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Le Plan eau mise sur les économies et la mobilisation de nouvelles ressources

MAJ le 31/03/2023

Lors d'un déplacement au lac de Serre-Ponçon, Emmanuel Macron a présenté les grands axes du Plan eau. Parmi eux : le lancement d'un écowatt de l'eau, un objectif de 10 % de Reut d'ici à 2030, l'interconnexion des réseaux et la réduction des fuites.

Eau  |    |  D. Laperche
Le Plan eau mise sur les économies et la mobilisation de nouvelles ressources
Actu-Environnement le Mensuel N°435
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°435
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Le suspense est enfin levé : les six grands axes du très attendu Plan eau ont été dévoilés par Emmanuel Macron, lors de son déplacement à Savines-le-Lac, dans les Hautes-Alpes, jeudi 30 mars. Initialement attendues durant le Carrefour des gestions locales de l'eau en janvier dernier, les mesures de ce plan sont l'aboutissement de travaux engagés par Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, dans le cadre de la planification écologique. L'eau est le premier chantier lancé.

Le lieu de présentation par le Président ne doit rien au hasard. Le village se situe au bord du lac de Serre-Ponçon, retenue artificielle de 1,27 milliard de mètres cubes, au cœur d'enjeux énergétique (1) , touristique (2) , d'irrigation agricole (3) et de distribution d'eau potable (4) . Et la retenue et ses différents usagers ont été confrontés, notamment durant l'été 2022, aux effets du changement climatique, avec une baisse de 17 mètres de niveau du lac par rapport à la normale. « La situation de l'été dernier ne sera pas exceptionnelle par rapport à ce qui nous attend », a rappelé en ouverture de son discours Emmanuel Macron.

Préparer l'été 2023 et organiser la sobriété

Six axes pour 53 mesures

Organiser la sobriété des usages de l'eau
- Économiser l'eau (plan de sobriété, accompagnement de 50 sites industriels, réduire la consommation d'eau dans les bâtiments neufs, + 30 M€ supplémentaires par an aux pratiques agricoles économes, démarche État exemplaire, sensibilisation) ;
- Mieux planifier (plan d'adaptation dans chaque bassin versant avec une trajectoire de réduction des prélèvements, objectifs de réduction des prélèvements fixés dans les Sage et PTGE, arrêt des prélèvements non soutenables) ;
- Mieux mesurer (abaissement des seuils de déclaration des forages domestiques, expérimentation d'une obligation de compteurs avec télétransmissions des volumes)

Optimiser la disponibilité de la ressource
- Sécuriser l'approvisionnement en eau potable (aide pour réduire les fuites et à l'interconnexion) ;
- Valoriser les eaux non conventionnelles ;
- Améliorer le stockage dans les sols, les nappes, les ouvrages.

Préserver la qualité de l'eau
- Prévenir les pollutions (notamment des PGSSE pour tous les captages, démarche agroécologique, mesures de gestion du risque en cas de dépassement des exigences de qualité, 50 M€/an pour la mise aux normes des Step) ;
- Restaurer la fonction de filtre de la nature (70 projets de solutions fondées sur la nature lancées, 100 M€ fléchés dans le Fonds vert pour des projets de désimperméabilisation).

Disposer d'outils pour atteindre ces ambitions
- Améliorer la gouvernance de l'eau (notamment une extension des CLE et projet politique de territoire dans chaque bassin versant) ;
- Assurer une tarification de la gestion de la ressource (475 M€/an mobilisables en plus par les agences de l'eau, 35 M€/an supplémentaires pour l'Outre-mer, nouvelle génération d'aquaprêts, mission du Cese sur la tarification progressive, leviers pour la restauration du patrimoine naturel par les collectivités) ;
- Investir dans la recherche et innovation (étude prospective sur l'évolution de la demande en eau, empreinte eau dans l'affichage environnemental).

Mieux répondre aux crises de sécheresse
- Informer des situations de tension (écowatt de l'eau, révision du guide national des restrictions, développement d'outils pour gérer les crises) ;

Suivre les engagements
- Un compte-rendu au moins deux fois par an.

Certaines mesures du Plan eau visent ainsi le court terme, avec une amélioration de la gestion des crises liées à la sécheresse avant l'été. « D'ici début mai, nous allons mettre en place un écowatt de l'eau pour responsabiliser chacun, a indiqué le président de la République. Nous allons également demander dans chaque secteur un plan de sobriété sur l'eau : les ministres les réuniront dans les prochains jours. »

Dans le secteur de l'énergie nucléaire, un plan d'investissement va être lancé pour adapter les centrales au changement climatique et les amener à fonctionner en circuit fermé, là où ce sera pertinent. « La production d'électricité représente 51 % de nos prélèvements d'eau (5) et 12 % de nos consommations, avec le nucléaire et l'hydroélectricité », a pointé Emmanuel Macron. Concernant le secteur de l'hydroélectricité, de nouvelles règles vont être élaborées à l'échelle des territoires avec les acteurs pour adapter le rythme des barrages aux enjeux et au partage des usages. De la même manière, les ministres de la Transition écologique et de l'Industrie vont réunir les 50 sites qui présentent le plus grand potentiel d'économie d'eau pour réfléchir à un plan d'investissement en la matière. Une expérimentation dans dix territoires sera lancée en 2024 pour l'installation obligatoire de compteurs, avec télétransmission des volumes prélevés pour tous les prélèvements importants.

Pour finir, l'objectif est d'atteindre une réduction des volumes d'eau prélevés de 10 % d'ici à 2030. Un cap un peu moins ambitieux que celui tracé lors des Assises de l'eau qui, en 2019, fixait une réduction des prélèvements dans la ressource de 10 % en cinq ans et de 25 % en quinze ans.

Sécuriser l'eau potable et faciliter l'accès aux eaux non conventionnelles

Par ailleurs, en 2022, 700 communes ont connu des difficultés d'approvisionnement en eau potable, dont 340 ont dû être approvisionnées grâce à des camions citernes et 200 par des bouteilles d'eau minérale. Au total, 2 000 ont été identifiées comme particulièrement vulnérables car isolées ou avec des contraintes spécifiques. « Pour accompagner les territoires fragiles, nous mobiliserons 180 millions d'euros, ainsi que pour les 170 points noirs où les fuites du réseau sont importantes, avec un taux supérieur à 50 %, a annoncé Emmanuel Macron. Nous travaillerons avec les maires pour qu'un maximum de travaux soient réalisés avant l'été. » Ces chantiers seront accompagnés par les agences de l'eau.

Le plan compte également faciliter le montage de projets de réutilisation des eaux usées traitées (Reut) et mise sur le développement de 1 000 projets d'ici à 2027. Aujourd'hui, selon le Gouvernement, 62 réutilisations sont effectives et 80 projets en cours d'étude. « Notre ambition est de passer de 1 % de réutilisation des eaux non conventionnelles à 10 % d'ici à 2030, a assuré Emmanuel Macron. Nous souhaitons accélérer les procédures administratives et lever les verrousNous visons la réutilisation de 300 millions de mètres cubes. » Dans cet optique, un appel à manifestation des collectivités littorales sera lancé. Le Gouvernement compte notamment travailler sur des textes sur le plan interministériel concernant des usages domestiques - chasse d'eau - de la réutilisation des eaux usées dans les logements neufs. Un plan est également envisagé pour les logements réhabilités.

Pour aider au maintien de l'eau dans les sols, 50 millions d'euros par an supplémentaires pour la préservation des zones humides seront accordés en 2024 dans le cadre de paiements pour services écosystémiques (PSE). Dans la continuité des mesures lancées dans le cadre du Varenne agricole de l'eau, un fonds d'investissement hydraulique agricole sera abondé à hauteur de 30 millions d'euros par an pour remettre en service les retenues existantes et développer de nouveaux projets. « Les nouvelles retenues devront être inscrites dans des projets de territoires concertés, fondées sur des projections scientifiques, a noté le président. Elles devront permettre plusieurs usages, par exemple accueillir des panneaux solaires posés sur l'eau. » Par ailleurs, interpellé sur le projet de mégabassine à Sainte-Soline (6) , Emmanuel Macron indique qu'« il s'agit d'un projet dont nous avons besoin. »

Une gouvernance revue d'ici à 2027

Le plan prévoit que, d'ici à 2027, chaque sous-bassin versant soit doté d'une instance de dialogue (CLE) et d'un projet de territoire organisant le partage de la ressource.

Par ailleurs, le Conseil économique social et environnementale (Cese) sera saisi d'une mission sur la tarification progressive de l'eau. « Nous souhaitons que la tarification progressive et responsabilisante soit généralisée, a indiqué le président. Que les premiers mètres cubes d'eau dont nous avons besoin au quotidien soient facturés à un prix modeste et, au-delà, pour l'eau de confort, le prix augmentera. »

Par ailleurs, le président a profité de la présentation du Plan eau pour revenir sur l'épineuse question du transfert de compétences aux collectivités. « L'eau est une compétence décentralisée et c'est un choix judicieux, a noté Emmanuel Macron. Parfois, l'intercommunalité est le bon choix, parfois non. J'ai entendu les parlementaires et les élus. Le ministère va faire une carte des lieux où il y a des difficultés. Nous consoliderons l'intercommunalité où c'est possible et, pour les autres, nous trouverons d'autres solutions de mutualisation. »

Autre point non négligeable, pour accompagner financièrement les mesures de rénovation des réseaux, de sécurisation de la ressource et les projets de réutilisation des eaux usées, le plafond de recettes (plafond mordant) des agences de l'eau sera augmenté. Ce qui va se traduire par une hausse de 475 M€/an de recettes disponibles supplémentaires. Le plafond des dépenses - le total des aides que les agences peuvent accorder - sera supprimé pour le XIIe programme.

1. C'est le premier aménagement parmi les 16 barrages et 24 centrales qui composent la chaîne hydroélectrique Durance-Verdon. Celle-ci permet la productin de 35 % de la production d'électricité dans la région Sud (pour 2,1 millions d'habitants). Il en constitue le réservoir principal en alimentant le canal EDF de la Durance sur près de 250 km.2. Correspond à 40% de l'activité touristique estivale du département haut-alpin. 3. garantie jusqu' à 200 millions de m3 dont 156 millions de m3 entre le 1er juillet et le 31 août (soit 6 mètres de marnage) pour 80 000 m2 de terres irriguées. 4. Permet la distribution en eau potable pour 3 millions d'habitants 5. Consulter la synthèse des connaissances en 2022 de la consommation d'eau<br /><br />
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/leau-en-france-ressource-et-utilisation-synthese-des-connaissances-en-2022
6. Une manifestation contre les mégabassines a été organisée le 25 mars dernier
https://www.actu-environnement.com/dit-aujourdhui/1254.html

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