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Les ONG pressent le gouvernement d'adopter un plan climat ambitieux

L'exécutif prépare actuellement un plan d'action pour le climat après l'annonce du retrait des Etats-Unis de l'Accord de Paris. Le Réseau Action Climat formule ses propositions pour que ce plan soit à la hauteur des enjeux.

Gouvernance  |    |  L. Radisson

"Pour être l'homme de sa planète, il faut être l'homme de son temps", avertit Pierre Cannet du WWF paraphrasant Chateaubriand. Cette invite à l'attention du chef de l'Etat est reprise par la vingtaine d'associations membres du Réseau Action Climat (RAC). Celles-ci présentaient ce 20 juin leurs propositions en vue de peser sur le plan d'action pour le climat sur lequel travaille actuellement l'exécutif après l'annonce de Donald Trump de retirer son pays de l'Accord de Paris. Un plan interministériel dont l'Elysée avait annoncé la validation avant la fin du mois.

"L'heure est venue de passer de l'expression d'une volonté à des mesures concrètes", prévient Morgane Créach, directrice du réseau, qui a remis en fin de semaine dernière à l'exécutif la proposition de feuille de route sur le climat (1) mise au point par les associations. Pour celles-ci, le plan gouvernemental doit prévoir "une réforme profonde des politiques publiques dans tous les secteurs émetteurs de gaz à effet de serre que sont l'énergie, le transport, l'habitat, l'agriculture et l'alimentation". S'y ajoutent une "évolution de la fiscalité" et la "bonne mise en œuvre de l'Accord de Paris".

Taxe européenne sur les transactions financières

Au plan international d'abord, il s'agit "d'envoyer un signal de solidarité vis à vis des pays en développement, premières victimes des changements climatiques", explique Armelle Le Comte chargée de plaidoyer Climat et énergie pour Oxfam France. Ce signal doit passer par une amplification du soutien financier et par la mise en place d'une taxe sur les transactions financières (TTF) à l'échelle européenne. Le compromis existant sur cette taxe doit être validé par le Conseil Ecofin du 11 juillet prochain si Emmanuel Macron veut tenir son engagement, indique la représentante de l'ONG. Il permettrait de dégager 20 à 22 milliards d'euros dont au moins 50% des recettes devraient être affectées à la solidarité internationale et à la lutte contre les changements climatiques, ajoute-t-elle.

Au niveau de l'UE, "les engagements européens pour 2030 doivent être rendus contraignants pour chacun des Etats membres et par ailleurs revus à la hausse", estiment les ONG. Elles proposent par conséquent de porter l'objectif de production d'énergie renouvelable (EnR) de 27 à 45% du mix énergétique et l'objectif d'efficacité énergétique des 30% proposés à 40%. Ces deux orientations permettraient à l'Europe d'être plus en phase avec l'Accord de Paris en vue de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C.

"Les émissions et absorptions de la forêt doivent être comptabilisées honnêtement afin de refléter avec exactitude l'état des puits de carbone français, une fois les prélèvements de produits ligneux et végétaux effectués", avertit également le RAC. "Aujourd'hui, les terres sont utilisées comme variable d'ajustement par la France", explique en effet Anne-Laure Sablé, chargée de plaidoyer Souveraineté alimentaire et climat au CCFD Terre solidaire. Les ONG demandent aussi d'écarter du cadre énergie climat de l'UE pour 2030 "les mauvaises solutions comme le recours aux agrocarburants, à l'énergie nucléaire et au captage et stockage du carbone".

Règle d'or climatique

Au plan national, les associations pointent deux grands secteurs "absents de la loi de transition énergétique" : les transports, d'une part, l'agriculture et l'alimentation, d'autre part, "pourtant les plus émetteurs de gaz à effet de serre". Concernant les premiers, elles préconisent la mise en place d'une règle d'or climatique permettant d'abandonner les projets "climaticides" comme l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou l'autoroute A45. "Il faut choisir, prévient Michel Dubromel, président de France Nature Environnement (FNE), soit on fait des autoroutes, soit on met en place un plan d'action pour les mobilités actives".

Pour ce qui concerne l'agriculture, "la France ne s'est pas donnée les moyens d'atteindre ses objectifs de baisse des émissions de gaz à effet de serre", alerte Cyrielle Denhartigh, responsable agriculture et alimentation pour le RAC. C'est la raison pour laquelle le réseau mise beaucoup sur les Etats généraux de l'agriculture et de l'alimentation, promesse du candidat Macron, dont une première séquence doit avoir lieu en juillet. "Il faut que ces états généraux engagent le gouvernement et débouchent sur une stratégie nationale pour l'alimentation et l'agriculture compatible avec l'objectif d'une division par deux des émissions de GES", estime la représentante du réseau.

Contrats de transition écologique dans le code du travail

Les autres propositions des ONG tournent autour de trois autres axes. C'est tout d'abord la rénovation énergétique des logements. "Il faut cibler la rénovation énergétique sur les passoires thermiques qui sont au nombre de 7,4 millions", prévient Benoît Hartmann, directeur général du Cler – Réseau pour la transition énergétique. Pour cela, les associations réclament un plan contenant un calendrier précis et des financements dédiés. "Au final, ce sont des économies à tous les étages", martèle le représentant du Cler.

Un deuxième axe passe par une évolution de la fiscalité via le projet de loi de finances (PLF) pour 2018. "Le projet de loi se prépare maintenant", alerte Michel Dubromel qui réclame de préciser la trajectoire de la contribution carbone, dont la loi prévoit une valeur de 56 euros en 2020. Devraient également figurer dans le PLF, selon les ONG, l'alignement de la fiscalité du gazole sur celle de l'essence, l'élargissement de la taxe française sur les transactions financières, ainsi qu'un réhaussement de la composante "déchets" de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) en faveur du recyclage.

Enfin, les ONG demandent l'accélération de la mise en œuvre de la loi de transition énergétique. "Va-t-on réinvestir des centaines de milliards dans le nucléaire ou nous tournons-nous vers les énergies renouvelables ? La question a été tranchée par la loi de transition énergétique", rappelle Cyrille Cormier, de Greenpeace France. Mais le responsable de la campagne Energie et climat de l'ONG fustige l'inaction du précédent gouvernement pour la mettre en œuvre.

"Nous attendons les détails sur la fin des hydrocarbures en France", indique Pierre Cannet du WWF, rappelant la promesse d'Emmanuel Macron de ne plus délivrer de nouveaux permis d'exploration d'hydrocarbures. Les associations réclament aussi une programmation claire de la fermeture de réacteurs nucléaires afin de respecter les objectifs de la loi, ainsi que la fermeture effective des quatre dernières centrales à charbon françaises. Afin d'accompagner la fermeture de ces installations, les associations préconisent la mise en place d'une gestion prévisionnelle territoriale des emplois et des compétences (GPTEC) et l'inscription de contrats de transition écologique dans le code du travail.

1. Télécharger la proposition de feuille de route du Réseau Action Climat
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-29234-feuille-route-climat-RAC.pdf

Réactions1 réaction à cet article

...et le mantra habituel : pour limiter le CO2, commençons par casser le nucléaire. Un article scientifique extrêmement argumenté vient de sortir (Clack et al., www.pnas.org/cgi/doi/10.1073/pnas.1610381114) qui démontre sans contestation possible que les scénarios à forte proportion de renouvelables ont tous été pipeautés et leurs coûts très largement sous-estimés. Quand on considère par ailleurs qu'on ne sait pas comment gérer un réseau de taille nationale ou européenne avec plus de 30% d'intermittentes, il apparaît clairement que cette posture est suicidaire. On ne pourra pas à la fois sortir du CO2 et du nucléaire à moins de baisser drastiquement notre consommation d'énergie. Par quoi commence-t-on, qui ne nuise pas, comme trop souvent, aux plus défavorisés ? Un seul exemple, les dizaines de milliards d'euros gaspillés en moulins à vent (plusieurs EPR, pas perdus pour tout le monde) auraient dus être consacrés à l'isolation des bâtiments.

dmg | 22 juin 2017 à 12h43 Signaler un contenu inapproprié

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