Lancé en 2018 par le gouvernement, le plan national pour développer le vélo et les mobilités actives souffle ses trois bougies, ce mardi 14 septembre. « Ce quinquennat aurait été celui de la naissance d'une nation du vélo », a déclaré Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, lors d'une conférence de presse, tout en concédant qu'il « reste du chemin à parcourir ». L'objectif de ce plan est en effet de tripler l'usage du vélo d'ici à 2024, en passant sa part modale de 3 % actuellement à 9 %.
850 millions d'euros alloués au vélo
En mobilisant des aides financières débloquées par l'État, « la culture » du vélo « s'est largement diffusée en France » et les « chiffres parlent d'eux-mêmes », a souligné Mme Pompili. Ainsi, les déplacements à vélo ont augmenté de près de 30 % sur l'ensemble du territoire depuis 2019 dans les villes et le péri-urbain, et de 15 % en milieu rural. En trois ans, le linéaire de pistes cyclables et de voies vertes a aussi progressé de 30 %, a ajouté la ministre. Ce sont 13 000 km de pistes qui ont « émergé en plus depuis fin 2017 », a précisé de son côté le ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari. Soit aujourd'hui 53 000 km d'infrastructures cyclables déployées. Barbara Pompili a mis en avant le niveau d'investissements « inédit » du gouvernement en faveur de la petite reine. En trois ans, 600 millions d'euros ont ainsi été mobilisés. « Et avec le fonds "Mobilités actives", le plan de relance et les certificats d'économies d'énergie (CEE), près de 250 millions supplémentaires seront engagés fin 2021 et courant 2022 » a indiqué la ministre. D'ici la fin du quinquennat, le gouvernement aura donc investi 850 millions d'euros.
Pour rappel, créé dans le cadre du Plan vélo et doté de 350 millions d'euros, le fonds national « mobilités actives » a pour objectif de soutenir, accélérer et amplifier les projets de création d'itinéraires cyclables au sein des collectivités. Ce fonds a déjà accompagné 533 projets. « Nous allons amplifier encore notre action avec le lancement d'un quatrième appel à projets, qui sera doté de 50 millions d'euros », a annoncé M. Djebbari. Cette enveloppe s'ajoute aux 150 millions du Plan de relance destinés à « financer les infrastructures cyclables et la sécurisation des stationnements de vélos, notamment aux abords des gares ».
Les confinements ont dopé l'usage du vélo
Les CEE en soutien
Les certificats d'économies d'énergie (CEE), financés par les fournisseurs d'énergie, sont aussi mobilisés pour soutenir la pratique du vélo et développer la cyclo-logistique. « On veut continuer à orienter les programmes CEE vers le vélo car ils permettent d'enclencher des dynamiques », a déclaré Barbara Pompili. Lancé en mai 2020, le « coup de pouce vélo » a ainsi permis la réparation de plus de 2 millions de bicyclettes. De même, 15 000 places de stationnement ont été créées et plus de 6 000 cyclistes formés à travers tout le pays, a -t-elle précisé. Elle a également rappelé le programme CEE « Objectif employeurs pro-vélo » destiné aux entreprises afin de favoriser l'usage du vélo pour les trajets domicile-travail. Celui-ci a été créé par la Fédération des usagers de la bicyclette (Fub) avec le soutien de l'Agence de la transition écologique (Ademe).
Barbara Pompili a en outre annoncé la sélection de 254 territoires, dans le cadre du programme CEE « Avélo 2 » porté par l'Ademe et doté de 25 millions d'euros. Un appel à candidatures avait été lancé, en mars 2021, pour accompagner les territoires à définir et animer leur politique cyclable. Ces projets « permettent de cibler les besoins, pour diffuser la pratique du vélo avec des infrastructures sécurisées au sein des petites collectivités, en dehors des grosses agglomérations », a expliqué la ministre. Dès ce mois de septembre, l'Ademe accompagnera les territoires lauréats situés en métropole et en Outre-mer. De même, les programmes financés par les CEE « Alvéole+ » et « ColisActiv' », portés par la Fub, seront étendus et poursuivis.
Par ailleurs, la loi Climat, promulguée fin août dernier, a élargi la prime à la conversion (jusqu'à 1 500 euros) aux vélos à assistance électrique et renforcé le bonus (jusqu'à 1 000 euros) pour les vélos-cargos. Ainsi, toutes ces aides « accompagnent une dynamique et les ventes de vélos à assistance électrique (VAE) ont été multipliées par quatre depuis 2016. La demande est bien là », a souligné Barbara Pompili.
Bilan de l'application du forfait mobilités durables
La ministre prévoit également de réaliser un bilan de la mise en place du forfait mobilités durables par les entreprises privées et le secteur public. « On a déjà une avancée importante par rapport à l'indemnité kilométrique vélo qui existait auparavant puisque les employeurs s'en saisissent. Désormais, toute la fonction publique a le droit [à ce forfait]. Je crois beaucoup en cet outil et il faut qu'on y aille "step by step" (pas à pas, ndlr). On dressera un bilan, puis on verra les évolutions susceptibles d'être mises en place », a précisé Mme Pompili. De son côté, le député Matthieu Orphelin demande sa généralisation. Ce bilan « devait être terminé en juin 2021 afin de le rendre obligatoire par ordonnance avant fin 2021, comme prévu par la loi d'orientation des mobilités (LOM) (de décembre 2019) », a critiqué le député sur Twitter.
Pour rappel, ce forfait permet aux employeurs du secteur privé de prendre en charge jusqu'à 500 euros par an et par salarié les frais de déplacement sur le trajet domicile-travail effectué à vélo ou en covoiturage. Il est également mis en place dans la fonction publique à hauteur de 200 euros par an et par agent. À ce jour, 30 % des entreprises sondées déclareraient avoir mis en place ce forfait, selon le ministère de la Transition écologique.