un plan de restructuration qui a touché l'usine chimique d'Arkema (groupe Total) en 2005 où 380 postes sur 713 ont été supprimés, la création de cette usine de silicium reste, en effet, officiellement souhaitable dans cette région.
L'Etat veut que le projet voit le jour
Christian Fremont, le directeur de cabinet du président de la République s'est voulu rassurant en indiquant que l'état voulait que le projet voit le jour. Des contacts vont être pris avec de grandes entreprises comme Total, EDF et d'autres, même étrangères. L'Etat a dit qu'il soutenait le projet Silpro et nous ferons tout pour qu'il aboutisse, a confié à l'AFP, Daniel Spagnou, le député-maire UMP de Sisteron, après la réunion.
Le projet Silpro a trois semaines pour trouver de nouveaux partenaires. Une réunion avec l'ensemble des partenaires devrait se tenir aux alentours du 20 mai avec l'objectif de boucler un plan de financement viable.
Mais au-delà du phénomène ''crise financière'' qui justifie officiellement la déroute de ce projet qui n'a, rappelons-le, toujours pas abouti, le problème pourrait aussi venir du fait qu'une production française de Silicium raffiné ne serait finalement pas concurrentielle. Elle ne supporterait par exemple pas la comparaison avec la production étrangère et notamment chinoise. Problèmes : comment justifier l'investissement déjà consenti ? Comment légitimer le maintien d'un projet potentiellement non-viable ?
*Le groupe néerlandais E-Concern et le fabricant de panneaux solaires photovoltaïques Solon, coté en Allemagne
**Cette réunion réunissait les députés Jean-Louis Bianco (PS) et Daniel Spagnou (UMP), le sénateur Claude Domeizel (PS), le vice-président du conseil régional, Christophe Castaner (PS), le président de la communauté de communes de la Moyenne-Durance et maire de Château-Arnoux, Patrick Martellini (PRG), le conseiller général du canton, José Escanez (MRC), le préfet N'Gahane, ainsi que les représentants des ministères concernés et tous les financeurs publics et privés.