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Plan de sobriété : l'heure du bilan, avant l'acte 2

Les consommations d'énergie ont fortement baissé cet hiver. Mais comment faire pour que ces économies soient pérennisées, voire accentuées ? C'est le défi que devra relever le Gouvernement qui lance l'acte 2 de son plan de sobriété.

Energie  |    |  S. Fabrégat
Plan de sobriété : l'heure du bilan, avant l'acte 2
Actu-Environnement le Mensuel N°434
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°434
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Le 6 octobre 2022, le Gouvernement sonnait la mobilisation générale en présentant son plan de sobriété. Face à la crise énergétique et aux risques de coupures d'électricité, il s'agissait de demander aux entreprises, aux collectivités et aux particuliers un effort collectif pour réduire leurs consommations énergétiques de 10 % en deux ans. Résultat : sur l'automne et l'hiver, la consommation d'électricité a baissé de 8 % et celle de gaz de près de 13 %. De coupures ou de délestages il n'y a pas eu. Cocorico ?

« On a inéluctablement basculé un certain nombre de pratiques dans de nombreux secteurs, ce qui a porté ses fruits. En trois mois, on a quasiment baissé de 10 % les consommations dans le pays », souligne-t-on dans l'entourage de la ministre Agnès Pannier-Runacher.

« On a effectivement une baisse notable dans tous les secteurs pour l'électricité et le gaz, reconnaît Samuel Martin, de l'association Négawatt. Collectivement, on a réussi à passer l'hiver ; ça montre que des actions ont été mises en place dans tous les secteurs. ».

Un constat que partagent de nombreux acteurs, notamment RTE qui était aux avant-postes de la gestion de crise. Selon le gestionnaire du réseau d'électricité, il faut remonter à 2005 pour trouver des niveaux de consommation aussi bas. « Il est désormais solidement établi [que le mouvement baissier] concerne tous les secteurs d'activité et ne s'explique ni uniquement ni majoritairement par une baisse de l'activité économique », analyse RTE. Oui, mais… « Il demeure difficile de distinguer dans ce mouvement les parts respectives de sobriété choisie et de contrainte économique », admet le gestionnaire de réseau. Et donc ce qu'il restera de ces économies une fois la crise derrière nous… « Tout l'enjeu, c'est d'inscrire ces habitudes dans la durée, d'en faire des automatismes. Les mentalités changent. De nombreux ménages et entreprises ont réalisé que l'énergie était précieuse », analyse le cabinet de la ministre de la Transition énergétique à l'heure du bilan.

Trois grands leviers : industrie, chauffage et éclairage public

Une partie des réductions de consommations d'énergie a été irrémédiablement subie : industries mises à l'arrêt ou au ralenti, entreprises ayant fortement réduit leur demande en raison de factures qui explosent, particuliers se serrant la ceinture (et optant pour la couverture) face à l'inflation… « Si on regarde dans le détail, on voit que l'industrie a connu des baisses de consommation d'électricité et de gaz dès la fin de l'été. Il s'agit probablement d'une baisse des besoins ou d'un report des consommations, autrement dit de baisses contraintes », analyse le spécialiste de Négawatt.

“ Il demeure difficile de distinguer dans ce mouvement les parts respectives de sobriété choisie et de contrainte économique ” RTE

Dans le résidentiel et le tertiaire, ces baisses ont été enregistrées plus tardivement, au lancement de la période de chauffe. « Dans ces secteurs, on a donc agi prioritairement sur le chauffage. La baisse enregistrée correspond finalement à une baisse des températures de chauffage d'un degré. Ce qui signifie que l'effort principal a été mis là-dessus », poursuit Samuel Martin.

Le troisième levier activé collectivement serait l'extinction ou la réduction de l'éclairage public, qui a enregistré une « baisse historique » de 20 % durant les quinze premiers jours de décembre 2022, selon le gestionnaire du réseau de distribution Enedis. Une baisse équivalente à celle enregistrée ces dix dernières années par l'éclairage public et les panneaux lumineux. Ces opérations ont néanmoins été enregistrées en « cœur de nuit », entre minuit et 4 heures du matin, « pas les périodes les plus tendues », relativise Nicolas Garnier, délégué général de l'association Amorce. « Il ne s'agit pas là d'un effort sur les pics de consommations (8 heures - 13 heures et 18 heures - 21 heures), mais plutôt d'une réponse aux enjeux économiques », reconnaît Enedis. L'éclairage public représente en effet un poste important de consommation d'électricité pour les communes (41 %).

Sobriété subie ou choisie ?

« La première leçon que l'on peut tirer, c'est que la mobilisation a porté, en lien avec la tension financière, c'est donc une forme de sobriété subie », estime Samuel Martin. « Mais on voit également une baisse des consommations dans le résidentiel alors que les particuliers étaient protégés des hausses de factures par le bouclier tarifaire. On a donc un mix entre sobriété contrainte, qui a de fortes chances de ne pas se pérenniser, et sobriété choisie qui a des chances de perdurer », ajoute-t-il. Mais malgré le bouclier tarifaire, de nombreux Français se disaient inquiets dans leur capacité à régler leurs futures factures énergétiques, révèle un sondage OpinionWay-QualitENR, publié en février. « Pour réduire l'impact de la hausse des prix sur leur budget, la quasi-totalité́ des personnes interrogées ont mis en œuvre des mesures d'économies d'énergie », souligne-t-il.

En revanche, d'autres mesures pourraient être pérennisées. Les collectivités qui ont fait le choix de passer le cap de l'extinction de l'éclairage public ne devraient pas forcément revenir en arrière. « Ce qui était encore perçu comme un comportement de fous il y a dix ans, de gens courageux il y a deux ou trois ans, a été cet hiver adopté par de très nombreuses collectivités », s'amuse Nicolas Garnier.

Sur le chauffage, moins de certitudes sur la poursuite de l'effort. « Cela aura probablement permis à certains de voir que cette perte de confort était finalement acceptable. Ce peut être une spirale vertueuse : en mettant le pas dans la sobriété choisie, les actions peuvent être pérennisées ou accentuées », imagine le représentant de Négawatt. À l'instar du passage à l'eau froide pour le lavage des mains dans les bâtiments tertiaires, par exemple.

Ce dernier regrette cependant que « l'effort se soit concentré sur un nombre minimum de leviers alors qu'un gisement énorme est encore mobilisable. Les différents acteurs se sont concentrés sur les mesures qui ont le plus grand gisement d'économies unitaire, mais aussi qui sont les plus sensibles en termes d'acceptabilité et de résistances ». Négawatt avait listé une cinquantaine de mesures « indolores » à mettre en place dans les deux ans par les particuliers, les collectivités et les entreprises : limiteurs de débit d'eau, arrêt de la ventilation dans les bâtiments lors des périodes d'inoccupation…

Acte 2 : transformer l'essai

Pour Samuel Martin, le plan de sobriété a néanmoins manqué d'un accompagnement de la part du Gouvernement et de pédagogie : « Il faut engager une dynamique, le moment est propice. En lançant une grande campagne de communication et en orchestrant l'action sur le terrain. Il faut inscrire la sobriété de manière structurelle et travailler à long terme. »

Le Gouvernement prépare actuellement la phase 2 du plan de sobriété, en réunissant les acteurs mobilisés pour élaborer le premier plan. « Il ne faut pas perdre de vue l'objectif fixé à l'horizon 2050 : une baisse des consommations de 40 %. On ne gagnera pas la bataille climatique sans consommer moins d'énergie. L'idée est de ne pas s'arrêter à la fin de l'hiver, mais de construire une feuille de route partagée à long terme. La baisse de 10 % était la première marche, il faut désormais s'inscrire dans des changements structurels », indique le cabinet de la ministre de la Transition énergétique.

La démarche reste la même : faire émerger les solutions du terrain et secteur par secteur. « La méthode souhaitée par le Gouvernement est très bottom up (1) . L'idée est d'avoir un retour d'expérience de l'ensemble des acteurs et de regarder comment on peut aller plus loin. Chaque secteur a ses singularités. Plus les engagements seront pluriels, plus ils seront efficaces, car au plus près de ceux qui les ont pris », explique le cabinet.

Cet hiver aura été un révélateur des besoins des acteurs, explique Nicolas Garnier : manque d'équipements adaptés, comme des thermostats pour piloter la température des bâtiments, manque de moyens humains et de personnes formées à la maîtrise de l'énergie… « Tout n'est pas atteignable avec la sobriété, la chasse au gaspi, reconnaît le ministère. Il faut également mettre en place des mesures d'efficacité énergétique. »

1. ascendante

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