A l'occasion du Conseil des ministres du 20 mai, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a présenté un plan d'action en faveur de la protection des abeilles sauvages. Baptisé "France Terres de polinisateur", ce plan vise à "stopper la perte des espèces pollinisateurs sauvages".
La France veut pousser l'Europe à étendre le moratoire sur les insecticides néonicotinoïdes neurotoxiques. Depuis 2013, seules trois molécules de ce type sont interdites au niveau européen : l'imidacloprine, la clothianidine et le thiaméthoxam. Le Gouvernement français compte s'appuyer sur le récent rapport de l'association Pollinis présenté le 13 avril à Bruxelles. Réalisée à la demande de la Commission européenne par l'association européenne des différentes académies des sciences nationales (Easac), l'étude est sans appel et souligne les "effets négatifs graves" de ces pesticides neurotoxiques sur des organismes non-ciblés, et pas uniquement les abeilles. La France espère convaincre ses homologues de la nécessité d'étendre le moratoire à au moins deux autres substances (l'acétamipride et le thiaclopride) et à l'ensemble des cultures. En effet, les trois néonicotinoïdes incriminés restent autorisés dans certaines cultures qui, de l'avis de la Commission, ne sont pas ou peu au contact des abeilles. Il s'agit par exemple des céréales d'hiver (blé et orge), des betteraves, des cultures sous serre ou encore des vergers.
La France veut également accélérer la procédure de réévaluation scientifique que doit entamer cette année l'Agence européenne de sécurité sanitaire (EFSA) lorsque la Commission européenne le lui demandera.
Le ministère de l'Ecologie prévoit de son côté de saisir l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) pour définir de nouvelles interdictions d'usage des néonicotinoïdes en France. Il a déjà saisi cette agence au sujet du glyphosate suite à la classification de ce pesticide en "cancérigène probable pour l'Homme" et a alerté la Commission européenne. "L'approbation européenne sera revue dans les mois à venir", précise-t-il.
Encourager la diffusion des bonnes pratiques
Le plan ministériel vise par ailleurs à appliquer sur 20% du territoire des pratiques favorables aux abeilles et aux pollinisateurs. L'Etat va par exemple généraliser sur les 12.000 kilomètres de réseau routier non concédé le fauchage tardif et les jachères fleuries sur les accotements. Une expérimentation de trois ans a démontré une augmentation de 30% de la diversité des insectes pollinisateurs dans les zones à fauchage tardif.
La ministre compte également sur les 200 territoires à énergie positive pour passer en mode "zéro phyto". Chaque commune engagée dans ce programme recevra par ailleurs une ruche.